Le ministre de la Justice a enjoint les procureurs généraux des Cours d’appel de Conakry et de Kankan d’engager des poursuites judiciaires contre Alpha Condé et 187 autres personnes, dont plusieurs de ses anciens collaborateurs. Ils sont soupçonnés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et corruption. Pour le président de l’Union des Forces Démocratiques (UFD), Mamadou Baadiko Bah, estime que la gestion sous Alpha Condé n’a jamais été transparente. Il l’a dit dans une interview accordée à un reporter de Guineematin.com dans la journée d’hier, vendredi 04 novembre 2022.
Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) est bien déterminé à juger les cadres qui se sont servis dans les caisses de l’État guinéen pour s’en mettre plein les poches. C’est dans ce cadre que l’ancien président Alpha Condé, ses anciens ministres mais également plusieurs cadres de son régime sont dans le collimateur de la justice.
Réagissant aux injonctions de poursuites du ministre Alphonse Charles Wright, le président de l’UFD, Mamadou Baadiko Bah, a tiré à boulets rouges sur la gestion du régime Alpha Condé. « Je dis que c’est absolument malheureux pour le président Alpha Condé lui-même. Nous avons tout fait depuis mars 2011, on lui a dit de déclarer ses biens. On a insisté sur le fait qu’il fallait qu’il respecte la Constitution et il s’est toujours obstinément refusé à ça, toute sa gestion n’a jamais été transparente, on n’a jamais su qu’est-ce qu’on a fait de l’argent du pays. On a eu tous les scandales possibles et inimaginables avec des avions bourrés de tonnes d’or, des avions qui partent à Dubaï ou dans les Émirats avec des dizaines de millions de dollars. On parle même plus des 700 millions de dollars versés par Rio Tinto, on sait au moins que le versement a eu lieu. Personne ne peut dire aujourd’hui dollar par dollar qu’est-ce qu’on a fait de cet argent. Donc, c’est le système qui depuis le départ était totalement vicié et emmenait ces abus-là. S’il y avait eu la mesure de précautions, la déclaration des biens, il y a beaucoup de gens qui aujourd’hui n’auraient pas eu à défendre leur honneur devant la justice, mais comme finalement ça n’a pas été le cas, regardez encore même la Cour des comptes, elle n’existe que de façon formelle. Nous sommes restés à l’Assemblée nationale en 2019, 2020, 2021, on n’a jamais pu avoir en main une loi de règlement, tout s’arrêta en 2015…. Et donc, je suis désolé, l’ancien président Alpha Condé, qu’on soit obligé de lui dire de prouver que ces accusations sont fausses et qu’il n’est pas coupable des faits graves, dramatiques puisque rien dans son comportement ne le mettait à l’abri de ça. S’il avait déclaré ses biens lui-même, il aurait hésité à faire des choses. Tout le monde sait comment fonctionnait le régime… ».
Pour cet ancien député de la 9ème législature écourtée par le coup d’Etat du 5 septembre 2021, Alpha Condé doit s’expliquer. « Aujourd’hui, c’est normal qu’on lui demande des comptes, il faut que chaque citoyen accepte qu’on lui demande des comptes, du Colonel Doumbouya jusqu’au dernier citoyen, chacun doit être justiciable de ses actes. Être mis en examen ça ne veut pas dire déjà qu’on est convaincu de culpabilité mais au moins que justice soit faite. Mais encore une fois, je regrette pour l’ancien président Alpha Condé qui n’a jamais eu de gestion transparente, jamais rien n’a été transparent et ça, c’est impossible. On ne peut pas gérer la fortune publique comme sa propre poche et à ce moment-là même si on gère bien, même si c’est justifié, il va payer la rançon de son comportement, de sa façon de gouverner en jouant avec la fortune publique comme si c’était sa cassette personnelle. C’est dommage pour lui ».
Mamadou Yahya Pétel Diallo et Ibrahima Bah pour Guineematin.com
