Cellou Dalein, nouveau Dalaï-lama ; Sidya Touré, simple SDF : Siaka Barry en colère contre le CNRD

Siaka Barry, président du Mouvement populaire démocratique de Guinée (MPDG), n’est pas d’accord avec le sort réservé à plusieurs hauts dignitaires du régime Alpha Condé et aux principaux opposants de ce régime par les autorités de la transition. L’ancien ministre estime que garder Ibrahima Kassory Fofana, Amadou Damaro Camara et Cie en prison, et envoyer Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré en exil, sont des situations préjudiciables au maintien de la paix et de la stabilité en Guinée.

C’est pourquoi, il a interpellé le Premier ministre guinéen sur ces questions, à l’occasion de la rencontre entre Mohamed Béavogui et les Forces vives de la nation, ce lundi 27 juin 2022, à Conakry. Pour la réussite de la transition en cours, ce leader politique demande aux autorités de créer d’abord un climat de confiance entre les différents acteurs concernés.

 « Pour bâtir la paix, il faut la bienfaisance. Pour bâtir la paix, il faut de la confiance. Pour bâtir la paix, il faut la justice. Posons-nous la question de façon très sincère : nous qui sommes dans cette salle, nous acteurs politiques, existe-t-il aujourd’hui la bienfaisance entre nous dans ce pays ? Je répondrais non. La solidarité a disparu. Existe-t-il la confiance entre nous dans cette salle ? Je dirais non. Ne faisons pas la politique de l’autruche. Il n’y a pas de confiance. Entre les acteurs politiques, nous nous regardons en chien de faïence. Entre nous et le CNRD, nous nous regardons en chien de faïence. Entre le gouvernement et nous, nous sommes à couteaux tirés. Il n’y a plus de confiance.

Existe-t-il la justice ? Nous avons une justice aujourd’hui chancelante. Nous avons une justice qui avait commencé par nous rassurer par la création de la célèbre CRIEF. Oui, les acteurs politiques ou administratifs qui ont eu un jour à gérer les deniers publics doivent se soumettre à la reddition des comptes. Mais le schéma aujourd’hui qui sous-tend la démarche de la CRIEF commence à devenir de plus en plus inquiétant. Or, monsieur le premier ministre, il a été dit deux choses ici par l’orateur d’abord, et par vous. Lorsque l’orateur a dit que nous voulons avancer ensemble pour écrire l’histoire, vous avez enchaîné en disant que notre objectif, c’est de bâtir une Guinée paisible. Dans le mot paisible, vous avez le mot paix.

Comment allons-nous bâtir une Guinée de paix si les principaux acteurs politiques aujourd’hui sont inquiétés sur une base politique ? Ce n’est pas possible. Allons dans une démarche inclusive. Jamais au cours de l’histoire de la Guinée, nous n’avons enregistré autant de méfiance et de suspicion entre les acteurs politiques, jamais. Aujourd’hui, un ancien premier ministre croupit dans les cachots du désespoir. Aujourd’hui, un ancien président de l’Assemblée nationale croupit dans les cachots du désespoir. Aujourd’hui, on a créé une tunique à la Dalaï-lama qu’on est en train de confier à Cellou Dalein Diallo qui est en train de se promener à travers le monde. Aujourd’hui, on a réduit Sidya Touré au rôle d’un simple SDF.

Monsieur le premier ministre, je ne suis pas contre la justice, mais mettez-vous en œuvre pour que cette justice soit enfin diligente. Que ceux qui sont arrêtés, au lieu de dénier à ceux-là le statut de prisonnier politique, qu’on les situe sur leur sort. C’est ce qui pourra profiter à la paix et à la sérénité. On a toujours dit que Ibrahima Kassory Fofana n’est pas un prisonnier politique. Je vous dirais que s’il n’est pas un prisonnier politique, personne ne peut dénier qu’il est un politique en prison. Amadou Damaro Camara n’est pas un prisonnier politique, mais c’est un politique en prison. Cellou Dalein Diallo n’est pas un exilé politique, mais c’est un politique en exil. Monsieur le premier ministre, impliquez-vous pour que la paix revienne.

Quant aux questions liées au retour à l’ordre constitutionnel, ces questions sont d’ordre technique. Il vous appartient à vous et à M. le ministre de l’administration du territoire de statuer là-dessus. Le contenu du chronogramme, le contenu du fichier, la question sur l’OGE qui n’est pas encore tranchée et que sais-je encore ? Ces questions d’ordre technique, aujourd’hui, ne doivent pas voiler ces premières questions d’ordre vital de notre nation. Parce que, in fine, l’objectif de cette transition n’est pas simplement un retour à l’ordre institutionnel. L’objectif est de parvenir à des institutions viables, des institutions stables qui peuvent bâtir le développement de demain.

Or, dans ce pays, on parle très peu de développement. Pour finir, monsieur le premier ministre, j’aimerais que vous transmettiez très fidèlement et très sincèrement à son Excellence le colonel Mamadi Doumbouya, pour qui je souhaite la pleine réussite dans sa mission, qu’il accepte que cette phase transitoire soit une phase de révolution pour la Guinée. Mais qu’il cesse de faire croire que le 5 septembre a donné simplement naissance à une révolution de palais », a dit Siaka Barry, ancien ministre de la culture, des sports et du patrimoine historique, et président du parti MPDG.

Mohamed Doré, Amadou Baïlo Batouala Diallo, Fatoumata Diouldé Diallo, Aissatou Sadio Bah et Mamadou Baïlo Kéita suivent la rencontre à l’hôtel Kaloum pour Guineematin.com

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