Tribune du journaliste et historien Amadou Diouldé Diallo : Il est notoirement admis au Fouta qu’une descendance prestigieuse et vertueuse dépend de trois choses : le savoir, le courage et la générosité ou tout au moins une d’entre elles.
L’un des neuf marabouts fondateurs de la confédération théocratique du Fouta Djallon au début du 17e siècle, a eu la qualité d’incarner ces trois choses au point d’être cité comme une référence. Il s’agit du Kaldouyanké Thierno Mamadou Cellou, dit Karamoko Alpha mo Labé. Le savoir, il en posséda réellement et le légua à sa descendance à travers sa fille aînée Nénan Aïssata Ngniré car de son union avec le Séléyanké Mama Doulla naquirent six garçons dont trois furent les pères des grands Walious Thierno Mamadou Mombeya, Thierno Sadou mo Dalein et Thierno Boubacar Poti Lougoudhi Lélouma. Ces fils sont : Boubacar Dendé Tanou pour le premier, Ibrahima Bano Tanou pour le second et Ousmane Bano Tanou pour le troisième.
Pour ce qui est du courage, Karamoko Alpha mo Labé aura été celui qui a mené le plus grand nombre de guerres saintes et remporté le plus de victoires.
Parmi ces exploits guerriers, on peut citer la bataille de Hôré Bougou dans le Diari, qui fut la plus sanglante, celles menées contre les grands chefs fétichistes comme Mama Yéro Diolo, Dégo, Koumba Wagara, Bora Kobi Yélétan, Dian Silatigui, Kanny, Tanga et leurs vassaux.
On peut aussi affirmer que Karamoko Alpha mo Labé fut d’une générosité légendaire. Après avoir fondé Labé et sa mosquée, il procéda à la répartition de toutes les tâches entre sept « Alloudjés » (groupes de travail) qu’il avait lui-même constitués.
Il poussa l’équité jusqu’à repartir les portes d’entrée de la mosquée, ainsi que l’imamat entre les différentes familles du Labé. C’est lui aussi qui offrit des terres à Touba (actuel Gaoual) aux Diakankés (venus de Makkakolibanta dans le Matam au Sénégal), sans compter celles accordées à d’autres peuples venus s’installer dans son Diwal, parfois même sur l’héritage foncier de ses propres fils.
À la réunion de Timbi Touni, qui portait sur le choix de l’Almamy du Fouta, Karamoko Alfa mo Labé fut le premier à proposer le Seydiyanké Alfa Ibrahima Sambégou Barry. Après la validation de ce choix par la réunion, Karamoko Alfa donna le nom de son premier garçon à l’Almamy de Timbo ; c’est lui qu’on appelle Thierno mo Sigon.
Avec tant de qualités humaines de savoir, de courage et de générosité, on ne peut donc s’étonner de la prodigieuse réussite de la prestigieuse descendance de Karamoko Alpha mo Labé dans le temps et dans l’espace.
Pour illustrer tout ceci, contentons-nous simplement de citer les deux résistants à la pénétration coloniale, l’illustre Alpha Yaya Diallo dont l’hymne national de Guinée est tiré d’un air qui lui a été dédié par le griot Moussa Korofo de Kissidougou, et le saint Thierno Ibrahima Ndama.
Les ministres
Abdourahmane Diallo (dit Vieux Doura Dalein), Abdoulaye Portos Diallo, Alpha Ibrahima Mongo Diallo et son frère cadet, le Général Alpha Oumar Barou Diallo, le Général Mamadou Thiana Diallo, Thierno Mamadou Cellou Diallo, dit « Grand Cellou », doublement descendant de Karamoko Alpha mo Labé par son père Elhadj Moustapha Séléyanké de Dalein Hindé et sa mère Nênan Aïssatou Kaldouyanké de Sombili (Labé). Il fut par deux fois directeur de campagne du général Lansana Conté (en 1993 et 1998). Il y a également Thierno Mamadou Cellou, dit « petit Cellou » de Dalein Kolla, vice-président de l’internationale libérale, président de l’UFDG, trois fois candidat à l’élection présidentielle (2010, 2015 et 2020) contre Alpha Condé, victime lors de ces scrutins, d’une mascarade électorale rarement égalée sous les tropiques. Hadja Aïcha Bah qui a aussi fait une brillante carrière à l’UNESCO. Amadou Alain Lélouma Diallo. Mme Sy Mariama Satina Diallo, actuelle présidente du CONOR. Docteur Abdourahmane Diallo, le fils du Docteur Mamadou Saliou Yembering et de Nênan Souaré de Mali-centre, qui est aujourd’hui le patron du projet « Palu »au niveau des Nations Unies.
Les grands alliés
Saifoulaye Diallo celui qui proclama l’indépendance de la République de Guinée, le 2 octobre 58, eut pour épouse Nenan Hawaou, une Kaldouyanké de Simili (Koubia). Lui-même de grand-mère maternelle Kaldouyanké, Thierno Oumar Sali, le père d’Ehadj Amadou Binani épousa Nenan Mariama Kindy de Kinsi Koté (Kakoni). Thierno Mamadou Bah, Thierno
Habib et Thierno Abdourahmane, tous trois fils du Waliou Thierno Aliou Bhoubha Ndiyan, eurent respectivement pour épouses, Nénan Ousmane Gadha Woundou, Nenan Aminatou Dougountouny, et Nenan Aye Bobo Kaade. Deux petits fils de Thierno Aliou Bhoubha Ndiyan prirent aussi femmes chez les Kaldouyankés toutes deux filles du visionnaire chef de Canton Thierno Chérif Yembering. Il s’agit de Thierno Abdoulaye pour Nénan Djiwo Bobo et de Monsieur Bah Libraire pour Nénan Ramatou.
Alpha Mamadou Cellou Dieng, le chef de Canton de Mali épousa à son tour la très belle Nénan Raynatou, fille de Alpha Mamadou Cellou le chef de Canton de Madina Wora. L’éminent fonctionnaire International ancien Représentant de la Guinée à l’Agence Internationale de la Bauxite (IBA) à Kingston en Jamaïque, Rafiou Barry, descendant du Waliou Thierno Oumar Rafiou de Daralabe, prit pour femme Nénan Ray junior fille de Alpha Saliou qui succéda à son père à la tête du Canton de Madina Wora.
restons là pour signaler que l’ancien premier ministre Ivoirien feu Amadou Gon Koulibaly, vint également prendre femme à Wora en la personne de Nenan Aissatou fille de elhadj tanou mo Alpha Mamadou Cellou Wora. La grand mère maternelle de Saifoulaye Diallo serait aussi une Kaldouyanké.
Enfin, au regard du fait que le Ngabou était la septième province du Labé à l’Ouest, et que la descendance de karamoko Alpha mo Labé est effective en haute Gambie et en Casamance, nous projetons de faire des recherches sur l’ascendance du président bissao-guinéen Oumar Sissoko Emballo et d’autres personnalités de ces pays, afin de déterminer leurs liens de sang avec thierno Mamadou Cellou, dit Karamoko Alpha mo Labé qui doit inspirer chacun dans la quête du savoir, du courage à toute épreuve, et la générosité en toutes circonstances. Le temps passe mais les oeuvres restent comme des légendes qui s’édifient et de l’histoire qui se perpétue.
Amadou Dioulde Diallo, journaliste-historien
