Faut-il exciser nos filles ? Une cinquantaine de jeunes formés à Conakry

MGF, formation des jeunes, excusionDans le cadre de la lutte contre la pratique de l’excision des filles à la quelle la Guinée occupe le second rang mondial, l’Association des Femmes pour l’Avenir des Femmes (AFAF) avec l’appui de l’ambassade des Etats Unis en Guinée a organisé un atelier de formation  des jeunes, les 21 et 22 décembre 2015. C’était sous le thème : « appui à la participation des jeunes de Guinée dans la promotion de l’abandon de l’excision’’, a constaté sur place Guineematin.con à travers un de ses reporters. Cet atelier a duré deux jours et a regroupé une cinquantaine de participants, tous des jeunes (garçons et filles) venus de plusieurs associations de jeunesse de la capitale.

Madame Madeleine Tolno, sage femme à la retraite et coordinatrice de l’AFAF
Madame Madeleine Tolno, sage femme à la retraite et coordinatrice de l’AFAF

Madame Madeleine Tolno, sage femme à la retraite et coordinatrice de l’AFAF a expliqué les enjeux de cette formation des jeunes. « Je pense que quand on a un sujet aussi tabou, aussi difficile qui concerne les jeunes, nous devons les faire participer à l’abandon de l’excision. La plupart des nos parents sont illettrés. Il est très difficile de faire passer le message et de se faire comprendre. Mais, ceux qui sont dans cette salle vont poser des questions auxquelles nous allons répondre. Avec cela, ils seront en mesure de voir la possibilité de passer le message dans les différentes familles pour que l’abandon de l’excision soit une réalité en Guinée ».

Concernant les dangers liés à la pratique des Mutilations Génitales Féminines (MGF), madame Tolno a cité le cas de l’accouchement difficile des femmes excisées, surtout celles qui accouchent pour la première fois. «Les femmes qui accouchent pour la première fois et qui ont subi l’excision, surtout l’excision totale. Il y a un problème à l’accouchement lié au rétrécissement de l’organe génital de la rentrée du vagin. Donc, à l’expulsion de l’enfant, il y a assez de problèmes qui conduisent jusqu’à l’intervention par césarienne pour sauver l’enfant et la mère puisqu’il y a des problèmes au niveau de l’appareil génital de la femme. Ce qui pouvait faciliter l’accouchement le rend plus difficile », a-t-elle expliqué.

Pour atteindre les objectifs à savoir l’abandon de cette pratique de l’excision dans notre pays, la coordinatrice de l’AFAF mise sur l’implication des jeunes (filles comme garçons). « Je pense qu’on peut atteindre nos objectifs, quand on fait passer le message par les jeunes, ils vont atteindre les parents, leurs entourages et surtout les mamans. Ils vont le prévoir pour leurs sœurs et leurs futures enfants. Je pense que la prise de décision venant des jeunes est plus efficace. Etant jeune, on est plus rigoureux et je sais que les jeunes qui sont là vont parcourir tout Conakry pour informer les parents, amis et connaissances sur l’abandon de l’excision ».

Sur la différence entre les femmes non excisées et celles excisées pendant la période d’accouchement, madame Madeleine Tolno a dit qu’il y a une très grande différence entre les femmes excisées et celles qui sont non excisées. Celles qui ont subi l’excision ont tout un problème dans le dégagement de l’enfant. Tandis que les secondes qui ont l’appareil génital intact accouchent plus vite, surtout vers le dégagement de l’enfant.

« Actuellement, la science nous pousse à discuter avec nos enfants bien que c’est professionnel. Chez nous aujourd’hui, à Guéckédou, on a un grand nombre de fille non excisées qu’on protège.  Donc, elles-mêmes viennent témoigner que c’est plus facile d’accoucher étant non excisées. La durée du travail est la même, mais le dégagement de l’enfant est plus rapide chez les non excisées et il n’y a pas de problèmes de déchirure qui vont jusqu’au prolapsus, puisque la constitution de l’appareil génital est intacte.

Quand à la question liée à la stigmatisation des filles dans notre société où cette pratique est considérée comme à la fois coutumière et religieuse, madame Madeleine Tolno a préféré donne la méthode utilisée par son ONG : « Nous avons demandé d’abord aux filles qu’est-ce qu’elles veulent qu’on fasse avec elles pour éviter tout ce qui est problème de tradition et de religion. Elles ont d’abord demandé de les présenter au public pour dire qu’il y a en Guinée parmi la population des filles non excisées. Pourquoi ? Pour qu’elles se comprennent avec leurs sœurs. Quelque part, nous faisons des réunions entre les filles excisées et les non excisées pour un échange d’expérience. Parfois, on fait la promotion de ces filles, par exemple lors des journées internationales de lutte contre l’excision, elles sortent pour faire un défilé public. Elles sont connues et sont acceptées… », a dit madame Tolno.

A rappeler qu’en Guinée, la pratique des MGF est punie par le code de l’enfant, page 85-86, notamment en ces articles 405, 406, 407, 408, 409 et 410. Les contrevenants sont passibles jusqu’à la réclusion criminelle à temps de 5 à 20 ans (article 409 dudit code).

Mamadou Alpha Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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