Délestages électriques à Conakry : la « recette » d’un spécialiste pour régler le problème

Moussa Koulibaly, consultant et spécialiste en électricité

Les débats font rage en Guinée en ce qui concerne l’incapacité des autorités à fournir l’énergie électrique aux ménages. Si la déception est de mise, des spécialistes de la question pointent plusieurs raisons qui sont à la base des délestages et proposent des solutions pour sortir de l’ornière. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com ce vendredi 5 juillet 2024, Moussa Koulibaly, écrivain, consultant et spécialiste en Électricité, a apporté des détails sur cette problématique, devenue un casse-tête chinois.

Les quartiers de Conakry et de certaines régions de l’intérieur sont plongés dans le noir depuis l’incendie du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum. Le pays connaît un manque criard d’électricité, devenue une denrée rare.

Moussa Koulibaly déplore cette situation et donne les raisons de ce problème. « Disons qu’il est regrettable de constater ces derniers temps, depuis le mois de décembre 2023, la réduction ou la dégradation de l’électricité. Une réduction des heures du courant électrique est constatée. En tant que spécialiste et aussi consommateur d’électricité, je m’en vais vous dire d’abord que c’est pénible. Une situation difficile dans un monde assez technologique où l’électricité occupe une place importante. Dans notre pays, nous avons deux moyens essentiels de production de l’électricité : les sources hydroélectriques, qui représentent la majeure partie de la production de l’électricité, c’est-à-dire les barrages. Le deuxième moyen, ce sont les sources thermiques, c’est-à-dire les centrales thermiques, les moteurs thermiques. Et ces deux sources doivent alimenter beaucoup de choses, mais nous ne produisons pas suffisamment d’électricité pour satisfaire les consommateurs. La cause de ce problème, c’est la baisse d’eau dans les barrages. Et ce problème aurait pu être prévu. Si on avait analysé les différents paramètres du fonctionnement de notre système électrique, on aurait pu prévoir ça. La gouvernance, c’est prévoir. Dans les pays développés, s’il y a la stabilité de l’électricité, c’est parce qu’il y a eu prévention. Donc, de ce côté, nous pouvons dire que la négligence de l’État est là. Il y’a des calculs qu’il faut faire à chaque fois », soutient monsieur Koulibaly.

En outre, il y a une politique de riposte qui peut bien marcher, estime notre interlocuteur qui encourage en même temps l’énergie solaire. « Il faut tirer des leçons de tout cela. La réplique, la riposte, la politique d’approvisionnement en électricité du pays à court terme serait de faire un appel d’offres international de fourniture d’urgence au minimum de 300 mégawatts. On a besoin d’injecter aujourd’hui de la puissance produite à partir d’une source de production pour réduire le déficit. L’appel d’offres international a été utilisé par le passé avec une centrale électrique flottante en 2019. C’est une solution à court terme et rapide. Il faut entamer des négociations. On a commencé à importer 120 mégawatts du Sénégal, mais c’est une importante à puissance variable. Parfois, on a 30 mégawatts, 60 mégawatts, ce n’est pas constant. C’est une problématique à résoudre par une puissance supplémentaire du Sénégal, des autres pays voisins aussi comme la Côte d’Ivoire et autres. Il ne faut pas se limiter qu’au Sénégal. Il faut construire sur place des centrales thermiques de 300 mégawatts. Il faut aussi une production solaire. Le développement solaire peut être efficace avec notre ensoleillement énorme », a déclaré l’auteur du livre « Au cœur de la bataille énergétique de la République de Guinée ».

Par ailleurs, Moussa Koulibaly soutient que le Guinée ne mérite pas son sort et que notre pays peut bien fournir de l’électricité à nos voisins. « La Guinée ne mérite pas cette crise énergétique. Ce sont des choses qui ne doivent pas arriver ici en Guinée. On a 75% de potentiel hydroélectrique non exploité. S’il y avait plus d’applications, on serait capable d’exporter de l’électricité vers les pays de la sous-région. La Guinée peut être aussi exportatrice d’électricité », a dit ce spécialiste.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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