Tentative d’évasion des prisonniers à Conakry : que des zones d’ombre !

Prison civile de Conakry, agents de sécuritéLes Guinéens et observateurs étrangers ont été surpris ce lundi 9 novembre 2015 d’apprendre qu’il y a une tentative d’évasion des prisonniers de la maison centrale de Conakry. Une évasion en sorte, puisqu’on parle de plus d’une centaine de détenus qui ont franchi le mur d’enceinte, même si plusieurs d’entre eux ont été rattrapés et remis en détention.

Et si c’était un montage ?

Il est d’abord important de préciser que les détenus semblaient bien organisés et des tirs sont venus de l’intérieur comme le démontrent d’ailleurs des images et vidéos publiées par Guineematin.com, grâce à la témérité d’un de nos vaillants reporters qui a immortalisé ces évènements.

Dès qu’on a parlé d’évasion ou tentative d’évasion, beaucoup de compatriotes ont pensé aux prisonniers politiques (Madame Fatou Badiar, Commandant Alpha Oumar Boffa Diallo (AOB), Général Nouhou Thiam, Thierno Sadou, Aguibou…). Puis, on s’est aussi rappelé de la détention dans ce grand centre pénitencier (le plus grand de la République de Guinée avec 1 600 détenus, environ) des prisonniers comme Junior, Souka et autres grands bandits qui ont souvent réussir à s’évader de leurs lieux de détention. Mais, rapidement, on a expliqué qu’aucun des prisonniers politiques n’a mis le pied dehors, contrairement aux grands bandits qui auraient été rattrapés et remis en détention.

Mais, qui pourrait organiser cette évasion ?

Un agent qui s’est exprimé à la radio publique guinéenne a parlé d’une dispute qui aurait été à la base d’un débordement entre clans, etc. Mais, la tactique organisée sur deux sorties opposées indique bien que les détenus n’ont pas agi au hasard et qu’ils semblaient bien maîtriser ce qu’ils faisaient… Et, il y avait des armes qui ont crépité de l’intérieur durant un bon moment. Plusieurs fois, les agents mixtes (armées, policiers et gendarmes) ont échangé des tirs et des jets de pierres avec les détenus. A partir de ce moment, on peut penser à des acteurs internes qui pourraient avoir bénéficié d’un appui externe. Mais, de qui et pour quel but ?

Plusieurs confidences expliquent à Guineematin.com que certains membres de l’entourage du chef de l’Etat apprécieraient mal le projet (encore non officiel) de gracier les détenus politiques, notamment ceux de l’affaire du 19 juillet 2011. Comme on le sait, des négociations politiques ont été enclenchées pour permettre un retour négocié des exilés politiques et aussi la libération des prisonniers politiques.

A en croire certains de nos compatriotes, si certains proches du président de la République n’ont pas réussi à anéantir (du moins pour le moment) le projet du retour des exilés politiques, on chercherait à empêcher la sortie négociée des prisonniers politiques. Une « opération » de tentative d’évasion serait alors un bon argument pour enfoncer la situation de ces derniers et tenter ainsi de faire foirer le projet de grâce présidentielle. Or, des exilés politiques comme Bah Oury auraient posé des conditions dont l’une des plus importantes serait la libération des détenus politiques.

Ne risque-t-on pas ainsi de remettre en cause tout ce beau projet de retour des exilés qui déboucherait sur une belle détente politique pour le prochain mandat d’Alpha Condé ?

A suivre

Nouhou Baldé pour Guineematin.com

 

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