Médecine générale : une médecine spécialisée ou médecine de seconde zone ?

médecineLes études de médecine sont connues pour être dures et nécessitent beaucoup de courage, de concentration et surtout de dévouement. Dans bon nombre de pays, le cycle des études médicales est de 6 ans où l’étudiant apprend les sciences de bases pour ensuite voir peu à peu des notions purement médicales et plus spécialisées avec des stages orientés dans la plupart des cas qui occupent une plus grande partie de la fin du cycle. Récemment la Belgique est passée du cycle de 7 ans à 6 ans comme en France, en Allemagne, au Canada et autres pays.

Après ce cycle, l’étudiant est amené à effectuer un choix de spécialité, évidemment que l’on ne va pas où l’on veut, il existe une sélection en fonction du cursus de l’étudiant (notes, stages, interview,…) et du nombre de place disponible pour chaque spécialité- chaque pays a ses spécificités sur ce plan-  pour l’accès aux spécialités appelées couramment master de spécialisation en Belgique ou encore DES (diplôme d’études de spécialité) en France.

Dans certains pays comme la Guinée, ceux qui optent généralement pour la médecine générale sont considérés comme des médecins de seconde zone ou étant les moins « bons » durant leur cursus, c’est une façon biaisée de penser d’un coté et une mauvaise conception de la médecine générale d’un autre coté. Pour mieux cerner le problème l’on doit répondre à la question c’est quoi un Médecin généraliste ? En guinée, la majorité des diplômés docteur en médecine estiment être  des Médecins généralistes, ce qui fait que la plupart des diplômés de la faculté de médecine se disent « généralistes » sans formation complémentaire et spécifique en médecine générale or la formation en médecine générale ou médecine de famille est une spécialité parmi les autres spécialités médicales nécessitant l’acquisition d’un certain nombre de compétences médicales après les 6 ans du cursus médical. Ce système doit être repensé au niveau des autorités de santé en commençant par une refonte totale des études médicales en Guinée et en même temps du système de santé qui ont le sait est très déficient.

Il y a quelques années, la situation n’était pas aussi rose dans les pays développés, le médecin généraliste n’était pas beaucoup considéré de ses collègues des autres spécialités médicales qui s’estimaient supérieur et plus important mais le tir a été rectifié et maintenant même dans le cursus médical il y a des cours de médecine générale, des stages obligatoires chez un médecin généraliste agréé afin de stimuler les étudiants à choisir cette spécialité en pénurie (France, Belgique) et de faire découvrir à l’étudiant les spécificités de la médecine générale. En Belgique ce stage se déroule durant le Bloc 4 donc la 4ème année.

Après le cursus de 6 ans, ceux qui optent pour la médecine générale comme spécialité font 2 à 3 de plus (en fonction des paYs) pour acquérir les compétences d’un bon médecin généraliste qui occupe une position importance dans le système de soins de santé. La médecine générale occupe maintenant une position de choix et est d’ailleurs  appelé  «médecine de 1ère ligne».

Le médecin généraliste prend en compte le patient dans sa globalité, il entretient une relation spécifique avec son patient, il assure son suivi au long cours, connait le plus son histoire, son mode de vie, ses habitudes, en somme il cerne le patient. Il traite le patient et non un organe. C’est lui également qui détient le dossier médical du patient appelé en Belgique le DMI et gère plus de patients que le spécialiste d’organe (cardiologue, pneumologue, cancérologue,……), ceci est révélé par une étude qui démontre que sur  1000 patients qui ont un problème de santé, les 2/3 consulteront un généraliste.

Loin de dispenser un cours et de calquer des modèles d’ailleurs à notre réalité, ceci est de montrer l’importance d’un médecin généraliste bien formé dans un pays, ça diminue non seulement les couts de soins de santé car il demande moins d’examens complémentaires (ce qui devrait nous inspirer sachant que seulement 2% du budget national est alloué à la santé) mais aussi assure le suivi du patient au long cours du patient (chose absente pratiquement en Guinée).Bien sur son rôle ne se limite pas à cela, j’invite ceux qui sont plus intéressés de consulter le site de l’OMS pour en savoir plus sur la médecine de famille.

Enfin loin d’être une spécialité de seconde zone, la médecine générale est la 1ère ligne de soins dans tous les systèmes de santé bien organisés, si elle est bien régulée et qu’une bonne formation est assurée en fin de cycle médical à ceux qui s’y destinent. Pour cela une reforme est la solution en amont et en aval.

DIALLO Alpha Oumar

4ème Année Médecine

Université Libre de Bruxelles

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