Viol sur une fille de 14 ans par un imam à Yimbaya : le procès s’ouvre au tribunal de Mafanco

Elhadj Ahmed Barry, Imam est accusé d’avoir violé une fille âgée de 14 ans dans une mosquée à Yimbaya, dans la commune de Matoto. Son procès s’est ouvert hier, mardi 25 octobre 2022, au tribunal de première instance de Mafanco. Après les dépositions de l’accusé et de la partie civile, l’affaire a été renvoyée au 03 novembre 2022 pour la comparution des témoins, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

L’affaire avait fait grand bruit en décembre 2021 à Conakry. Elhadj Ahmed Barry, imam âgé de 41 ans, aurait violé sa victime présumée dans l’enceinte de sa mosquée à Yimbaya et dans sa pharmacie à Cosa. Et, suite à ce viol, la fille était tombée enceinte et elle a accouché d’un petit garçon.

Dans sa déposition, le jeune imam diplômé en droit et théologie islamique, a nié les faits avant d’invoquer un complot ourdi contre lui par des imams avec qui il était en concurrence pour diriger la prière.

« L’histoire dans laquelle est venue s’intégrer cette fille est une histoire qui remonte à plusieurs années d’un conflit qui existe dans la mosquée (Yimbaya), après la mort du premier Imam de notre mosquée. Mon père était 3ème imam, alors la logique voulait qu’il (le premier Imam) soit remplacé par celui qui le suivait. Mon père venait après ce dernier, mais vu ses compétences la ligue a proposé que mon père soit le premier imam. Alors, la ligue est venue pour l’installer, mais il y a eu une forte opposition du chef du quartier d’alors qui est aujourd’hui devenu l’administrateur de la mosquée avec d’autres personnes du quartier. La ligue s’est retournée et elle a convoqué les deux imams. Mais, après un couvert entre eux, mon père est sorti premier, donc il a été installé comme premier imam », a relaté Elhadj Ahmadou Barry.

Abordant les faits pour lesquels il a été arrêté et placé sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry depuis le 09 décembre 2021, Elhadj Amadou Barry a expliqué que la fille l’a accusé alors qu’il n’a rien fait. Il indique qu’elle a commencé par envoyer de la nourriture dans la mosquée où il officiait comme Imam durant le mois de Ramadan 2021.

« Le premier jour des 10 derniers jours du Ramadan, cette fille est venue à la mosquée avec un petit plat de poulet pour une seule personne, elle a dit que c’était pour l’imam, on a dit que c’est moi qui était l’imam ce jour, on m’a donné le plat. Mais, je ne l’ai pas mangé et je l’ai donné aux enfants. Le lendemain, elle est revenue avec un plat au contenu semblable au premier, on me l’a donné, mais je l’ai donné aux enfants. Après j’ai demandé qui était cette personne qui envoie le manger à mon nom ? Ils ont dit qu’elle était là-bas. Donc, j’ai demandé à ce qu’elle soit appelée. Je l’ai salué, elle a répondu, après j’ai dit qui était-elle. Elle a dit être dans la cour, à côté de la mosquée. Je lui ai dit du courage. Le lendemain, j’ai vu un appel en absence. J’ai rappelé le numéro, c’est sa grande sœur qui a décroché. Je lui ai dit que ce numéro m’avait appelé et elle a dit que c’est sa petite sœur qui m’avait appelé. J’ai coupé. Après elle (la victime) m’a rappelé pour dire que c’est la fille qui t’a envoyé à manger, j’ai dit ok. On a coupé. Après le ramadan, elle est venue à la mosquée avec un groupe de filles, elles m’ont dit que ma façon de lire leur plaisait et que mes prêches les mettaient à l’aise, donc qu’elles voulaient que je leur enseigne. Mais, je leur ai dit que je n’enseigne pas les femmes. Elles sont revenues pour demander qu’une femme les enseigne dans la mosquée. Mais, je leur ai dit qu’elles devraient le faire de 14 heures à 17 heures, parce que nous serons là-bas la nuit. Mais, cette fille (la victime) a refusé, parce qu’elle étudiait jusqu’à 18 heures. Finalement, elles n’ont pas étudié là-bas. Un jour, Mamadou Binta Sylla, un jeune que l’imam encadrait, m’a appelé pour dire qu’il était avec cette fille. Donc, il lui a passé le téléphone, elle m’a salué. Finalement j’ai commencé à ignorer ses appels. Mi-novembre (2021), cette fille est allée voir ma femme pour lui dire qu’elle l’aimait par sa façon de s’habiller et qu’elle voudrait changer. Alors, ma femme a dit qu’il n’y avait pas de problème. Deux jours après, elle (la victime) a envoyé mon manger à ma pharmacie qui se trouve à Cosa. Trois jours après, elle m’appelle à 19 heures avec un numéro que je ne connais pas, avec un ton misérable. Alors, je lui ai demandé ce qui n’allait pas, elle a dit avoir des problèmes avec ses parents, donc qu’elle avait besoin de mon assistance. Après, elle est venue à la maison avec une femme que je ne connais pas, cette dernière avait un dictaphone, la fille avait son téléphone. La femme a commencé à dire que ce n’était pas un problème et que tout pouvait s’arranger. Mais, je lui ai demandé de me dire directement de quoi il s’agit. Alors, elle a dit que la fille serait enceinte et que c’est moi qui serait l’auteur de la grossesse », a expliqué l’imam.

Mais, appelée à la barre, la mère de la victime a balayé du revers de la main le récit de l’accusé. Elle a aussi dit détenir des preuves qui accablent Elhadj Amadou Barry.

« Sur son statut WhatsApp, il y a des images pornographiques. Il y a une femme qui l’a vu avec ma fille à la sorte la mosquée. Et, l’imam est venu voir mon mari pour parler de mariage. En plus, les parents d’Elhadj Amadou Barry sont venus à la maison pour dire que ce qu’il a fait Dieu va le juger, mais de régler le problème en sauvegardant le bon voisinage », a-t-elle indiqué, tout en précisant que sa famille a dû fuir son domicile à cause des menaces dont elle fait l’objet.

Le tribunal a suspendu l’audience pour aller entendre la victime à huis clos, en compagnie des différentes parties au procès.

L’avocat de la partie civile a demandé au tribunal, conformément à l’article 258 du code de procédure pénale, de faire un test ADN pour déterminer la paternité de l’enfant de cette fille. Il a été rejoint par le parquet et la défense dans cette demande d’expertise médicale.

Finalement, le tribunal a dit réserver la demande sur l’expertise médicale et il a ordonné la comparution des témoins, avant de renvoyer l’affaire au 03 novembre 2022.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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