Immensément riche, mais en souffrance : retour sur les différentes péripéties du milliardaire guinéen, ‘’Diallo cravate »

Amadou Sadio Diallo, dit Diallo cravate

De nationalité guinéenne, Amadou Sadio Diallo, plus connu sous le nom de ‘’Diallo cravate’’ est né en 1947 à Binany, dans la préfecture de Gaoual, au Fouta Djallon. Selon des informations confiées à un reporter de Guineematin.com, c’est à l’âge de 17 ans, que monsieur Diallo a rejoint le Congo, en 1964. Dix ans après, sous forme de Société Privée à Responsabilité Limitée, il créa à son propre compte Africom-Zaire et Africontenere-Zaire.

Ses affaires ont potentiellement prospéré à tel point qu’il devint parmi les plus nantis de son Etat de résidence, rebaptisé le Zaïre en 1971. C’est ainsi qu’à la fin des années 1980, commença pour lui une vie exceptionnelle et singulièrement curieuse. Divers litiges commerciaux l’opposent à ses partenaires que sont les sociétés publiques de l’Etat du Zaïre : la Zécamine, Zaïre Shell, Zaïre Fina, Zaïre Mobile.

A l’issue de ces différends, il a réclamé à l’Etat Congolais 32 milliards de dollars à titre principal, 4 milliards de dollars de dommages et intérêts et 16 milliards de Zaïre (monnaie locale). En tout donc, le richissime guinéen réclamait 40 milliards de dollars à l’Etat Congolais.

Son activisme est jugé de trop et débordant, ses réclamations qualifiées de démesurées et intempestives, même les décisions judiciaires prises en sa faveur sont interdites d’exécution par les autorités administratives de l’Etat d’accueil.

En 1988, il a été arbitrairement arrêté et emprisonné près d’un an sans aucune procédure régulière.  Libéré, il relance les procédures judiciaires et tente « d’internationaliser son cas », en écrivant notamment à certaines hautes institutions telles que le Président de Cour Internationale Justice(CIJ).

En 1995, il est à nouveau arrêté et passe près de 75 jours en détention préventive. Et soudain, un décret d’expulsion le concernant est pris le 31 octobre au motif que sa présence et sa conduite troublaient l’ordre public Zaïrois. Ce décret a été exécuté le 31 janvier 1996 comme une mesure de refoulement.

Le  milliardaire Diallo cravate se retrouve refoulé vers la Guinée où il n’a qu’un seul complet, une seule cravate, une seule paire de chaussure, car c’est de la prison qu’on l’a soustrait pour aller l’embarquer.

Son arrivée en Guinée a coïncidé à la mutinerie des 2 et 3 février 1996. Ce qui fait que le pouvoir de Lansana Conté vacillant cherchait plutôt à se consolider que de défendre le dossier d’un aventuriste parti au gré du vent depuis des lustres.

Alors, malgré la combativité et la bravoure dont Diallo cravate a fait preuve, les autorités guinéennes de l’époque ont réservé au dossier un manque d’intérêt, soutenant que l’intéressé avait passé 32 ans à l’extérieur avec tous ces milliards sans rien investir en Guinée, alors que le pays souffrait et il en avait besoin.

Cependant, le 28 décembre 1998, la Guinée a déposé au greffe de la Cour Internationale de justice (CIJ) une requête introductive  d’instance contre le Congo, à l’effet de prendre fait et cause de son ressortissant.

Dans sa saisine officielle, la CIJ a fixé le dépôt de mémoire de la Guinée le 11 septembre 2000 mais la Guinée n’a déposé ce mémoire qu’au 23 mars 2000, après avoir obtenu une prorogation.

Dans ces mémoires, l’Etat Guinéen prétend que Diallo Cravate, homme d’affaires installé au Congo depuis 32 ans, a été injustement incarcéré, spolié de ses biens et expulser au moment où il cherchait à entrer en possession de ses droits. En tout, elle a réclamé au niveau de la CIJ 40 milliards de dollars. Elle demande aussi à la CIJ d’ordonner l’autorisation de saisir partout où ils se trouvent les biens de l’Etat Congolais pour se faire payer.

Le 3 octobre 2016, l’Etat Congolais à son tour a  demandé  à la CIJ de débouter cette  requête  formulée par la Guinée. Le Congo a soulevé des exceptions d’irrecevabilité en demandant à la CIJ de suspendre cette procédure et de trancher sur la question d’irrecevabilité. Le Congo prétend que la Guinée est en train de protéger essentiellement des sociétés Congolaises, qui ont une personnalité juridique différentes des associés où des gérants comme Amadou Sadio.

Par ailleurs, le Congo ajoute que le ressortissant n’a pas épuisé les voies  de recours internes disponibles au Congo car dit-il « le lien de nationalité, le comportement de l’individu, et l’épuisement des voies de recours internes, demeurent les conditions essentielles de recevabilité de toute action en protection diplomatique », a rappelé le Congo dans ces arguments.

Après l’examen minutieux de ces prétentions, la Cour a fait comprendre que la Guinée ne peut pas assurer la protection de ces sociétés   dont elle ne possède pas la nationalité. De même, si la requête de la Guinée est recevable  c’est n’est que partielle. Les réparations que la Guinée va obtenir prendront la forme d’excuses publiques pour la violation des droits individuels, à savoir : son arrestation, son emprisonnement et son refoulement.

C’est pourquoi au terme  de cette bataille judiciaire la CIJ a condamné le Congo de payer à la Guinée seulement 95.000 dollars à titre d’indemnisation. Et jusqu’à présent le célèbre ‘’Diallo cravate’’ n’est pas en possession de cette somme.

Et aujourd’hui, Diallo Cravate se retrouve malade et alité dans sa chambre d’hôtel à Conakry. Triste et dommage.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 654 416 922/664 413 227

 

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