2 ans après l’attaque de Zowota : aucune enquête sur l’assassinat 5 de nos compatriotes

Cheick Sako, ministre de la JusticeDeux ans après l’attaque de Zowota, l’Association des Ressortissants de Zowota en collaboration avec l’Association Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme écrivent au ministre de la Justice garde des Sceaux pour réclamer justice dans l’assassinat de Nyankoye KOLIE, ex-Président du District, Foromo Tokpa Yiléwolo, Nazouo Lononhilé, Siba J.B. KPELEYAI et Nabolo KOLIE.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous, l’intégralité de la lettre ouverte qu’ils adressent au ministre Cheick Sako :

A Son Excellence

Monsieur le Ministre de la Justice

Monsieur,

L’Association des Ressortissants de Zowota en collaboration avec l’Association Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme (AGDDH) sont aujourd’hui ici à Zowota pour réclamer la justice et l’assistance que les lois promettent aux victimes des crimes ;

Elles sont là pour réclamer la justice dans le dossier de nos frères qui ont été atrocement tués par une attaque nocturne, inattendue et injustifiées par des Forces de l’Ordre lourdement armées  dans la nuit du 04 Août 2012 ;

Les victimes de cette attaque nocturne sans compter les blessés étaient au nombre de Cinq (5) personnes illustres du village dont Nyankoye KOLIE, ex-Président du District, Foromo Tokpa Yiléwolo, Nazouo Lononhilé, Siba J.B. KPELEYAI et Nabolo KOLIE qui ont été froidement abattus à une heure indue en violation manifeste de la loi ;

Monsieur le Ministre,

Il y a donc deux règles essentielles au maintien de la crédibilité et de la puissance d’une justice : l’une qui ne juge, qui ne décide, qui n’ordonne rien que conforme à la Loi ou à l’esprit de la Loi, l’autre  qui veille attentivement à l’observation et à l’exécution de tout ce que les Lois ont effectivement prescrit.

Monsieur le Ministre,

La personne humaine et sa dignité sont sacrées. L’État a le devoir de les respecter et de les protéger. Les droits et les libertés énumérés ci-après sont inviolables, inaliénables et imprescriptibles.

Ils fondent toute société humaine, et garantissent la paix et la justice dans le monde comme nous le dit l’article 5 de notre Constitution.

La société guinéenne toute entière est blessée dans la personne des victimes non seulement de Zowota mais aussi de celles de tout autre endroit de la Guinée.

Une nation, on l’a dit mille fois, Monsieur le Ministre, n’est que la réunion des forces particulières des personnes qui la forme ; en altérer, en soustraire une seule, c’est porter atteinte à l’État, et la mort injuste de chaque citoyen doit être  ressentie par toute la nation entière.

Monsieur le Ministre,

Nul n’ignore que  l’impunité des coupables  multiplie des violences et des crimes, et que le seul moyen de combattre l’impunité est de punir d’une manière convenable les  coupables par une justice effective et équitable ;

Il y a quatre vertus cardinales, à savoir : la prudence, la force, la tempérance et la justice.

La justice nous apprend quatre choses : à vivre honorablement, à ne faire de mal à personne, à juger sagement, et à rendre à chacun ce qui lui est dû.

Ne perdez jamais de vue que  les hommes entourés de l’estime publique ne peuvent négliger leurs devoirs sans que des voix nombreuses s’élèvent pour les accuser et  qu’on ne juge  pas  du mérite d’un homme par les grandes qualités qu’il peut posséder, mais  par l’usage qu’il sait en faire.

Seul donc le pouvoir et l’exécution des lois  peuvent assurer à la Justice l’autorité et la crédibilité qui la rendent l’arbitres justes et équitables de tous les citoyens.

Monsieur le Ministre,

Mais croyez que le plus beau sacrifice, l’hommage le plus grand, sera de vous montrer juste et équitable envers toutes les victimes des crimes de quel que endroit de la Guinée que se soit  sans distinction de conditions sociale, politique, religieuse et régionale parce que l’homme animé de ces nobles sentiments peut compter sur la faveur divine plus que celui qui immole de nombreuses victimes.

Faites en sorte que vos traces restent dans l’administration du Département de la Justice guinéenne comme un monument de votre vertu après vos  fonctions de Ministre de la justice en votre qualité d’Avocat réputé et indépendant.

Monsieur le Ministre,

Nous nous battrons dans la légalité car nous avons confiance en la victoire du bien sur le mal , de la justice sur l’injustice;

Nous exercerons des pressions légitimes tant que se présenteront des occasions pour réclamer une justice effective et équitable pour les victimes de Zowota ;

Tout citoyen qui dénonce un crime vous dit secrètement et aux Procureurs chargés de poursuivre :

« Je suis offensé, et peut-être je serais déjà vengé, si vous ne m’aviez lié les mains avec vos lois : je ne m’en plains pas ; moi-même j’y ai consenti, mais sous la condition que vous prendriez ma place en déployant pour ma défense toute la force publique ; j’ai rempli mon engagement et je n’ai point agi, c’est à vous d’exécuter le vôtre en agissant pour moi. Chaque moment perdu est une violation de vos serments, et il serait affreux de m’avoir ôté les forces de l’état de nature, pour me livrer sans défense aux maux de la société ».

Voilà ce que tout citoyen dit ou du moins sent en lui-même ; et tandis qu’il sollicite une réparation longtemps attendue, victime en même temps de l’audace du crime et de l’indolence de la Justice, il contemple sa situation avec amertume.

Un illustre Homme contemporain à dit ceci :

« Ce qui effraie dans ce pays, ce n’est pas l’oppression des méchants mais c’est l’indifférence des bons »

Les victimes de Zowota entendent sans doute du fond de leur tombe cette déclaration et vos décisions leur seront connues et elles vous déclarent par la même occasion que laisser impunis les auteurs de leurs crimes serait les condamner elles-mêmes à mourir de nouveau et cela amoindrira la confiance en la Justice Guinéenne.

Monsieur le Ministre,

Les hommes qui haïssent la vérité, haïssent aussi les gens qui ont la hardiesse de la dire. Il y a des vérités que certains hommes ne veulent pas entendre et qui pourtant les sauvent ;

Nous voudrions que notre  Patrie guinéenne soit révérée comme le Temple où l’équité s’est retirée par votre administration vertueuse de la Justice et qu’à votre exemple, vos Successeurs vous imitent et fassent l’éloge des vertus que vous aurez imprimées dans les veines de la Justice Guinéenne.

C’est le vœu que nous formulons pour notre Pays; c’est le vœu que nous faisons pour vous et vos successeurs par un travail constant qui considère plus les efforts que les succès ;

Nous sollicitons donc de vous, Monsieur le Ministre de la Justice, une justice équitable, effective et expéditive pour les victimes de Zowota par la vengeance que les lois promettent à chaque citoyen offensé injustement ;

Zowota le 04 Août 2015

Le Président de l’Association des Ressortissants de Zowota        

Raymond NIKAVOGUI

Le Vice Président de l’AGDDH

T héodore Michel LOUA

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