Le veuvage au Fouta : une tradition qui démontre l’inégalité hommes-femmes

foutaDans nos sociétés en générale et celle du Fouta en particulier, quand un homme meurt, la coutume demande à la femme du défunt de se tranquilliser et de respecter un certain nombre de conditions en l’honneur de son époux pour une durée de 4 mois dix jours. Cette période est appelée ‘’veuvage’’ ! Une période au cours de laquelle la femme prie pour son mari en même temps reçoit beaucoup de conseils et d’éducation. C’est pourquoi, elle doit adopter les comportements particuliers et une tenue toute particulière. Mais, si cette pratique reste compliquée pour la veuve à cause des ‘’obligations énormes’’, elle est très simple pour le veuf.

Dès après l’enterrement, la femme qui a perdu son mari se prépare à la cérémonie du veuvage. En principe, la coutume peulhe exige de ne pas porter un vêtement d’une autre couleur que le blanc, même en dessous du pagne. Pas de maquillage, pas de bijoux aux oreilles, ni de colliers. Les cheveux sont recouverts d’un voile blanc. La coutume exige aux veuves de ne pas laisser voir ses cheveux à un homme, même à ses propre fils. Durant ces quatre mois et dix jours, la femme doit surveiller son langage. Seule permission à lui accorder, c’est d’aller saluer les décès des proches parents.

Selon  la tradition peulhe, une veuve n’a pas le droit de laver ses habits chaque jour, il existe bel et bien des jours qui sont consacrés aux lavages rituels qui sont entre autre les lundis et les vendredis. C’est au cours de ces deux jours qu’on autorise la veuve à laver ses habits. En ce moment, si c’est au marigot, la veuve ne peut pas être distraite par un autre homme, ses pensées doivent être orientées vers son mari, si non, on estime que la purification n’est pas totale. La natte qu’on remet à la veuve au début du veuvage sera son lit jusqu’à la fin de cette période. Elle ne doit pas échanger les chaussures avec une autre personne, car on la considère d’une femme impure. La fin de cette période est marquée par une grande cérémonie de sacrifice, c’est ce jour qu’elle pourra éventuellement choisir son futur mari si elle le veut.

Les peulhs estiment qu’une veuve ne doit pas rester seule. C’est pourquoi elles appliquent le lévirat, une coutume qui veut que la femme endeuillée épouse le petit frère de son mari. Une tradition dont le but social serait de plus en plus pervertie par des hommes uniquement soucieux de récupérer l’héritage de l’être perdu. . .

En effet, de plus en plus d’hommes n’accepteraient la charge d’une nouvelle famille que pour percevoir l’héritage. Pour d’autres, c’est de ne pas laisser une veuve et ses enfants sans soutien masculin au sein du foyer.

Cette tradition permet aux familles de ne pas sombrer dans l’indigence. Ainsi, les familles modestes résistent mieux à la disparition du père. D’abord, sur le plan financier, car la veuve conserve l’héritage de son mari au travers du remariage, ce qui, selon certains, lui permet d’éviter le piège de la prostitution. Pour ce qui est de la vie de famille, le nouveau mari doit prendre en charge la ou les femmes et les enfants de son frère comme s’ils étaient les siens. Il doit donc se charger de l’alimentation, de l’éducation et de la santé pour combler l’absence paternelle.

Mais, certaines femmes arrivent à refuser ces propositions et elles subissent des pressions pour épouser le frère du défunt, même si elles ont fait part d’un désaccord. Auquel cas, elles seront forcées au mariage. Celles qui persistent et signent dans leur refus n’ont d’autres choix que de vivre seules isolées de la famille.

Si le veuvage féminin demande assez de norme, force est de reconnaître que le veuvage masculin n’est point de ce genre.

Contrairement à quatre mois dix jours pour la femme, la durée du veuvage chez l’homme est de trois jours. Pendant ces trois jours, il est recommandé à l’homme de ne pas avoir des contacts physiques avec les femmes, même si ce sont ses épouses. L’homme doit porter ses habits à l’envers et rester sans chaussures. A la fin des  ses trois jours, il doit seulement se purifier sans réaliser une cérémonie de sacrifice.

Cet état de fait prouve cette inégalité de traitement social entre l’homme et la femme dans nos sociétés. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’observateurs se posent la question sur l’égalité entre l’homme et la femme.

Aissatou Diallo pour Guineematin.com

 

 

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