Les autorités de la transition ont annoncé la création d’un cadre de dialogue depuis plusieurs semaines, mais il peine encore à se mettre en place malgré les nombreuses visites des facilitatrices puis du Premier ministre dans les QG des coalitions politiques. Réfractaire pendant un bon moment, le quatuor (ANAD, RPG/AEE et Alliés, CORED et le FNCD-politique) a décidé enfin de recevoir le Premier ministre la semaine prochaine. Mais pour le président de l’Union des forces démocratiques (UFD), Mamadou Baadiko Bah, ce dialogue n’est qu’une perte de temps. Il l’a dit dans un entretien accordé à Guineematin.com dans la journée d’hier, vendredi 04 novembre 2022.
Ce leader politique rappelle que depuis l’arrivée au pouvoir du CNRD (le 05 septembre 2021), plusieurs rencontres ont été organisées sans rapporter grand-chose à la Guinée. « Depuis le 5 septembre 2021 combien de fois a-t-on eu des dialogues, des rencontres, des assises ? Les membres du CNT qui ont fait le tour du pays etc., ça a mené à quoi ? Donc, tout le problème est là, et parfois, je vous dis que c’est les mêmes qu’on envoie dans les différentes assises, différentes concertations et autres. Donc le problème, c’est d’y croire, le dialogue, on y croit ou on n’y croit pas et dans la forme actuelle, nous n’y croyons pas. C’est une perte de temps parce que c’est pour amuser la galerie, ce n’est pas pour se pencher sur les véritables problèmes de la Guinée. L’État guinéen est un État parasitaire, un État destructeur, un État corrompu, un État inutile qui n’est pas là pour le développement », accuse-t-il.
Pour résoudre les problèmes de la Guinée, Mamadou Baadiko Bah préconise la « régionalisation avancée » pour un véritable développement économique et social car pour lui, les problèmes de la Guinée ne peuvent pas être résolus par des « petites promenades protocolaires ». « La seule façon de changer ça pour le bien du pays et se donner un exemple en Afrique, c’est de promouvoir la régionalisation avancée où on va enfin mettre de côté le tout politique pour nous occuper du développement économique et social du pays dans la fraternité retrouvée, dans le travail qui est la devise de la Guinée. Et aujourd’hui, on ne travaille pas, il n’y a que les mines qui travaillent pour nourrir le pays, c’est tout le pays qui doit travailler non pas uniquement les mines. Vous avez vu ces millions de jeunes gens sans éducation, sans savoir, sans rien, sans occupation et qui sont disponibles. Je ne sais même pas si vous voyez la curiosité : avant, quand un mouvement quelconque appelait à des manifestations, par exemple un jeudi, le désordre commence le mercredi, il continue donc le jeudi et également le vendredi matin. Maintenant, la situation est telle que ces jeunes gens n’ont même plus besoin que quelqu’un donne le mot d’ordre, ils font le désordre tout seul puisque justement c’est les laissés-pour-compte, ils sont des millions. Ce sont les conséquences de la gestion catastrophique du pays depuis l’indépendance et que ce sont des troupes qui sont disponibles pour faire des actes tout à fait répréhensibles. Et on ne peut pas dire que c’est de leur faute puisqu’ils n’ont rien d’autre à faire. Donc le problème guinéen ne peut pas être résolu avec des petites promenades protocolaires, des tapes sur l’épaule, des repas dans des grands hôtels. Non, il faut mettre le doigt sur les plaies du pays et qu’on remette tous en cause pour guérir nos plaies ».
Le président de l’UFD exige au préalable une déclaration de biens du Premier ministre avant de le rencontrer. « Je dis que nous, on est un parti politique, l’un des plus vieux du pays, depuis 1990… Et on aurait été heureux de rencontrer le Premier ministre, on aurait fait des pieds et des mains pour le rencontrer, mais il est hors de question de le rencontrer avec son équipe tant qu’ils n’auront pas fait la déclaration des biens déposée au Journal officiel, comme le dit la loi », a martelé Baadiko Bah.
Mamadou Yahya Pétel Diallo et Ibrahima Bah pour Guineematin.com
