Procès du 28 septembre 2009 : la défense n’a pas encore accès au dossier de la procédure

L’ouverture du procès des tueries du 28 septembre 2009 est très attendue en Guinée. Il y a 13 ans, 157 personnes tombaient sous les balles des militaires, 109 femmes violées en plein jour et de nombreux autres sont portés disparus. Alors que le procès est imminent, les avocats qui défendent les accusés dans cette affaire se plaignent du fait qu’ils n’ont pas encore eu accès au dossier de la procédure. C’est ce qu’a laissé entendre maître Dinah Sampil, un des avocats du Capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte au moment des faits.

A 48 heures de l’ouverture du procès des massacres du 28 septembre, le collectif des avocats de la défense n’est pas satisfait de la conduite de la procédure. C’est maître Dinah Salifou, membre du collectif des avocats de la défense, qui en a fait l’annonce.

Me Dinah Sampil, avocat de Moussa Dadis Camara

« La défense est très mal en position par rapport au dossier parce que jusque-là il y a 13 ans depuis que les affaires ont commencé, l’instruction et la préparation mais jusqu’à date, la défense n’a pas encore accès au dossier de la procédure. Ce qui constitue un déséquilibre énorme entre le procureur qui poursuit et les avocats qui défendent, parce que le procureur bénéficie d’une maîtrise du dossier pendant que les avocats n’en n’ont aucune connaissance. Pour celui qui veut un procès équitable et juste, on devrait mettre tous les acteurs sur le même point de départ avec les mêmes arguments, que chacun aille en pleine possession de ces moyens-là. Mais lorsque c’est une seule partie qui est avantagée par rapport à l’autre, il y a déjà un hic parce que les avocats seront obligés dans ces conditions de faire des lectures rapides sans possibilité de faire corroborer ce qu’ils auront trouvé comme moyens par des jurisprudences ou par des législations ou par la doctrine », a laissé entendre l’avocat.

Selon nos informations, le Conseil de l’Ordre des Avocats a tenu une réunion technique de préparation à seulement 48 heures de l’ouverture du procès historique des tueries du 28 septembre 2009. L’avocat de Moussa Dadis Camara souligne que des démarches vont être menées pour tenter de rectifier le tir.

Me Dinah Sampil, avocat de Moussa Dadis Camara

« On sort d’une réunion technique de préparation où cela a été dénoncé de vive, et tout à l’heure, le conseil de l’ordre doit aller rencontrer le ministre de la justice et des droits de l’homme pour attirer son attention sur cet état de fait et lui demander de prendre toutes décision urgentes pour que ce défaut-là soit comblé. Au plus tard aujourd’hui, ce dossier sera mis à la disposition des avocats ».

Toutefois, Me Dinah Sampil exclut toute participation au procès avant la mise à disposition du dossier de la procédure dans les mains des avocats de Moussa Dadis Camara. « On ne peut pas aller à l’enterrement et laisser le cadavre à la maison. On ne peut aller dans un procès sans dossier, c’est aussi simple que ça », a précisé l’avocat.

A deux jours de l’ouverture du procès, Me Dinah Sampil rassure que le collectif d’avocats qui défend l’ancien numéro un du CNDD reste déterminé à assurer sa défense de son client. « Le collectif, malgré le handicap dû au fait que le dossier n’a pas été mis à sa disposition jusqu’à date, ne perd en rien son dynamisme et sa détermination à défendre ce dossier. Notre client est très serein, il est en pleine possession de ses capacités physiques et mentales, et donc il est prêt à répondre aux questions du tribunal qu’on lui posera sur les faits, puisqu’au moins, lorsque ces faits se passaient, il était présent en Guinée… ».

Le capitaine Moussa Dadis Camara est arrivé à Conakry le dimanche 25 septembre. Sa présence était très attendue par les victimes et leurs familles.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com

Facebook Comments Box