Alseny Sall de l’OGDH sur le discours du ministre Charles Wright : « On va le juger à l’œuvre »

Alseny SALL, Juriste et activiste de la société civile guinéenne

En prenant fonction à la tête du ministère de la justice et des droits de l’homme hier, mardi 12 juillet 2022, Alphonse Charles Wright a décliné ses « priorités à court terme » et a exprimé sa détermination à sanctionner les magistrats pour les « fautes professionnelles et les manquements au devoir ». Le nouveau ministre de la justice et des droits de l’Homme a aussi prévenu qu’il n’est pas complaisant au point de ne pas assumer ses responsabilités. Mais, ce discours du nouveau garde des sceaux ne semble pas rassurer les organisations de défense de droits humains.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce mercredi, 13 juillet 2022, Alseny Sall, le chargé de communication de l’OGDH (Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen), a dit prendre cette volonté exprimée avec des « pincettes » en attendant sa concrétisation sur le terrain.

« Nous avons suivi de près ce discours. Il est important, il est essentiel, il prend en compte les préoccupations essentielles en matière d’accès aux droits, mais aussi aux droits de l’homme. Maintenant, il faudrait traduire tout ça dans la réalité. Quel pouvoir disposera-t-il dans la pratique pour mettre en œuvre ces promesses qu’il vient de tenir ? C’est ça la grande question. Et ça, je pense que c’est le terrain qui va commander. Nous allons le juger à l’œuvre ; et, en tout cas, nous, on est disposé à accompagner, à soutenir les actions allant dans le sens de la promotion et de la protection des droits de l’homme de manière générale…

Nous nous prenons souvent les promesses avec beaucoup de pincettes. Concernant les crimes de sang, on n’avait pas besoin forcément de construire un tribunal pour ouvrir ces procès. Ils peuvent se tenir à la cour d’appel de Conakry. Il y a tellement de dossiers qui sont pendants devant la justice en Guinée, qui ont besoin de connaître une suite judiciaire pour que les victimes soient situées sur leur sort et qu’enfin qu’on mette un terme à l’impunité. Il faut qu’on sente quand même que la justice constitue la boussole ; et, cela passe nécessairement, pour nous, par l’accélération des procédures judiciaires sur les crimes de sang pour que les gens soient jugés et condamnés conformément aux lois en république de Guinée », a dit Alsény Sall.

En ce qui concerne les attentes de l’OGDH vis-à-vis du nouveau ministre de la justice et des droits de l’homme, le chargé de communication de cette ONG de défense de droits humains a exhorté à l’application des textes de lois.

« En Guinée, ce n’est pas un problème de textes. Nous avons les textes de loi. La Guinée est à jour vis-à-vis de ses obligations internationales en matière des droits de l’homme. Nous avons un code de procédure pénale à jour. Donc, du point de vue législatif, nous avons vraiment enregistré les avancées essentielles ces dix dernières années. Comme on l’a toujours dit, le défi essentiel en Guinée c’est l’application de la loi. Et, nous attendons de lui (le nouveau ministre de la justice) que ces textes soient appliqués comme il se doit… On va le juger à l’œuvre. Ce sont ses actes qui pourront nous dire effectivement s’il est un bon ministre ou pas. Il faut l’attendre dans l’action », a indiqué Alsény Sall.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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