Conakry : le ministre Guillaume Hawing rencontre les fondateurs des écoles privées

Le ministre de l’enseignement pré-universitaire et l’alphabétisation a rencontré ce vendredi, 22 juillet 2022, les fondateurs des écoles privées de Guinée. Cette rencontre a permis aux deux parties d’échanger notamment autour du bilan de l’année scolaire 2021-2022 et de se projeter sur l’avenir. Les acteurs de l’enseignement privé ont aussi mis l’occasion à profit pour énumérer les problèmes auxquels ils font face et proposer des solutions permettant de résoudre ces difficultés, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

C’est dans les locaux de l’INRAP, à Conakry, que le ministre Guillaume Hawing, en compagnie de ses proches collaborateurs, a rencontré les fondateurs des écoles privées de Guinée. Parmi les sujets évoqués au cours de cette rencontre, figure l’organisation des examens nationaux session 2022, qui a annoncé plusieurs innovations. Et même si les résultats ont été catastrophiques (17,62% au CEE, 15,04% au BEPC et 9,37% au Bac), les acteurs de l’enseignement pré-universitaire privé ont salué les réformes engagées par les autorités pour qualifier ces examens.

« Nous soutenons les nouvelles réformes engagées par votre département pour la qualification de notre système éducatif, et nous nous engageons à vous accompagner dans ce sens pour rehausser le niveau de l’enseignement et de l’apprentissage en République de Guinée. Nous vous félicitons pour les mesures appliquées durant les examens nationaux session 2022, les mesures qui permettront à chacun de se remettre en question et de revoir les stratégies de fonctionnement au sein des écoles privées.

Il a été d’ailleurs enregistré des cas de fraude au niveau de certaines écoles ; nous déplorons cette situation et nous condamnons avec la dernière énergie ces actes qui ne nous honorent pas. Toujours dans ce sens, les résultats des différents examens ont choqué tous les acteurs du système éducatif (notamment les fondateurs, parents et élèves), car nous estimons que nos enfants ne sont pas aussi nuls que cela, ils payent tout simplement le prix de plusieurs années de dysfonctionnement à plusieurs niveaux.

Les écoles privées se sont multipliées dans le pays, bravant vents et marrées, mais très malheureusement, il est arrivé que la concurrence a pris le dessus par moment. Certaines se sont lancées dans une concurrence déloyale, commercialisant l’activité scolaire et allant jusqu’à violer le serment du métier d’enseignant et piétiner les fondements de base d’une école qui est en réalité un sanctuaire de connaissances. C’est pourquoi nous assistons aujourd’hui à la création de certaines écoles qui ne répondent à aucun critère », a déclaré Roland Sossou, le porte-parole des fondateurs des écoles privées.

Roland Sossou, directeur général des établissements Saint-Joseph et chargé de communication de l’association des fondateurs des écoles privées

Ce responsable du groupe scolaire Saint-Joseph en a profité pour évoquer certaines difficultés auxquelles les fondateurs des écoles privées sont confrontés, avant de solliciter le soutien de l’Etat pour y faire face. « Certaines écoles sont délogées et expropriées par les propriétaires d’un jour à l’autre sans aucune intervention de nos autorités, laissant l’avenir des enfants en jeu et la lutte des fondateurs vaine pour la cause d’un combat qui relève du devoir régalien de l’Etat. Nous voulons une justice pour les écoles en location et nous voulons que désormais, l’on ne mette plus à la porte de façon fantaisiste les structures d’écoles.

Nous voulons une protection pour les écoles et la mise sur pied au sein de votre département d’une cellule litige et règlement de conflits pour ces cas entre les fondateurs et les bailleurs. Nous avons besoin d’une justice scolaire équitable et impartiale ! Chaque école lutte afin de sortir des filets des agents des impôts. Par moments, on fait face à des situations honteuses comme celle de retrouver des écoles cadenassées et des collègues enfermés dans leurs bureaux. Nous aimerions un retour au régime du temps de Mme Aicha BAH (ancienne ministre de l’enseignement pré-universitaire, où nous étions exonérées des impôts.

Nous sollicitons avoir ce statut ou ce régime particulier vis-à-vis des impôts, compte tenu de l’activité que nous exerçons, de la crise mondiale actuelle, de la période exceptionnelle que nous traversons dans notre pays, de la non existence d’une subvention pour le sous-secteur privé », a dit Roland Sossou, ajoutant que les fondateurs des écoles privées de Guinée sollicitent aussi un appui auprès de l’Etat pour l’obtention d’une subvention en nature et en numéraire. « Cela permettra à plusieurs fondateurs de s’implanter partout ou besoin y est sur toute l’étendue du territoire national et d’améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants et des cadres », a dit le porte-parole des fondateurs des écoles privées.

De son côté, le ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation a relevé la part importante qu’occupe l’enseignement pré-universitaire privé dans le processus d’enseignement/apprentissage en Guinée.

Guillaume Hawing, ministre de l’enseignement pré-Universitaire et de l’alphabétisation

Selon Guillaume Hawing, depuis que l’Etat a autorisé l’implantation des écoles privées dans le pays, « des progrès significatifs ont été enregistrés sur le plan qualitatif et quantitatif. Selon les données des annuaires statistiques de 2020- 2021 du Bureau de Stratégie et de Développement (BSD), on dénombre un total de 16 075 établissements dont 6 984 pour l’enseignement pré-universitaire privé ; un total de 2 996 204 élèves dont 1 215 980 pour l’enseignement pré-universitaire privé ; un effectif total de 82 957 éducateurs et enseignants dont 43 134 pour l’enseignement pré-universitaire privé », a-t-il indiqué.

Pour le ministre, ces chiffres doivent interpeller l’ensemble des acteurs concernés à plus d’un titre afin que chacun prenne et assume pleinement sa responsabilité. Mais en dépit de ces progrès réalisés, poursuit-il, « force est de constater que l’enseignement pré-universitaire privé comme le public enregistre de nos jours plusieurs dysfonctionnements dont entre autres : des installations frauduleuses ; le marchandage des notes ; les cas de substitution pendant les examens ; le non-respect des textes et des normes en vigueur ; l’institutionnalisation de la fraude pendant les examens nationaux ; le traitement des enseignants ; l’utilisation des réseaux sociaux pendant les examens », a déploré Guillaume Hawing.

Selon le ministre, ces pratiques impactent négativement sur le niveau de qualification de nos apprenants. « Les résultats des examens nationaux session 2022 constituent une parfaite illustration », a dit Guillaume Hawing, précisant que son département a pris des dispositions pour mettre fin à cette situation.

Il s’agit notamment de l’actualisation et la validation des textes qui régissent le fonctionnement des établissements et écoles privés (une activité déjà en cours de Réalisation) ; le renforcement des missions d’inspection pédagogique ; la formation des enseignants et la dotation en manuels au même titre que le public.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 622919225

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