Un billet de 20 000 GNF ! Le « billet politique » de la banque centrale guinéenne ?

BCRG, banque centrale C’est donc à partir du 11 mai, un lundi (comme les jours privilégiés des opposants pour manifester) que la banque centrale de la République de Guinée (BCRG) annonce la mise en circulation de son nouveau billet, 20 000 GNF (ou billet Kaléta) ! « Au verso, le barrage hydroélectrique  de Kalèta,  pour marquer le désir de notre pays d’assurer son autosuffisance  énergétique afin d’amorcer son émergence économique », écrit la banque centrale dans le communiqué rendu public ce 22 avril 2015 annonçant cette nouvelle coupure dans notre pays.

En effet, le barrage Kaléta, également annoncé en mai (quelle coïncidence ? ) est effectivement le « trophée » du président Alpha Condé dont personne n’a remporté pareil en Guinée et avec lequel il espère séduire cette année les Guinéens qui sont plongés dans l’obscurité, au propre comme au figuré…

La couche la plus vulnérable de nos concitoyens est la femme pour laquelle le feu le général Lansana Conté dédiait ses mandats et pour laquelle le professeur Alpha Condé a également dédié son mandat.

Justement, dans son slogan du billet de 20 mille, la BCRG nous explique que le recto du nouveau billet « met en valeur la femme guinéenne et consacre ainsi la place centrale qu’elle occupe dans la vie économique de notre pays », comme si une image résolvait les problèmes de celles qui ont toujours du mal à nourrir leurs enfants, surtout que plein de maris sont de plus en plus en chômage…

En réalité, si personne n’avait le doute que les mouvements de soutien et autres sérrés allaient se rivaliser de slogans pour battre campagne en cette année électorale, rares sont ceux qui pariaient sur la banque centrale de la République à la veille des élections qui risquent d’être très disputées en Guinée.

Les dessous du billet de 20 000 GNF

Si la banque centrale de la République ne cache pas son intention de faire plaisir à qui on sait, elle n’est en revanche pas bavarde sur les conditions d’attribution de ce marché. Car, comme on le sait, en lançant un nouveau produit, ce sont de nouvelles dépenses et probablement des dessous de table qui pourraient bien sortir des caisses de notre institution bancaire et pour prendre la direction des coffres des personnalités qui ne font en réalité la politique que pour ne jamais manquer de liquidité.

« Qui a bénéficié de ce contrat et comment il a été attribué ?  » sont parmi les questions qui méritent d’être posées aux dirigeants de notre banque centrale.

Concernant la nécessité de l’émission d’un tel billet de banque, il n’y a évidemment aucune réponse pouvant convaincre les utilisateurs guinéens qui cherchaient plutôt de petites coupures. Même lors des négociations tarifaires, certains acteurs ont clairement indiqué que la baisse du transport risquait d’opposer les passagers aux transporteurs à cause du manque des petites coupures.

Quid des femmes qu’on veut séduire par l’image d’une d’entre elles, le design, les motifs et autres texture…  alors qu’elles « perdent leurs monnaies» au fil des achats dans les différents marchés parce qu’il n’y a pas de petites coupures ! Que vont-elles faire d’un billet de vingt mille francs ? Acheter du piment, oignon, cube magie, soumbara ou payer le transport des magbanas ?

Et, ce ne sont non plus les « riches » hommes d’affaires et autres banquiers qu’on peut « réduire » à des billets de 20 000 francs guinéens, alors que la banque centrale devrait œuvrer à amoindrir les échanges des billets de banques par des transferts interbancaires, les chèques, cartes visas et autres. Mais, puisque ça ne risque pas de profiter à des particuliers, nos intelligents banquiers ont « inventé » de nouveaux billets…

Pauvres de nous ! Et, vive le changement !

Nouhou Baldé

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