Transport de cocaïne : des agents de la BAC 10 de Sonfonia et Cie jugés à Conakry

Le procès des agents de la Brigade anti criminalité (BAC) 10 de Sonfonia, d Mamady  Kaba, ancien employé au Ministère des Sports, et de leurs présumés complices, s’est poursuivi au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la mairie de Ratoma. Ils sont poursuivis pour importation, transport international de drogue à haut risque des tableaux 1 et 2, recel et complicité. A la barre, les accusés qui ont comparu ont nié les faits mis à leur charge, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Détenus depuis 2021, les accusés dans cette affaire sont au nombre de 13, dont un en fuite. Il s’agit de Jovica ZIVKOVIC, Mamady KABA, Issa KABA, Ibrahima Sory CAMARA, Cheikh Mohamed KAMISSOKO, Ousmane BANGOURA, Sékou Bakary KEÏTA, Amadou SANÉ, Mamadou Bella BARRY, Bangaly CAMARA, Namory KEÏTA, Idrissa CAMARA et Moussa John KANDÉ.

Ils sont jugés pour importation, transport international de drogue à haut risque des tableaux 1 et 2, recel et complicité, notamment de la cocaïne.

Pour l’audience de ce jeudi, 5 accusés ont été entendus durant cette phase des questions. Les 5 ont tous nié avoir un quelconque rapport avec les 19 sacs retrouvés dans la maison de Mamady KABA, ancien employé de l’Etat.

Bangaly CAMARA, un des accusés, explique : « Je suis policier de profession. Ce jour-là, j’étais de garde. Vers le soir, on nous a informés qu’il y a une mission. Ils nous on dit de monter dans le pick-up et nous sommes partis vers Nongo. Arrivé à destination, le commandant et cheïkh Mohamed étaient devant. Nous sommes tous entrés dans la cour. Une fois dans la cour, nous nous sommes dirigés vers la grande maison. On a trouvé que le salon était ouvert et à l’intérieur, se trouvaient deux blancs. Et le Commandant a commencé à parler avec eux. Mais, il avait du mal à communiquer avec eux, car ils ne parlaient pas français, mais anglais. A l’intérieur de la maison Cheikh a indiqué une porte qui était  fermée.  Et comme  on ne parvenait pas à trouver la clé, le Commandant nous a demandé de défoncer la porte. Une fois fait, il y avait des sacs à l’intérieur. Le commandant a ordonné à ce que personne ne les touche et qu’il allait appeler nos chefs hiérarchiques. Après, il nous a ordonnés d’embarquer les sacs. Accompagnés de l’un des blancs, nous sommes partis à Sonfonia. Arrivé à la base, il nous a aussi ordonné de mettre les colis derrière le bureau du chef de poste. Entre-temps, le coordinateur général des BAC et son adjoint sont arrivés, ils sont restés un peu dans le bureau du commandant. A leur sortie du bureau, le coordinateur général nous a demandé d’embarqué 10 sacs dans sa pick-up et 6 autres dans celle de son adjoint. Les 3 sacs restants ont été laissés dans le bureau du commandant. Mais moi, j’ignore de quoi ils ont parlé dans le bureau du commandant. C’est tout ce que je sais », a-t-il expliqué.

A son tour, Moussa John Kandé, également agent de la BAC 10 de Sonfonia, relate la même histoire en appuyant la déclaration de son collègue. « Nous n’avons fait qu’exécuter les ordres de nos chefs. Dans notre domaine, quand, le chef ordonne, les subordonnés exécutent », s’est-il défendu

Qualifiant cette mission de non ordinaire, le ministère public affirme avoir du mal à comprendre comment les agents pouvaient ignorer que c’était une mission d’une telle ampleur. « Vous ne pouvez pas nous dire devant ce tribunal que vous ne saviez pas que cette mission concernait de la cocaïne. Ce n’est pas une mission ordinaire. C’est que vous faites là est une preuve de mauvaise foi »,  fustige-t-il.

Pour sa part, Ousmane BANGOURA, poursuivis  pour complicité, nie également savoir que monsieur Mamady KABA qui était son tuteur trempait dans des affaires louches, comme le trafic de drogue. « Monsieur Mamady Kaba est mon tuteur. C’est lui qui a payé ma scolarité du collège jusqu’à l’université. Je n’ai jamais su qu’il trempait dans le trafic de drogue », affirme-t-il.

Cheïck Mohamed Kamissoko a  joué le rôle de l’indic dans cette affaire. Cependant, tout comme les autres, il est aussi jugé pour complicité dans cette affaire.  « Mon seul boulot était de nettoyer le bateau. Monsieur Issa m’a dit si je dois rester pour le boulot il faut que je garde mes distances avec le blanc. Un jour, je me promenais à côté de la villa c’est là où j’ai vu un blanc entrain de transporter des sacs. Entre temps, monsieur Kaba m’a beaucoup appelé. La succession des appels m’a fait douter, je me suis demandé est-ce que les appels répétitifs n’avaient pas un lien avec le transport de ces sacs. Par après, je me suis dirigé vers la maison, j’ai trouvé que le salon était ouvert. A l’intérieur, j’ai trouvé un sac. J’ai ouvert le sac et j’ai trouvé des cadenas, deux passeports et de l’argent. Quand  je suis sorti de la maison, j’ai eu quelques disputes houleuses avec des jeunes. Par la suite, un jeune stagiaire de la BAC 10 a été interpellé  et il nous a tous  amené à leur base à Sonfonia. C’est ainsi que je me suis retrouvé dans le bureau du commandant. Je lui ai expliqué ce qui s’est passé. Mais il m’a retiré l’argent que j’avais pris dans le sac et m’a malmené, me disant qu’il ne portait aucune confiance en mes dires. C’est par après qu’il m’a sommé de le conduire, lui et ses agents, là où j’ai pris le sac. C’est ainsi que j’ai indiqué la villa », explique-t-il.

Par ailleurs, l’avocat de l’accusé Ousmane BANGOURA, convaincu de l’innocence de son client va demander au tribunal sa libération immédiate. Afin que ce dernier puisse entamer ses études en Master qu’il avait engagé.

En outre, lors de la phase des confrontations, il y a eu des contradictions au niveau d’une enveloppe contenant une somme d’argent estimée à quarante mille dollars (40 000$). Pendant que monsieur Issa KABA affirme l’avoir remise au commandant Amadou SANÉ et que celui-ci a soustrait une somme de dix mille dollars ( 10 000$ ), ce dernier lui dit, n’avoir reçu que trente mille dollars ( 30 000$ ), qu’il a à son tour remis au coordinateur général adjoint, le colonel Sékou Bakary KEÏTA. Au même moment, ce dernier a nié en bloc avoir reçu une l’enveloppe.

Parlant de la répartition des 19 colis de cocaïne saisis sur les lieux à Nongo, le Coordinateur général de la BAC, en l’occurrence Idrissa CAMARA, soutient mordicus que des 19 sacs seulement 6 ont été embarqué dans sa pick-up, pendant que les autres accusés affirment que c’est 10 sacs qui ont été embarqués dans son véhicule.

‘’La liberté c’est le principe et la détention, c’est l’exception’’ commente l’un des avocats de la défense. Par cette assertion, il a tenté de convaincre le tribunal d’accorder une liberté provisoire son client. Mais, qualifiant de fantaisiste la demande de libération des détenus formulée par les avocats, le ministère public a demandé au tribunal de rejeter cette requête.

A la fin, le tribunal a rejeté les demandes de liberté provisoire des détenus avant de renvoyer l’affaire  à la date du 30 mai 2024 pour les plaidoiries et réquisitions.

                                    Mariama Barry pour Guineematin.com 

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