Conflit domanial à Kindia : 2 morts suite à l’intervention des gendarmes à Kambalia (Damakania)

Comme annoncé précédemment, un problème domanial oppose depuis plus de 20 ans les citoyens de Wondélaya et ceux de Kambalia, dans la commune rurale de Damakania, à Kindia. Alors que les premiers cités y avaient entrepris des travaux de lotissement, ils ont été agressés par des jeunes de Kambalia dans la journée d’hier, dimanche 12 avril 2020. Appelées en rescousse, les forces de l’ordre sont accusées d’exactions à Kambalia où deux personnes ont perdu la vie, a appris sur place un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Ce différend entre les deux camps ne fait que s’aggraver et a déjà conduit à des pertes en vies humaines, de nombreuses arrestations et des dégâts matériels importants.

Selon nos informations, c’est dans la journée d’hier dimanche que des échauffourées ont éclaté sur les lieux. Des jeunes de Kambalia sont accusés d’avoir été les premiers à attaquer. Les forces de l’ordre, appelées à la rescousse, sont intervenues dans ce secteur pour s’en prendre à tout le monde, sans discernement, apprend-on.

Des citoyens de Kambalia, interrogés par notre reporter, ont raconté cette descente musclée des agents qui n’y sont pas allés d’une main morte. Sous l’effet du gaz lacrymogène pulvérisé dans le village, une vieille de 90 ans et un bébé d’un an et demi, qui est sa petite fille, y ont trouvé la mort, disent les citoyens : la première à 17h, le bébé à 5h du matin ce lundi 13 avril 2020.

Madame M’mah Soumah

C’est ce qu’a laissé entendre Madame H’Mah Soumah, les larmes aux yeux, qui accuse les gendarmes. « J’étais au bas-fond pour arroser. Subitement, l’une de nos filles est descendue en disant, ma marâtre, courrons. Il y a des militaires qui sont en train de tirer sur les gens au village. Je lui ai demandé comment je peux courir alors que mes enfants sont là-bas. Au moment où je montais, j’ai vu les agents pourchasser les gens en les frappant. Je me suis caché. Arrivé à la maison, j’ai trouvé que la porte est gâtée. Ils ont pris mon argent que j’ai mis sous le lit et nos motos. Ils sont partis à la maison pour gazer notre vieille, couchée et malade, et sa petite fille. Les deux sont toutes mortes », a-t-elle expliqué.

Madame N’nata Camara, enceinte de 8 mois

Pour sa part, Madame H’Nata Camara, enceinte de 8 mois, dit avoir été molestée par les forces de l’ordre. « Je ne sais pas ce que moi j’ai à avoir dans ça. Ils sont venus me dire de faire sortir mon mari. Je leur ai dit que mon mari est mort. Directement, ils ont pris leurs matraques pour me passer à tabac. Mon bras est enflé. Je suis blessé aussi au niveau du pied ».

Madame M’mah Camara

Même indignation chez Madame M’mah Camara, âgée d’une soixantaine d’années, également maltraitée par les agents. « C’est cruel ce qu’ils nous ont fait ici. Ils sont venus faire du n’importe quoi ici. Ils ont gâté les portes, cassé notre boutique et emporté son contenu. Moi personnellement, ils m’ont donné un coup de pied, je suis tombée. Puis, ils ont gâté ma porte pour prendre ce qu’ils veulent. »

Les citoyens de Kambalia, victimes de ces exactions, se sont rendus ce lundi 13 avril 2020 chez El Mamoudou Camara, le grand imam de Kindia, pour qu’ils puissent connaitre la situation des deux morts qu’ils veulent enterrer.

A suivre !

De Kindia, Mohamed M’bemba Condé pour Guineematin.com

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