Youssouf Kiridi Bangoura : « le premier des moyens dont la Guinée dispose est la ressource humaine »

Naby Youssouf Kiridi Bangoura Ministre d'Etat, Ministre Sécrétaire Général de la Présidence de la RépubliqueNaby Youssouf Kiridi Bangoura est désormais commandeur de la légion d’honneur de la République française, un titre qui lui a été attribué par le président Français, François Hollande lors de sa visite en Guinée le 28 novembre 2014. L’ancien négociateur en chef de la mouvance présidentielle, en 2013 et Ministre d’Etat, secrétaire général à la Présidence de la République de Guinée, nous a révélé ses rêves pour la jeune démocratie guinéenne. L’homme humble du gouvernement guinéen rêve de voir une Guinée unie avec une jeunesse éveillée et compétente avant de parler de sa brillante carrière.

Guineematin.com : Quelle est votre vision de la Guinée de demain ?

Kiridi Bangoura : Je vois la Guinée de demain dans un contexte Africain encore plus uni qu’aujourd’hui. Dans un monde ou les populations, surtout les jeunes africains auront de plus en plus  leurs mots à dire, tant sur le plan politique, social culturel qu’économique. Je crois que dans ce contexte, la Guinée qui a des atouts certains par le don de la nature et par ses ressources humaines jeunes, sera un pays phare de l’Afrique de l’Ouest ou de l’Afrique en générale.

Guineematin.com : Selon vous, quels sont les moyens dont le pays dispose pour y arriver ?

Kiridi Bangoura : Le premier des moyens dont la Guinée dispose est la ressource humaine. Ce sont les jeunes hommes et femmes de Guinée en formation et que nous devons responsabiliser de plus en plus, pour qu’ils puissent se préparer à cet avenir.

Guineematin.com : Vous aviez été haut fonctionnaire et Ministre plusieurs fois, et vous aviez commencé votre expérience très tôt. Que peut-on retenir de cette expérience accumulée au fil du temps ?

Kiridi Bangoura Ministre, sécretaire général (1)Kiridi Bangoura : Je dois rendre grâce à Dieu. Quand j’ai fini mes études, que je suis rentré en Guinée, j’ai travaillé pendant six ans dans l’expertise de développement avec les organisations internationale  dans plusieurs préfectures de la Guinée. Pendant six ans, j’ai enseigné mais aussi j’ai appris beaucoup auprès des populations, en montant des programmes de développement communautaire et en faisant progresser les projets éducatifs.

J’ai eu la chance de commencer ma carrière administrative en étant une dizaine d’année au ministère de l’intérieur où j’ai été successivement  chef de cabinet pendant trois ans, secrétaire général pendant  quatre ans et ministre pendant trois ans.  Avant d’enchainer sur le ministère de l’enseignement professionnelle et au ministère de la jeunesse plus tard.

De cette expérience, je retiens, les serviteurs de l’état que nous sommes, doivent à la fois rehausser à leu pays mais aussi se mettre en cause pour apporter à chaque état leurs contributions. Je retiens aussi les rencontres. Les hommes et les femmes que j’ai rencontrées pendant ce parcours t que chacun et chacune m’ont données une part de leurs connaissances et m’ont fait partager leurs passions pour notre pays.

Guineematin.com : Parmi vos actes posés à l’époque, quels sont ceux que vous avez achevés et quels sont vos actes que vous n’aviez pas pu conduire à terme ?

Kiridi Bangoura : Je suis très fier du programme d’appui aux communautés  villageoises qui est à la clôture de sa dernière phase où par la grâce de Dieu j’ai été l’un des formateurs, aussi du programme de développement  local de la Guinée (PDLG) qui est encore en fonctionnement. Je suis extrêmement fier aussi des codes des collectivités qui est une loi organique d’à peu près 500 articles qui consacrent à la décentralisation comme d’administration du territoire et de la gestion des populations en Guinée. Je suis très fier aussi de la loi portant régime des associations que la loi est fondatrice de la société civile guinéenne,  également de la loi sur les coopératives. Fier aussi d’avoir pendant 10 ans été l’une des personnes responsables de la  gestion d’un millions des réfugiés en Guinée venant de la Sierra Léone, du Libéria et après plus tard de la Côte D’ivoire et de la Guinée Bissau. Je suis très fier d’avoir participé à l’émergence de l’association des maires de Guinée et aussi à l’adoption ce qu’on appelle aujourd’hui la gouvernance territoriale  participative.

Guineematin.com : L’opinion publique retient de vous un Homme engagé qui croit en ce qu’il fait. Quel est votre secret dans le travail ?

Kiridi Bangoura : Le secret c’est l’éducation que m’ont appris les parents. Mes anciens m’ont tous appris qu’il fallait faire ce qu’on croit et ne jamais s’engager selon les circonstances, mais par conviction. Et cela vous  permet non seulement d’obtenir des résultats, mais d’être cohérent  dans l’ensemble ce que vous faites avec les autres.

Guineematin.com : Bien que vous vous efforciez à être humble, il n’en est pas moins que vous êtes un des Hommes forts du régime actuel en Guinée. Est-ce une lourde responsabilité d’être Ministre d’Etat, Ministre Secrétaire Général à la Présidence de la République ?

Kiridi Bangoura : Le peuple est plus fort que les hommes, c’est une notion qu’il faut retenir dans la souveraineté. Nous sommes en République et le peuple est toujours plus fort que les  hommes qu’ils désignent.  Je crois que sans fausse modestie ma fonction est une fonction d’assistance générale au chef de l’Etat dans l’accomplissement de ses missions constitutionnelles. Cela, est extrêmement pesant et extrêmement difficile, mais on y retire souvent des petites satisfactions morales d’avoir participé à la réussite d’une entreprise ou d’une institution, à l’atténuation d’un échec.

Guineematin.com : Généralement, vous êtes sur tous les fronts. Porte-parole du Président de la République, vous êtes aussi celui qui a dirigé les négociations politiques, ayant abouti à l’organisation des législatives le 28 septembre 2013. Comment aviez-vous réussi cela ?

Kiridi Bangoura : J’ai 50 ans dont 20 ans de vie publique et cela aide. Le fait d’accumuler des expériences et de savoir surtout que  la jeune négociation, vous ne négociez pas seul et vous ne réussissez pas une négociation seule. C’est l’écoute des autres et l’acceptation quelque soit la divergence d’opinion et de position politique, vous avez toujours quelque chose en commun avec votre interlocuteur. Vous avez un centre d’intérêt partagé. Quand vous définissez ce centre d’intérêt et qu’il est réellement assumé par les deux parties, vous pouvez évoluer par concession, par compromis et par consensus. C’est extrêmement important qu’on sache que dans un pays le dialogue est le centre de la démocratie. On ne peut pas construire une démocratie sans se parler, sans débattre, sans échanger. Et dans ces échanges tantôt on a raison tantôt on partage sa raison avec les autres et tantôt les autres ont raison. Je pense que c’est cette réoccupation, et la connaissance de dossiers et des personnes qui sont soumises au débat peuvent mener à des bonnes négociations. A coté de ça, il faut comprendre que les adversaires qui sont en face de nous ne sont pas des ennemies. Souvent ils veulent la même chose que nous, mais c’est la manière qui diffère.  La manière que tout le monde accepte, en se fondant sur la constitution et la loi.

Guineematin.com : Avez-vous un dernier mot ?

Kiridi Bangoura : Je demande à la jeunesse guinéenne de s’engager de plus dans les actions civiques et de porter un intérêt accru à la gestion des affaires publique. Parce qu’il n’a ya pas de bonne économie ni de bonne société sans des états qui sont en support et en repaire. Notre état doit promouvoir la liberté économique mais aussi doit aider sa jeunesse à s’impliquer. Pour cela, il faut que la jeunesse elle-même  intéresse au fonctionnement des institutions.

Interview réalisée par Fatoumata Keïta pour Guineematin.com

 

 

 

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