Santé : après la Guinée, le prochain congrès médicolégal se tiendra en Côte d’Ivoire

Pr Hélène Yapo Ette, médecin médico légal de la Côte d'Ivoire

Le corps médical africain et international s’était donné rendez-vous en Guinée, les 24 et 25 mars 2022 pour participer au Congrès international de la société guinéenne de la médecine légale et de santé au travail, organisé par le Pr Hassane Bah, Président de l’ordre des médecins de Guinée et son équipe. En marge de la convention, Guineematin.com a rencontré le Professeur Hélène Yapo Ette, responsable de la médecine légale de la Côte d’Ivoire et l’une des icônes des médecins légistes africains.

Dans la foulée, l’experte a annoncé son désir de recevoir en 2023, le prochain rendez-vous de la médecine légale et de santé au travail.

Pr Hélène Yapo Ette, membre du Comité scientifique de la Côte d’Ivoire, est revenue sur le thème qu’elle a présenté aux participants et qui porte sur la gestion humaniste et médicolégale de la violence, notamment la violence faite sur les femmes en milieu conjugal.

« Sur la gestion humaniste médicolégale de la violence, il faut retenir que dans le monde dans lequel on évolue, la violence est multiforme et est très rependue.  Les violences intra familiales sont très rependues. La famille représente la cellule de la société. La violence est en sourdine, elle est à bas bruit. Ce n’est pas par une violence complétement avérée que l’on peut gérer une famille. Il faut essayer de la gérer de manière humaniste, de manière à reconstruire la famille. C’est ça le  but de la gestion humaniste. Pour prévenir, il faut faire appel à l’éthique. Pour prendre une décision éthique, il faut réunir plusieurs personnes, des gens expérimentées qui accompagnent les victimes et même les autorités judiciaires qui comprennent qu’au lieu de réprimer, il faut gérer de manière humaniste et éviter de disloquer les familles. Puisque parfois la violence est une manière de communication. En même temps qu’on s’occupe des victimes, il faut s’occuper aussi des auteurs des victimes. Puisque parfois les victimes de violences sont attachées aux auteurs de violences dans les foyers. Parfois les violences conjugales sont inconscientes. Le viol c’est quand même grave, il faut sanctionner. Si dans un premier temps, on sévit, on réprimande, c’est très bien. Mais il faut pouvoir passer par derrière et travailler également sur les douleurs, sur les douleurs, les familles de façon à rétablir la dignité des personnes. Puisque la honte, la stigmatisation, parfois la culpabilisation sont des sentiments que vivent les victimes. Et, parfois même, la conjointe sait qu’elle est violentée, elle est violée ou c’est l’inceste. C’est des choses qui sont parfois dans nos cultures. Donc, c’est des choses parfois qui sont dans certaines cultures. De nos jours, il faut faire comprendre aux gens que certains éléments de la culture ne sont pas forcément bons », a souligné l’experte.

Pour y réussir à contenir les violences faites aux femmes et notamment les cas de viols, de plus en plus récurrent dans les sociétés africaines, ce médecin légiste propose la mise en place d’un nouveau dispositif législatif conséquent et adapté.

« Ce que moi je peux dire, c’est de réviser certaines lois et même au niveau de la justice, il faut mener des réflexions éthiques pour les juges de fond. De manière à prendre des décisions et des lois qui sont adaptées aux situations de violences. De telle sorte que réprimer, ce n’est pas mauvais. C’est une forme d’éducation. Donc, il faut pouvoir réprimer et mettre des lois qui permettent de retirer les victimes des milieux de violences. Mais surtout de condamner les auteurs, puisque le viol est acte grave. Et agir de façon à ce que l’auteur ne récidive plus et que sa sanction puisse servir aux autres et permettre à dissuader à d’éventuels candidats. La victime doit être réconfortée et savoir que la loi est là pour la protéger contre les auteurs de violences », a indiqué l’experte légiste ivoirienne.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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