Le député uninominal de Kaloum et responsable de l’UFR (la troisième force politique de la Guinée) est accusé d’infiltrer l’opposition guinéenne au compte du régime Alpha Condé.Joint au téléphone par Guineematin.com ce mercredi 27 mai 2015, Baïdy Aribot assume l’échange qu’il a eu avec le ministre de la Justice et qui est posté- et beaucoup partagé- sur les réseaux sociaux, notamment facebook.
« J’ai bel et bien parlé avec le ministre de la Justice en tant que point focal du dialogue au compte de l’UFR. Parce qu’il est important de savoir que l’UFDG a désigné un point focal et moi-même l’UFR m’a désigné comme point focal pour le dialogue. Donc, le ministre m’a parlé de la lettre et de leur volonté de nous la faire parvenir. Alors, j’ai donné ma réponse. Et, à la fin de notre entretien, il a dit : « vous avez le bonjour de monsieur le président ». Et, j’ai répondu : « transmettez mon bonjour au président » ! Mais, où est le mal dans ça ? », interroge le député.
Indexant lui-même les auteurs de cet enregistrement à la base de la polémique, Baïdy Aribot croit connaître les véritables manipulateurs : « Quand je parlais avec le ministre de la Justice, il y avait trois cousins de ma femme au salon. C’est l’un d’entre eux qui m’a enregistré et qui a donné aux extrémistes qui pensent qu’on doit continuer à organiser des marches, faire tuer les enfants des autres sans aller autour de la table du dialogue pour trouver des solutions à nos différends ».
Mais, qui sont ces extrémistes qui chercheraient à jeter Baïdy aux gémonies ? L’opposant en veut tout d’abord (et c’est naturel) au pouvoir qui chercherait à opposer l’UFR à l’UFDG (diviser les deux grands partis d’opposition pour tout contrôler), mais également le parti de Cellou Dalein Diallo. « Il y a des extrémistes également à l’UFDG qui ne comprennent pas que toutes nos batailles visaient à avoir l’ouverture d’un dialogue où nous devons évoquer nos problèmes et exiger des solutions. Nous ne pouvons pas continuer à mettre en péril les enfants des autres. Il faudrait bien qu’on tienne compte aussi des conséquences négatives de nos manifestations et qu’on accepte de parler pour essayer d’avancer. Et, ça, je ne le cache pas puisque nous à l’UFR, nous sommes convaincus qu’on doit dialoguer… », persiste à soutenir l’élu uninominal de Kaloum.
Sur l’impact des accusations d’infiltration de l’opposition au compte du pouvoir, Baïdy Aribot n’en a cure : « C’est une foutaise de me prendre pour une taupe du pouvoir. Tout le monde sait combien des fois le président m’a sollicité pour être ministre et j’ai refusé. Comment quelqu’un peut-il imaginer des choses comme ça sur ma personne ? Mais, tout le monde sait que je parle avec des ministres ou avec le président ! Le président m’invite, je viens. Il invite un autre leader, il vient. Où est le problème dans ça ? Je crois que certaines personnes, au sein de l’UFDG, ne m’ont toujours pas pardonné d’avoir critiqué le refus du président Cellou Dalein Diallo d’aller à Sékhoutouréya. Mais, lui-même m’a finalement donné raison puisqu’il est allé s’entretenir avec le président… ».
Enfin, Baïdy assume ses propos et pense que l’opposition aura tord de refuser de dialoguer : « Si appeler au dialogue ou bien être chouchouté par le président de la République ou un ministre fait de quelqu’un une taupe du pouvoir au sein de l’opposition, je le suis ! Et, je précise qu’il n’y a pas de certificat d’opposant que tel ou tel peut délivrer à un acteur politique pour dire que c’est tel l’opposant et tel autre ne l’est pas… ».
Madjou Bah pour Guineematin.com
