Conakry : Amadou Lirouane et Thierno Boubacar condamnés à perpétuité pour meurtre et guet-apens

Poursuivi pour meurtre avec préméditation et guet-apens, Amadou Lirouane Diallo a comparu récemment devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la mairie de Ratoma. Interrogé à la barre, l’accusé a catégoriquement nié les faits qui lui sont reprochés. Dans sa déclaration, le jeune de 22 ans a accusé le fils de son frère, nommé Thierno Boubacar Diallo, d’être le responsable du l’assassinat d’un certain Alhassane Diallo. Il a écopé de la réclusion criminelle à perpétuité, tout comme son coaccusé, Thierno Boubacar Diallo, en fuite, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Amadou Lirouane Diallo, né à Pita, maître coranique de profession, est jugé pour meurtre avec préméditation et guet-apens. Il est reproché, avec la complicité de son neveu Thierno Boubacar Diallo, d’avoir planifié et tué Alhassane Diallo, avec qui il a appris le coran.

A la barre, il a nié les faits mis à sa charge. Des faits qu’il aurait avoués devant le juge d’instruction. « Mon boulot, c’est de faire apprendre le coran aux enfants. Alhassane, nous avons étudié ensemble dans les mains de mon père. C’est après le décès de mon père que j’ai commencé à enseigner le coran. Je ne connais rien dans cette affaire. Si j’avais quelque chose à me reprocher, j’allais faire comme l’autre (Thierno Boubacar, ndlr). Je crois que c’est lui qui est coupable, il a pris la fuite. Les aveux que vous venez de lire-là ne sont pas les miens. Le juge d’instruction m’a juste demandé de décliner mon identité. Après, le reste, c’est lui qui a passé 1 heure de temps à remplir presque 5 papiers pour me demander par après de signer. Je crois que ce n’est pas comme ça que cela devrait se passer. Moi, je n’ai rien fait. Le meurtre, c’est le fils de mon frère qui l’a commis, pas moi. La preuve en est que quand ils m’ont contacté, c’est moi même qui leur ai donné ma position parce que je n’avais rien à me reprocher. Mais, ils sont venus me brutaliser avant de m’embarquer. Et ils m’ont dit que si je n’avouais pas les faits, qu’ils allaient me tuer. J’ai répondu alors que je préfère être mort au lieu de reconnaître quelque chose que je n’ai pas fait. C’est vrai que j’ai signé des papiers, mais on m’a contraint de signer. On m’a frappé et torturé pour que je le fasse et c’était bastonnade sur bastonnade jusqu’au moment où j’ai signé. Comme je l’ai dit, Alhassane, on a appris le coran ensemble, chez mon père, depuis notre enfance. Si je ne l’ai pas tué pendant tout ce temps, ce n’est pas maintenant que j’allais le tuer », déclare-t-il.

Par ailleurs, l’accusé a également affirmé qu’il ne s’est jamais vu avec son neveu Thierno Boubacar Diallo avec qui il est accusé de complicité dans cette affaire de meurtre lorsqu’il est rentré de la Côte d’Ivoire.

A son tour à la barre, la partie civile, représentée par Amadou Barry, ami du défunt qui était également son co-gérant à la boutique, a affirmé que l’accusé était bien présent à Conakry, lors de l’assassinat. « Avant son décès il m’avait parlé de Lirouane qui vient de la Côte d’Ivoire. Quand Lirouane est venu, il a appelé Alhassane avec qui j’étais dans la boutique. Mais, Alhassane ne voulait pas qu’il entre dans la boutique. Donc, il est allé le retrouver. A son retour, il m’a informé que Lirouane nous a proposé d’augmenter l’abondance de nos clients.  J’ai répondu, mais comment ? Il m’a informé que Lirouane a dit qu’il allait nous lire le coran. Entretemps, Lirouane et sa maman, qui était également la complice de son fils, ont réussi à convaincre Alhassane de ne pas m’en informer. Le jour du meurtre, sa femme m’a appelé vers les 21 heures pour me demander après son mari. Je lui ai dit qu’on venait de se séparer et qu’il allait bientôt rentrer. Elle m’a rappelé pour dire que son mari n’est toujours pas rentré, que s’il y a un problème, de ne rien lui cacher. Entretemps, quelqu’un m’a appelé pour m’informer que la boutique n’est pas fermée. Quand je suis venu, j’ai constaté qu’effectivement la porte était ouverte. Je suis directement parti vers la gendarmerie pour les informer. Ensemble, nous sommes venus trouver que Alhassane était mort, mais pas d’une mort naturelle. Immédiatement, les agents ont dit que j’étais le premier suspect et ils m’ont conduit à la gendarmerie. C’est là que je me suis rappelé que Alhassane m’avait parlé de Lirouane. J’ai alors expliqué cela aux agents. C’est ainsi que lui aussi a été interpellé. Il a été auditionné durant toute la nuit, mais il n’a voulu rien dire. Après que les agents soient sortis de la salle, il m’a dit que c’est Whisky qui a tué mon ami. Je lui ai demandé qui était Whisky, parce que je ne savais pas de qui il s’agissait. Ainsi, après ses aveux, j’ai fait appel aux agents pour les informer qu’il avait donné le nom du coupable du meurtre de mon ami », a-t-il expliqué.

Prenant la parole pour ses plaidoiries, l’avocat de la partie civile, a affirmé que les agissements de l’accusé ont été motivés par pure cupidité. « Cette affaire est simple, mais à la fois très grave, parce qu’elle tourne autour d’une cupidité. Lirouane a agi par jalousie lorsqu’il a constaté que son ami avec qui il a appris l’école coranique a réussi et pas lui… »

Par ailleurs, l’avocat a demandé à ce que les sommes d’argent soustraits lors de l’assassinat de Alhassane soit restitués ainsi que les 3 téléphones de marque Samsung.

A son tour, le représentant du ministère public dira que Thierno Boubacar Diallo, en fuite, et son oncle Amadou Lirouane Diallo, ont tué Alhassane Diallo pour prendre son argent. Dans ses arguments, le procureur a fait remarquer que l’accusé ne ressent aucun remord. « Monsieur le président, l’accusé Amadou Lirouane Diallo est un accusé de mauvaise foi et il ne montre aucun signe de remord ». Par conséquent, le procureur va demander au tribunal de condamner Amadou Lirouane Diallo à une peine de réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 20 ans. Pour Thierno Boubacar Diallo, en fuite, le procureur va requérir une peine à perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans.

Prenant la parole, l’avocat de la défense a déclaré qu’aucune preuve irréfutable n’a été présentée. Dans ses plaidoiries, il a demandé au tribunal de renvoyer Amadou Lirouane Diallo des fins de la poursuite pour délit non imputable à son encontre.

Dans sa décision, rendue sur siège, le tribunal a déclaré Amadou Lirouane Diallo et son neveu, Thierno Boubacar Diallo, coupable d’assassinat. Les deux compagnons d’infortune sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans.

Les deux condamnés devront également procéder au paiement des sommes et des téléphones qu’ils ont soustrait dans la boutique après avoir commis le crime. Il s’agit de 9 mille 550 dollars ; 86 millions 730 mille 612 francs guinéens et 100 mille francs CFA, plus les 3 téléphones de marque Samsung.

Mariama Barry pour Guineematin.com

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