La journée d’hier, mardi 26 mai 2015, a été particulièrement agitée à la Chancellerie de l’Ambassade de Guinée à Dakar (Sénégal). Et pour cause! Des dizaines de manifestants guinéens révoltés contre leur ambassadeur devaient être maîtrisés par un contingent à faible effectif de la police sénégalaise, pour les empêcher de s’introduire avec fracas dans les locaux de la Chancellerie où ils voulaient en découdre avec le policier-diplomate Mamadou Beau Kéita. A constaté le Correspondant de Guinéematin.com sur place.
Sur les mobiles de ces échauffourées inédites dans l’histoire de la vie des Guinéens du Sénégal, le responsable local des jeunes de l’Opposition Républicaine, Mamadou Goudoussy Diallo, ne passe pas par le dos de la cuillère pour pointer un doigt accusateur vers l’ambassadeur. «Trop, c’est trop! Nos sages sont plus âgés que l’ambassadeur. Il se doit de les respecter en honorant ses engagements vis-à-vis d’eux. L’ambassadeur avait pris la mauvaise décision de subordonner le renouvellement des cartes consulaires expirées à la présentation d’un autre document prouvant la nationalité des titulaires. Quand nous avons dénoncé cette mesure et menacé de marcher sur l’ambassade, il s’est ravisé, non sans commettre des émissaires à la médiation auprès de nos sages. Il avait ordonné à cette occasion que toutes pièces d’identification authentiques, caduques ou non, étaient désormais autorisées pour les causes de la révision des listes électorales. A notre grande surprise désagréable, il n’a non seulement pas matérialisé, comme promis, sa nouvelle décision par écrit, mais il a également fait une terrible volte-face. Il n’en fallait pas plus pour irriter la jeunesse guinéenne de Dakar dont les sages venaient d’être roulés dans la farine pour la énième fois consécutive», a-t-il précisé.
Toujours est-il que le Coordinateur de la Jeunesse de l’Opposition Républicaine avoue d’avoir des remords suite aux violences infligées aux policiers sénégalais qui, selon lui, sont exemplaires dans l’accomplissement de leur mission de maintien d’ordre. « Je regrette qu’il y ait eu altercations entre policiers et manifestants jusqu’à ce que les violences subies par les agents en uniforme aient occasionné la blessure suivie de l’arrestation puis la mise en garde-à-vue d’un de nos compatriotes au Commissariat du Point E. Nous présentons nos sincères excuses aux agents violentés, à l’Etat sénégalais et à toute la population sénégalaise qui sont très hospitaliers. Les forces de l’ordre du Sénégal sont exemplaires. Toutefois, à l’issue d’une rencontre ayant regroupé les sages et moi-même autour de l’ambassadeur, nous sommes parvenus à un accord (dont nous attendons la matérialisation écrite), autorisant à nouveau l’utilisation de toutes pièces authentiques, périmées ou pas pour se faire enrôler. Aussi, le jeune manifestant arrêté a finalement recouvré la liberté ».
Pourtant, le calme de semble pas être totalement revenu. Du moins à en croire Mamadou Goudoussy Diallo qui menace à nouveau: « Nous ne sommes toujours pas satisfaits. L’ambassade de Guinée à Dakar relève du territoire guinéen où nous devons jouir pleinement de tous nos droits et nous acquitter de nos devoirs. Alors, nous ne sommes pas des animaux pour qu’on nous face éternellement garder par des policiers devant notre propre ambassade où nous subissons désormais des restrictions d’accès. Il faut que les policiers quittent dès demain. Nous ne sommes pas violents de nature. Ce sont certaines pratiques qui nous irritent. Si l’ambassadeur veut la paix totale, il faut qu’il dégage la police et écrive une décision de matérialisation de ses engagements. Il n’est pas ici pour lui-même. Il est accrédité au Sénégal pour les Guinéens que nous sommes. Nous connaissons nos droits que personne de va bafouer ici. Le Sénégal est un grand pays de droit».
Après ces tensions qui ont duré plusieurs heures, les opérations de révision des listes ont effectivement repris aux alentours de 15 heures (GMT) au lieu de 7 heures du matin, au niveau de la CARLE de la Chancellerie de notre Représentation diplomatique à Dakar.
Ben Souleymane, depuis Dakar pour Guinéematin.com
