Croissance du PIB, taux d’inflation, infrastructures : le ministre du budget présente le document de programmation budgétaire pluriannuelle 2023-2025

Moussa Cissé, ministre du Budget

Comme annoncé précédemment, le débat d’orientation budgétaire 2022 s’est ouvert samedi dernier, 23 juillet 2022, à l’hémicycle. Et, au cours de ce cadre d’échange entre le gouvernement et les membres du conseil national de la Transition (CNT), le ministre du Budget, Moussa Cissé, a présenté aux conseillers un « document de programmation budgétaire pluriannuelle (DPBP) » pour la période 2023-2025. Ce document s’appuie sur le cadre budgétaire à moyen terme et le cadre de dépenses à moyen terme. Et, s’il est adopté par le CNT, ce document sera l’instrument clé du pilotage des finances publiques en Guinée pour les trois prochaines années, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon le ministre du budget, le présent document de programmation budgétaire pluriannuelle s’inscrit dans la nouvelle dynamique de la refondation de l’Etat et de l’amélioration de la gouvernance publique en Guinée. Il s’appuie sur la feuille de route élaborée par le gouvernement à l’issue de la retraite tenue aux camps de Kaléya (à Forécariah) et Samoriya (à Kindia) au mois de novembre dernier. Et, il traduit la vision du gouvernement en matière d’approfondissement de la culture de la bonne gouvernance et de conduite des réformes majeures sur le plan économique et social, tout en prenant en compte les préoccupations des populations guinéennes et les défis du développement.

Sa présentation ce samedi à l’hémicycle est une opportunité d’informer de manière approfondie le Conseil National de la Transition de l’évolution, pour la période 2023-2025, des perspectives économiques, financières et sociales de la Guinée, notamment celle de la trajectoire des recettes et des dépenses de l’Etat, ainsi que des mesures de financement du budget qui seront prises.

Moussa Cissé, ministre du Budget

« Tous les secteurs économiques contribueront à raffermir la croissance sur la période 2023-2025… Les projections macroéconomiques reposent notamment sur des hypothèses de relance de l’activité économique tributaire de l’approfondissement de la cohésion sociale et de l’amélioration du climat des affaires, de l’accroissement de la productivité agricole et du lancement de la filière de transformation industrielle de la bauxite en alumine et en aluminium. Parallèlement, les perspectives économiques sont soutenues par la poursuite des efforts entrepris dans le cadre de l’amélioration de l’approvisionnement des ménages en énergie et le renforcement des  infrastructures socioéconomiques grâce à la mise en œuvre  du programme triennal d’investissement public (routes, échangeurs, barrages, hôpitaux, écoles, etc). Ces efforts réunis amélioreront à coup sûr la compétitivité de notre économie. Le cadrage budgétaire 2023-2025 tire ses hypothèses du cadrage macroéconomique stabilisé en avril 2022 par le Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan. Les grandes lignes de ce cadrage reposent sur les éléments suivants : La réalisation d’un taux de croissance du PIB de 5,6% en 2023 ; 6,2% en 2024 et 2025 ; Une maitrise du taux d’inflation (moyenne annuelle) à hauteur de 10,2% en 2023 ; 9,8% en 2024 et 8,2% en 2025 ; Un taux de pression fiscale hors mesures nouvelles supérieur à 13 % et notamment de 13,90% en 2023 ; Un taux de change stabilisé à 9 751 GNF pour 1 Dollar en 2023 ; 9 749 en 2024 et 9 745 en 2025 », a dit Moussa Cissé.

« Sur la base de ces hypothèses », a indiqué le ministre du budget, « les recettes et dons vont s’accroitre de 19,4% en moyenne annuelle sur la période pour atteindre 29 642,55 Mds en 2023, 33 792,92 Mds en 2024 et 39 098,56 Mds en 2025. Elles sont composées à plus de 82% par des recettes fiscales. Les projections des recettes pour les trois (3) régies financières s’élèvent à 89 709,94 Mds avec un taux d’accroissement moyen de 11,72%. Les contributions respectives sont de 48,93% pour la Direction Générale des Impôts, 43,79% pour la Direction Générale des Douanes et 7,28% pour la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique.

Sur la période, la fiscalité intérieure tirera nos recettes et reposera essentiellement sur les impôts sur les biens et services qui représentent 51,24% des recettes fiscales tandis que les impôts sur les revenus, les bénéfices et gains en capital contribueront pour 26,12% et les impôts sur le commerce extérieur et les transactions internationales pour 20,75%. Le taux de pression fiscale moyen du cadrage budgétaire 2023-2025 est de 13,94%, contre un minima de 20% requis dans le cadre des critères de convergence de la CEDEAO pour le financement du développement… Cette approche est minimale et n’intègre pas les mesures nouvelles qui figureront dans les prochaines lois de finances, ni les efforts propres de productivités de nos régies qui seront consignés dans des contrats de performance signés annuellement Pour les trois prochaines années, les dons sont projetés à hauteur de 13 398,77Mds dont 206,01 Mds en appui budgétaire et 13 192,76Mds en Dons projets et programmes. Les montants attendus sont respectivement de 2 949,15 Mds en 2023, 4 037,95 Mds en 2024 et 6 411,67 Mds en 2025 ».

Egalement, il résulte de la présentation du ministre Moussa Cissé que les dépenses du budget de l’Etat sont projetées globalement à 127 701,78 Mds dont 36 787,36 Mds en 2023. Leur taux d’accroissement annuel est projeté à hauteur de16 % sur la période 2023-2025.

« C’est moins que les recettes et dons que nous venons d’examiner. Cela est la traduction d’une politique de dépenses maîtrisées pour une meilleure soutenabilité de nos finances publiques… Le budget général projeté à 124 258,67 Mds se décompose en dépenses courantes pour 52,62% et les dépenses d’investissements pour 48,38%. La structure du budget général, et particulièrement celle des dépenses courantes sur la période, est constituée à hauteur de 42 % par les dépenses de transfert et 37 % par des dépenses de personnel. Les autres postes correspondent aux charges financières de la dette et aux dépenses de biens et services. Par rapport à 2022, le volume des dépenses courantes de 2023 baisse de 4,2%, car l’investissement a été privilégié comme vecteur de la croissance de notre économie. Ainsi, les dépenses d’investissements qui se chiffrent à 59 000 Mds sont financées à hauteur de 40,85% sur ressources intérieures et s’accroissent de 41,74% en 2023 par rapport à 2022 atteignant ainsi 8,5% du PIB prévisionnel. Les projections les portent à hauteur de 12,2% en 2025. Au-delà du budget général, les financements opérés pour trois budgets d’affectation spéciale représentant 3% du budget de l’Etat sont évalués à 3 443,12 Mds dont 56,88% pour le Fonds National de Développement Local (FNDL/ANAFIC), 37,13% pour le Fonds de Développement des Communes de Conakry (FODECCON) et 5,98% pour le Fonds Commun de l’Education (FCE). A l’issue de l’immersion gouvernementale et vu les résultats scolaires de l’année 2022, le Président de la Transition, nous instruit d’affecter des moyens spécifiques pour favoriser le développement local et pour dynamiser notre politique de l’éducation avec l’accompagnement de partenaires techniques et financiers… A noter que les apports attendus des partenaires au développement sur la période 2023-2025 sont évalués à 35 557 Mds, soit 61% de l’enveloppe globale des dépenses d’investissement », a expliqué le ministre du budget.

S’agissant des soldes budgétaires, le Gouvernement s’est fixé pour objectif d’élaborer et de conduire une politique budgétaire soutenable et sincère. Ainsi, « les recettes ont été évaluées de manière minimaliste afin de financer une politique de dépenses prudente et de tenir compte de la capacité de mobiliser des ressources de financement suffisantes. Sur ce point, je voudrais attirer l’attention de cette auguste assemblée sur l’initiative du Gouvernement de proposer pour la première fois dans l’histoire de la Guinée, la souscription d’obligations du Trésor. A date, plus de 700 milliards ont ainsi pu être mobilisés. Les soldes budgétaires pour les trois années représentent ainsi -3,9% du PIB en 2023,-2,8% en 2024 et -5,5% en 2025 et les ressources de financement identifiées pour la couverture de ces déficits sont projetées à hauteur de 81 841,3 Mds sur la période contre des charges de financement de 50 407 Mds… Concernant l’atteinte des objectifs de recettes à moyen terme, elle résulte de prévisions de croissance réalistes nourries d’analyses des risques pesant d’une part sur les perspectives économiques mondiales (risques externes) ; et, d’autre part, sur l’économie nationale (risques internes)… En matière d’encadrement des dépenses, des économies sont attendues à travers : la pleine application de la politique de mise en concurrence promue par notre nouveau Code des marchés publics en matière d’achat public ; la réduction volontariste du train de vie de l’Etat ; le renforcement de la fonction de comptabilisation des matières et un travail spécifique sur la subvention à l’EDG », a indiqué le ministre Moussa Cissé.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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