Projet de Constitution : ce que demandent les élus locaux au Président du CNT

Poursuivant ses échanges avec les différentes entités sociales du pays, le Président du Conseil national de la transition (CNT), Dr Dansa Kourouma, accompagné de ses proches, a reçu hier, lundi 20 juin 2022, dans la salle des Congrès du Palais du peuple, les élus locaux du Grand Conakry, notamment des Chefs des quartiers et des Chefs des Secteurs.

Ces centaines d’administrateurs locaux ont demandé au CNT de prendre en compte les Chefs des quartiers, des Districts et des Secteurs dans le projet de la nouvelle Constitution. Ces élus locaux demandent plus de pouvoirs et sollicitent être pris en charge par le budget de l’Etat.

Après avoir expliqué le bilan des cent premiers jours du CNT et parcouru les 11 actions futures annoncées par l’institution parlementaire, dans un langage franc et responsable, Dr Dansa Kourouma, le Président du CNT a expliqué aux élus locaux la détermination des autorités à mener à bien la transition en Guinée.

Dr Dansa Kourouma, président du CNT

« Cette rencontre avec les administrateurs locaux du Grand Conakry s’inscrit dans le cadre de notre obligation d’information et de consultation, parce que nous les représentons. La meilleure façon de prendre en compte leurs aspirations c’est de construire une croix de transmission entre eux et nous. Créer de l’espace de dialogue et de concertation pour leur dire ce que nous faisons et comptons faire et recueillir leur retour. C’est ce qui permet à la représentation nationale de travailler en restant en phase avec les aspirations des populations. La deuxième chose c’est de partager avec eux nos ambitions pour le futur. C’est notamment l’élaboration de la nouvelle Constitution. Elle ne sera pas écrite par des fantômes mais par des hommes et des femmes bien connus, en prenant en compte les aspirations des populations. Et la troisième chose qui est fondamentale, c’est la nécessité pour que chacun fasse preuve de responsabilité dans le cadre du renforcement de la paix et de la cohésion nationale pendant cette période de transition. Tout ce qui peut nous retarder, il faut refuser. On n’a pas de temps à perdre. Le compteur a commencé de tourner…Je pense que nous sommes en train de jouer notre rôle de représentant de la population », a expliqué le Chef du CNT qui n’a pas oublié de mettre un accent sur la nécessité de prendre en compte la préoccupation des Guinéens liée à la justice. Sur ce dernier point d’ailleurs, Dr Dansa Kourouma répète à qui vaut l’entendre qu’il n’est pas intéressé par un quelconque poste électif ou même nominatif après cette transition.

« Je travaillerai en toute indépendance et en toute neutralité pour le bien de la Guinée », a encore fait savoir l’ancien Président du Conseil national des organisations de la société civile de Guinée.

Réagissant à la suite des échanges avec le CNT, Joseph Siba Guilavogui plaide pour que la prochaine Constitution prenne en compte les Chefs de quartier, de district et de Secteur. Mais spécifiquement pour le quartier CBA dont il préside l’un des secteurs, cet administrateur local exprime le besoin des populations d’avoir un cimetière et des aires de jeu.

Joseph Siba Guilavogui, chef du secteur CBA Sud

« Nous apprécions à plus d’un titre cette rencontre entre le Président du CNT et les responsables locaux. Cela montre que le CNT accorde de l’importance aux administrateurs locaux. C’est une première dans l’histoire et nous nous mettons à la disposition du CNT. Chez nous au quartier CBA, l’un des problèmes majeurs que nous avons, c’est le manque de cimetière. Alors que nous sommes plus de 14 000 habitants. Si on a un mort, il faut le transporter très loin. A côté de cela, il y a le manque d ‘ aires de jeux pour nos jeunes. Nous demandons aux autorités de nous aider à ce niveau aussi », a plaidé cet administrateur local.

Pour le Chef de quartier de Matoto marché et Coordinateur des Chefs de quartier de la commune de Matoto, Cheick Ibrahima Youla salue cet acte du CNT et demande à ce que les Chefs de quartier soient payés par l’Etat.

Cheick Ibrahima Youla, chef du quartier Matoto marché

« Nous avons suivi avec attention le bilan du CNT que nous avons très bien apprécié. Le CNT, c’est l’Assemblée nationale. Ils ont sillonné tout le pays, invité toutes les entités pour échanger avec les populations. Il a promis que désormais que personne ne fera plus de deux mandats à la tête du pays. En ce qui nous concerne, nous les Chefs de quartier et de district, nous demandons à ce que la nouvelle Constitution prévoit une ligne budgétaire. Puisque le Codé des collectivité reconnaît que les conseils de quartier et de district sont des Chefs de section des communes. Mais allez-y dans les quartiers. Il n’y a rien. Même pendant les élections, la CENI ne donne rien aux administrateurs locaux. Même pour nourrir les agents électoraux, parfois, c’est nous qui mettons la mais à la poche. C’est très difficile. C’est pourquoi, il nous faut être pris en charge par l’Etat pour qu’on fonctionne bien », a plaidé cet Président de quartier, qui soutient la nomination des conseils de quartier au lieu qu’ils ne soient élus.

Pour Naby Noha Traoré, le Chef du quartier de Tombolya, la nouvelle Constitution doit prévoir une réduction du nombre de partis politiques avant d’insister sur le maintien de l’unité nationale.

Naby Noha Traoré, chef du quartier Tombolia

« Vous savez, le CNT nous inspire confiance. C’est pourquoi, nous demandons à ce que les partis politiques soient réduits à deux à trois. Cela, c’est pour réduire l’ethnocentrisme et le racisme. Regarder le Ghana, c’est un pays qui a été indépendant un an avant la Guinée. Mais aujourd’hui, on ne peut pas se comparer au Ghana. Pourtant on dit que la Guinée, c’est le scandale géologique, c’est le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest…Le  problème qui est là, c’est la division, la haine, la mal gouvernance. C’est seulement la justice qui peut corriger. Avant le 5 septembre, le RPG au pouvoir avait divisé les Guinéens avec cette histoire du 3ème mandat », a rappelé ce Chef de quartier qui milite également pour la nomination des administrateurs locaux à tous les niveaux et leur prise en charge par l’Etat.

Dans les jours et mois à venir, le CNT va s’atteler entre autres à l’organisation des débats d’orientation constitutionnelle, l’élaboration d’un plan triennal de l’institution, l’élaboration du projet de la nouvelle Constitution, l’organisation du Débat d’orientation budgétaire, l’examen et l’adoption de la loi des finances rectificatives 2022, le lancement des travaux de construction du siège de l’Assemblée nationale, l’organisation du forum national des religieux dans le cadre de la réconciliation nationale, la vulgarisation du projet de nouvelle Constitution, l’élaboration des Lois organiques ou encore l’organisation de voyages d’études pour qualifier le travail de l’institution.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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