En mission de sensibilisation et d’information en Moyenne Guinée depuis dimanche, les députés de la commission environnement, développement rural et ressources naturelles de l’Assemblée nationale ont visité ce mardi un certains nombre de sites situés dans la préfecture de Labé, a constaté Guineematin.com, à travers son envoyé spécial.
Mais avant, l’équipe de Hadja Anne Marie Mansaré a rencontré les autorités régionales et préfectorales en présence des services techniques évoluant dans la zone. Avec le gouverneur de a région administrative de Labé, monsieur Sadou Kéïta, les députés ont mesuré l’engagement des autorités régionales qui dénoncent sans détour la destruction de l’environnement. Pour le gouverneur de Labé, « l’environnement est détruit avec notre complicité et les changements climatiques sont le résultat des actions de l’Homme ».
Après avoir cité les causes de cette destruction, le gouverneur a tout de même formulé des doléances aux parlementaires afin que les populations réduisent leurs actions contre l’environnement. C’est par exemple l’utilisation du gaz domestique en lieu et place du charbon et du bois de chauffe.
D’ailleurs, Sadou Kéïta a expliqué avoir sanctionné le Chef section des eaux et forêts de Tougué, quelques jours plutôt, après qu’un camion rempli de madriers soit saisi par les populations. Pour le gouverneur « le mal est un mal. Après avoir sensibilisé, il faut sanctionner et proposer également de solution ».
Plus amère, le préfet de Labé qui a reçu les parlementaires n’a pas tardé d’expliquer le danger qui guette les populations à la suite de la destruction de l’environnement. « Nous allons droit à un suicide collectif. Détruire l’environnement est plus grave que le jihadisme », a averti le préfet de Labé, Safioulaye Bah.
Parlant des cours d’eau qui parcourent la sous-région comme la Dimma ou la Gambie à Labé, le Bafing ou le Sénégal à Mamou, le préfet soutient que les populations à la source ne bénéficient pas des retombées de ces fleuves. C’est sur la Dimma qu’il y a le barrage de Sambagalo. Pour lui, « il faut corriger cette injustice et aider les populations abritant les têtes de sources à tirer un bénéfice, sans quoi, prévient-il, elles vont se lancer dans des activités destructrices de l’environnement et préjudiciables à toute la sous-région ».
Comme s’il le savait, la délégation après ces deux rencontres et celle qui a suivi à Tountouroun centre avec le Sous-préfet, Mamadou Diouma Diallo, a constaté avec une grande amertume l’existence d’un vaste champ de confection de briques cuites, à quelques pas du lit de la Dimma dans la localité de Nyaworo.
Les parlementaires ont mis leur talent à l’épreuve pour sensibiliser les responsables de cette activité dont les dégâts ne se limitent pas qu’à la coupe du bois vert. « Avec cette activité, l’environnement est dangereusement menacé. Ils coupent le bois vert dont des essences protégées, ils creusent sur les berges du marigot, confectionnent leurs briques, installent des fours et allument le feu. Ce qui éloigne l’eau de la surface et accélère la sécheresse chez nous », a déploré l’honorable Alpha Mamadou Baldé.
Ils seront consolés en visitant la tête de source de la Dimma, située à 19 km de la ville de Labé et à 7 km au Nord de la commune rurale de Tountouroun qui l’abrite.
Là, les députés ont apprécié les travaux réalisés pour la conservation d’une forêt de 85 ha et des cordons pierreux tout au tour de la source qui continue de donner la vie à travers son eau qui coule au-delà des frontières nationales. Comme par magie, une grosse pierre, au fond fin de bowal, s’est fendue et laisse couler une eau fraiche, légère et non abondante au milieu d’une forêt claire. Selon les riverains, cette source n’a jamais tari, même si, quelques centaines de mètres après, l’eau ne se voit plus en surface.
Avant de boucler ce marathon, la délégation sous la conduite du directeur régional de l’environnement, Alpha Ibrahima Barry, a visité le barrage de Toury. Une retenue d’un million de m3 d’eau servant à la consommation des populations la ville de Labé. Une forêt de 1200 ha protège ce bijou, qui, reste pourtant sous les menaces des populations riveraines, n’hésitant pas à envahir le périmètre du site, voir pratiquer des activités dégradantes de l’environnement comme la fabrication du charbon.
Cette 3ème journée des parlementaires a été bouclée par la visite de la pépinière de la section eaux et forêts de Labé, située dans la commune urbaine, pour une estimation de 15 plans. Selon le programme de Mamadou Kobéra Diallo et les agents ( des eaux et forêts), l’objectif est de reboiser au moins une vingtaines d’hectares pendant la bonne saison.
Le mercredi, 21 février 2018, la délégation entend visiter l’une des plus importantes forêts classées de la région, la forêt de Nialama, situés dans la préfecture de Lélouma.
Depuis Labé, Abdallah Baldé, envoyé spécial de Guineematin.com
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