Grosse colère du Capitaine Dadis Camara : « si l’affaire de Marocana est vraie, que Dieu me détruise… »

Capitaine Moussa Dadis Camara, ex chef de la junte du CNDD

L’audience d’hier, mercredi 18 janvier 2023, dans le dossier du massacre du 28 septembre, a connu un accès de colère du Capitaine Moussa Dadis Camara. L’ancien chef de la junte dit n’avoir jamais été au stade où plus de 150 personnes ont été tuées le 28 septembre 2009. Mais, maître Paul Yomba Kourouma, avocat de Toumba Diakité, soutient que Dadis était au Marocana, à quelques pas du stade, pour « superviser » les opérations. Cette sortie a poussé Dadis à sortir de ses gonds, obligeant le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara à suspendre l’audience, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

« Je vous demande une doléance. Je suis à un stade où vous n’êtes pas dans mon cœur ni le procureur, le substitut et vos assesseurs » … C’est par ces paroles que le capitaine Moussa Dadis Camara a commencé lorsqu’il a voulu parler du Marocana. Pour rappel, ce mardi 17 janvier 2023, 37ème jour de procès des massacres du 28 septembre 2009, Maître Paul Yomba Kourouma affirmait détenir des preuves irréfutables que le capitaine Dadis Camara se serait rendu au Marocana en utilisant une issue de secours de la présidence au camp Alpha Yaya Diallo, pour aller « superviser » les massacres.

Très en colère contre les accusations de l’avocat du commandant Aboubacar Toumba Diakité, aide de camp du capitaine à l’époque des faits, Moussa Dadis Camara n’a pu se contrôler à la barre, obligeant le président du tribunal à suspendre l’audience pour quelques heures.

Guineematin.com vous retrace la scène :

Capitaine Moussa Dadis Camara : Je vous demande une doléance. Je suis à un stade où vous n’êtes pas dans mon cœur ni le procureur, le substitut et vos assesseurs. Ce que je compte faire monsieur le président. Il n’est pas permis devant votre auguste tribunal, monsieur le président. J’ai géré cette nation. Je vais vous dire monsieur le président, que je vais jurer monsieur le président. Ce n’est pas vous qui me l’avez dit monsieur le président. Je sais ce que c’est.

Si je suis aujourd’hui devant vous monsieur le président. Ce n’est pas ma puissance, c’est Dieu. Il est prescrit d’ailleurs, mais pour avoir servi cette nation, monsieur le président, parce que ce que je vais faire monsieur le président. Ce n’est même pas ma vie. C’est la vie de mes progénitures, monsieur le président. Je ne suis pas un fou. Si j’ai commis quelque chose, je l’assume. Je ne peux pas compromettre mes enfants et ma progéniture, monsieur le président. D’où par conséquent, monsieur le président

Président Ibrahima Sory 2 Tounkara : Ne jurez pas d’abord

Capitaine Moussa Dadis Camara : Contrairement, monsieur le président,

Président Ibrahima Sory 2 Tounkara : S’il vous plaît

Capitaine Moussa Dadis Camara : l’affaire de Marocana, je le jure

Président Ibrahima Sory 2 Tounkara : S’il vous plaît

Capitaine Moussa Dadis Camara : Je le jure

Président Ibrahima Sory 2 Tounkara : S’il vous plaît monsieur Camara, calmez-vous.

Capitaine Moussa Dadis Camara : Je le jure sur ma progéniture

Président Ibrahima Sory 2 Tounkara : S’il vous plaît

Capitaine Moussa Dadis Camara : que Dieu me détruise

Président Ibrahima Sory 2 Tounkara : Calmez-vous, calmez-vous !

Capitaine Moussa Dadis Camara : Si l’affaire de Marocana est vraie, que Dieu me détruise, que Dieu maudisse toute ma génération.

Président Ibrahima Sory 2 Tounkara : L’audience est suspendue

Capitaine Moussa Dadis Camara : Mais si ce n’est pas le cas, que le Seigneur Jésus christ puisse…

Président Ibrahima Sory 2 Tounkara : L’audience est suspendue.

Capitaine Moussa Dadis Camara : Que le seigneur Jésus christ puisse bénir ma progéniture et mes enfants.

À rappeler que le capitaine Moussa Dadis Camara, ancien président de la transition guinéenne (entre le 23 décembre 2008 et le 3 décembre 2009), est poursuivi pour « meurtres, assassinats, vols, pillages, incendies volontaires, vol à main armées, coups et blessures volontaires, outrage à agents de la force publique, tortures, enlèvements et séquestrations, non assistance à personnes en dangers, violences sexuelles, attentats à la pudeur, détention de matériel de guerre de première catégorie et complicité » comme ses 11 co-accusés. Ces crimes ont coûté la vie à plus de 157 personnes, avec 109 femmes violées, des portés disparus et des milliers de blessés, selon un bilan onusien. 

Il est le 9ème comparant à la barre, après le passage du Colonel Moussa Thiégboro Camara, du Capitaine Marcel Guilavogui, du Commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, du Capitaine Cécé Raphaël Haba, du Colonel Abdoulaye Chérif Diaby, du Colonel Ibrahima Kalonzo Camara, du Margis-Chef Mamadou Aliou Keïta et du Colonel Claude Pivi.

À suivre !

Propos recueillis et décryptés par Boubacar Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box