Les meubles en rotin sont de nos jours très prisés par nos compatriotes. Les produits issus de ce métier occupent une place importante sur le marché et ornent de nombreux salons. Dans certains endroits de Conakry, ces meubles faits en rotin sont exposés à l’aire libre par les fabricants, histoire de piquer dans l’œil des passants. La grande difficulté réside dans l’obtention du rotin et de la paille qui servent de matière première pour ce métier, a appris sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.
De nombreux ouvriers travaillent le rotin, genre de palmier à tige flexible. Dans la commune de Ratoma par exemple, on les rencontre au carrefour Dâdia, avant le pont sur le Kakimbo, au quartier Kipé.
C’est le cas de René Wamouno, qui est devenu maitre dans ce métier depuis 2012. Selon maître Wamouno « il n’est pas facile d’avoir le rotin et la paille. Il faut aller en forêt, à N’zérékoré, Gueckédou mais aussi à Mamou et à Kindia pour les avoir. Il nous faut payer le transport pour aller à N’Zérékoré par exemple. Arrivé là-bas, on paie deux cent mille francs guinéens aux chefs des quartiers pour couper du rotin, cinquante mille FG à chacun par jour pour les jeunes qui nous aident à chercher le rotin dans la brousse et envoyer en ville. Après, on donne aux gardes forestiers parfois douze millions, treize millions de francs guinéens comme taxes, plus le déplacement qu’on paye à douze millions. Tout ça, c’est des dépenses. C’est trop pour nous. Tu envoies ça aussi, tu fabriques, il faut encore attendre longtemps. Ce n’est pas facile. Mais, comme c’est notre métier, on accepte », a fait savoir l’ouvrier.
Dans son atelier, maître Wamouno fabrique beaucoup d’objets comme des fauteuils, des chaises, des tables, des armoires, des paniers,…
À la question de savoir comment il traite le rotin, maître Wamouno répond : « le rotin, c’est un élément souple. J’allume le feu pour le chauffer. Après qu’il soit chauffé, je le tord pour avoir la forme que je veux. Pour l’assemblage des bâtons du rotin tordus et non tordus, j’utilise les cordes en paille et les petites pointes ».
De son côté, Mohamed Diallo s’est retrouvé dans ce métier par la force des choses. Depuis 15 ans il est dans cette activité. Grâce à cette activité, Mohamed Diallo est à l’abri du besoin. « J’ai commencé ce travail depuis 15 ans. Dieu merci, grâce à ce métier je parviens à faire mes dépenses quotidiennes », dit-il.
Parlant des prix des matériaux utilisés, Mohamed Diallo dit qu’il y a « deux qualités de matelas qu’on utilise: la densité et l’ordinaire. Mais, vue la conjoncture actuelle, on est obligé d’acheter les matelas ordinaires dont les fauteuils sont plus achetés par les clients, car c’est ce qui leur est moins cher. Parce-que si on fabrique les salons avec la densité, ça coûte cher, les gens ne vont pas acheter. C’est l’ordinaire qu’ils achètent. Et nous, c’est ce que nous achetons à 250 mille francs guinéens, l’épaisseur 10, un mètre de tissus à dix huit mille ou à vingt cinq mille francs guinéens ».
Quant au revenu, Mohamed Diallo précise qu’il peut avoir jusqu’à quatre millions par semaine. Cependant, il peut arriver aussi que la semaine soit infructueuse, ajoute-t-il.
Camara Mohamed, diplômé en art plastique à l’Institut Supérieur des Arts de Guinée (ISAG) à Dubréka, est rotinier au quartier Nongo, dans la commune de Ratoma. Il sollicite l’aide du gouvernement pour le développement de l’art du rotin en Guinée. « J’ai aimé ce métier depuis que j’étais au lycée. Mais, les rotiniers ne sont pas considérés en Guinée. Alors que moi je peux faire une villa, des cabanes en bambous et en rotin. Mais nous n’avons pas de soutien, l’Etat nous oublie carrément. Cependant, ce que nous, nous faisons là, c’est l’une des manières de lutter contre la coupe abusive du bois. Et tout ce que vous voyez là, ce n’est qu’un centime de notre expérience. Alors, je demande au gouvernement de nous aider à avoir une cité artisanale pour le développement de l’art de rotin en Guinée ».
Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com