Pression de Macky Sall sur Alpha Condé et Ouattara : « il faut des élections démocratiques »

cedeaoC’est hier, samedi 12 septembre 2015, que Dakar a abrité un sommet extraordinaire sur « la situation politique et sécuritaire » dans la région. Un sommet convoqué par le président sénégalais, Macky sall, président en exercice de la CEDEAO, préoccupé qu’il est des risques d’instabilité que de mauvaises élections pourraient engendrer en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, mais aussi la crise politique en Guinée Bissau voisine… 

A l’appel du chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, les présidents concernés par ces élections à risque ont répondu présents : Alpha Condé (Guinée), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Michel Kafando (Burkina Faso) ; ainsi que José Mário Vaz de la Guinée-Bissau voisine, également engluée dans une longue crise politique ; et, les présidents Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, Faure Gnassingbé du Togo et Thomas Boni Yayi du Bénin.

Les sept autres pays de l’organisation régionale ont préféré dépêcher des représentants : le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, le Liberia, le Niger, le Nigeria et la Sierra Leone.

CEDEAO 1Dans son discours d’ouverture de ce sommet, parlant franchement à ses homologues, en particulier à ceux qui sont en lutte pour leur propre succession (notamment en Guinée et en Côte d’Ivoire), le chef de l’Etat sénégalais a rappelé que l’enjeu de ces élections dépasse de loin la personne de ces présidents-candidats et même de leurs pays. « La bonne conduite des processus électoraux reste un enjeu important pour la préservation de la paix et de la stabilité dans notre espace communautaire », a dit Macky Sall dans son discours officiel.

A ceux qui pourraient penser à une volonté du président sénégalais de s’ingérer dans les affaires internes des pays membres, notamment dans le cadre de l’organisation des élections, Macky sall a levé le doute et inscrit sa démarche, en tant que président en exercice de la CEDEAO, justement dans le respect des textes communautaires de l’organisation.

« Il nous faut, ensemble et solidairement, préserver ce précieux héritage (les textes communautaires relatifs aux élections, par exemple, Ndlr) patiemment acquis, dans l’intérêt des générations actuelles et futures, surtout en ces temps où notre sous-région continue de faire face à des défis majeurs », a recommandé Macky Sall à ses pairs de la région.

Le président en exercice de la CEDEAO a estimé que  » Pour la préservation de la paix et de la stabilité dans notre espace, il faut des élections démocratiques. Nous devons agir pour garantir la paix et la stabilité de notre région ».

Pour sa part, Kadré Desiré OUEDRAOGO, le Président de la Commission de la CEDEAO, a ajouté que ce sommet « est une opportunité supplémentaire de renforcement de la démocratie dans l’espace CEDEAO. »

Malheureusement, en ce qui nous concerne, au moment où cette rencontre se tenait à Dakar, l’opposition guinéenne tenait également une réunion à Hamdallae CBG (Conakry) pour exprimer la même inquiétude que Macky Sall du Sénégal, mais avec des termes un peu moins diplomatiques.

Face à la presse guinéenne, le porte parole de l’opposition a protesté contre ce qu’il a appelé « la mauvaise foi du pouvoir dans l’application de l’accord politique du 20 août dernier ». Les opposants soupçonnent le régime Alpha Condé de vouloir les pousser à boycotter les élections afin de pouvoir se maintenir contre la volonté des électeurs.

Ainsi, pendant que le président en exercice de la CEDEAO professait la bonne conduite des élections, les Guinéens ne savent donc pas si le processus électoral ira à son terme ou bien les manifestations de rue prendre le dessus sur la campagne électorale comme l’a menacé l’opposition ce même samedi (12 septembre 2015) à l’issue de leur réunion de concertation.

Aujourd’hui, l’une des questions que les Guinéens se posent est celle de savoir si la démarche du président sénégalais bénéficie ou pas de l’appui et du soutien des autres membres de la communauté internationale pour exiger la « bonne conduite des élections » dans ces pays concernés et notamment où les présidents sortants sont candidats à leur propre succession.

A suivre !

Nouhou Baldé pour Guineematin.com

 

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