Comment sauver le fleuve Niger ? Mamady Fonfo Camara non satisfait des annonces faites devant le CNT

Le Programme intégré de développement et d’adaptation au changement climatique dans le bassin du Niger (PIDACC) est l’un des accords qui ont été unanimement adoptés par le Conseil national de la transition, ce lundi 16 janvier 2023. Ce programme porte sur la protection de l’Environnement et la préservation de la biodiversité. Avant le vote, Mamady Fonfo Camara, conseiller national, a tiré la sonnette d’alarme sur la situation du fleuve Niger qui est en train de tarir par endroits.

Mais il n’a pas été satisfait des réponses données par le ministre de l’Energie, de l’hydraulique et des hydrocarbures, au nom de son homologue de l’Environnement et du développement durable sur la question. Ce membre du CNT a estimé que les activités annoncées par le ministre ne peuvent pas permettre de sauver le fleuve Niger, a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Alors que les conseillers s’apprêtaient à voter le PIDACC, qui leur est soumis par le gouvernement, Mamady Fonfo Camara a pris la parole pour interpeller les décideurs sur une situation préoccupante. Il s’agit du tarissement du fleuve Niger, en Haute Guinée, et le fait que les projets et programmes menés jusque-là n’ont pas permis de trouver une solution au problème.

Mamady Fonfo Camara, conseiller national du CNT

« L’inquiétude que j’ai soulevée est qu’il y a eu beaucoup d’accords, il y a eu beaucoup de programmes et projets dans le bassin du fleuve Niger (projet PGRN, programme ABE) qui sont en train de réaliser presque des activités similaires aux accords pour lesquels nous avons été saisis. Mais l’impact après plus de 10, 15 ans de ces programmes sur le terrain par rapport à l’amélioration des conditions d’usage du fleuve est vraiment alarmant. Aujourd’hui, au niveau du fleuve Niger, vous pouvez traverser à pied sans que l’eau ne touche vos chevilles.

Le taux d’ensablement et le taux de sédimentation sont à un niveau très critique. Il y a aussi les problèmes liés à la destruction des galeries forestières par les activités de fabrication de briques. Aujourd’hui, c’est un constat très alarmant. Quand vous sensibilisez les gens, ils vous disent que c’est là qu’ils trouvent leur pain quotidien et que s’ils arrêtent cela, quelle autre activité vous leur proposez. C’est pourquoi j’ai conseillé aux cadres du ministère de changer d’approches afin de leur permettre d’impliquer des stratégies qui intéressent même les gens qui sont mis en cause afin de mieux gérer le fleuve Niger.

J’ai aussi attiré leur attention par rapport aux pollutions diffuses. Ce sont des pollutions qui sont d’ordre hydrique pendant la saison de pluie : l’usage des produits phytosanitaires par exemple, on n’a pas de stratégie de gestion de ces produits. Les paysans les utilisent, et quand il pleut, les polluants agricoles se retrouvent dans le fleuve, ça tue les poissons. Et par endroits, ces fleuves-là sont utilisés par la SEG, donc c’est ce que nous buvons. Ce qui est un risque encore pour la diversité aquatique mais aussi pour la vie humaine », a-t-il expliqué.

Après cette interpellation, le président du Conseil national de la transition, Dansa Kourouma, a invité le ministre l’Energie, de l’hydraulique et des hydrocarbures, représentant son homologue de l’Environnement et du développement durable, à rassurer les conseillers nationaux par rapport à cette problématique. Aly Seydouba Soumah a annoncé plusieurs actions envisagées dans le cadre du PIDACC, mais sans convaincre Mamady Fonfo Camara.

« Sincèrement, je n’ai pas été satisfait. Parce que les activités qui ont été énumérées par le ministre par rapport à la réalité du terrain, ce sont des activités qui sont diagonales. Le ministre dit qu’à la fin de ce projet, on peut penser à la navigabilité. Un fleuve que tu peux traverser aujourd’hui sans que l’eau ne te touche, parler de navigabilité de ce fleuve, c’est un souhait mais je veux bien voir ça à la fin de l’exécution de ce programme. Par rapport au reboisement annoncé par le ministre, je ne suis pas trop rassuré mais c’est des efforts à encourager.

Parce que quand tu prends le bassin du fleuve, c’est l’ensemble des surfaces où l’eau s’écoule pour venir dans le lit du fleuve. Ça concerne toute la Haute Guinée et une partie de la Forêt. Reboiser 100 hectares dans toute la Haute Guinée et la Forêt, c’est un effort bien sûr, mais ce n’est pas cet effort qui peut vraiment sauver le fleuve Niger. Il faut qu’on s’inscrive dans une dynamique structurelle de sauvegarde du fleuve Niger, les actions ponctuelles ne peuvent pas nous en sortir », a dit ce conseiller national, qui a tout de même voté le texte.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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