Mamadou Doumbouya tué par balle : une disparition qui fait pleurer son maître, Idrissa Baldé

Mamadou Doumbouya, au gang rouge sur la photo avec ses amis apprentis

Comme indiqué dans nos précédentes dépêches, jeudi dernier, 16 février 2023, à l’appel du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), une manifestation dans le grand Conakry avait fait 3 morts (Abdoul Karim BahIbrahima Diallo et Mamadou Doumbouya) et plusieurs blessés. Parmi ces victimes, figure ce jeune de 18 ans, apprenti vitrier, qui a reçu une balle à l’abdomen le jour des manifestations à Hamdallaye pharmacie avant de rendre l’âme le lendemain vendredi à l’hôpital national d’Ignace Deen. Son maître, Idrissa Baldé, interrogé par un reporter de Guineematin.com, a dit toute son émotion devant cette perte.

La manifestation du FNDC visait à exiger de la junte au pouvoir un dialogue inclusif, la libération des détenus sociopolitiques et le retour rapide à l’ordre constitutionnel. Trois jeunes ont été tués par balles à la suite de cette manifestation du jeudi 16 février.

Idrissa Baldé, maître vitrier

Contacté au téléphone par un reporter de Guineematin.com dans la journée du dimanche 19 février 2023, Idrissa Baldé, maître vitrier, inconsolable, est revenu sur ses derniers échanges avec son apprenti, Mamadou Doumbouya, blessé par balle et décédé à l’hôpital Ignace Deen. « Je présente mes condoléances les plus attristées à la famille de Mamadou Doumbouya. Je regrette que ce jeune soit arraché à la fleur de l’âge. Il avait l’ambition d’apprendre ce métier pour devenir utile à sa famille et à la société. Ce jeune, je l’ai eu en apprentissage, il y a un an ou un peu plus. Il habitait au quartier Hafia, dans la commune de Dixinn et était régulier et ponctuel au travail », a-t-il déclaré.

Sur les circonstances de la mort de Mamadou Doumbouya, Idrissa Baldé dit avoir échangé régulièrement avec son apprenti qu’il avait même tenté de dissuader de sortir le jour des manifestations. « Notre atelier est situé à Hamdallaye, au bord de la route du côté de Tour Eifel. S’il y a mouvement, on ne peut pas travailler. Donc, le jeudi 16 février, j’ai demandé à tout le monde de rester à la maison. Mais le matin, le papa de Mamadou m’appelle au téléphone pour me dire que son fils veut aller au travail. Lui-même a essayé de l’en dissuader, mais en vain. Il m’a demandé s’il y a du travail. J’ai dit non qu’il n’y a pas de travail ce jeudi à cause des manifestations et tout le monde doit rester à la maison. Même moi, je suis chez moi. J’ai échangé avec le petit. Je lui ai dit que même s’il y avait du travail, il doit écouter et respecter son papa. Ensuite, je lui ai demandé de rester à la maison puisqu’on ne peut pas travailler si ça manifeste. Finalement, c’est dans la journée que j’ai appris qu’il a pris une balle à l’abdomen et a été transféré à l’hôpital Jean Paul II pour des soins intensifs avant d’être conduit au CHU d’Ignace Deen. Je suis parti le voir le vendredi, l’opération était faite et il semblait aller bien. Il avait sérieusement soif et a demandé que je lui apporte de l’eau à boire. Mais des consignes étaient données par le personnel soignant pour ne pas lui donner à boire. Je voulais lui donner à boire mais c’était impossible de le faire. Il a insisté, en disant ‘’ maître, donnez-moi un tout petit peu d’eau, même si c’est une gorgée, j’ai soif. Aidez-moi un peu’’. On lui fait croire que je suis sorti pour lui en apporter et il est resté à dire mon nom jusqu’à son dernier soupir. Cela m’a fait verser des larmes à la sortie de là-bas, sans imaginer un seul instant que c’était la dernière fois qu’on se voyait. Finalement vers 18 h, on m’appelle pour m’annoncer la triste nouvelle », a-t-il expliqué, la gorge nouée par la douleur.

Idrissa Baldé, maître vitrier

Le décès de Mamadou Doumbouya, jeune originaire de Bomboli, dans la commune rurale de Brouwal Tappé, relevant de la préfecture de Pita, a porté à trois le nombre de morts lié à cette journée de manifestation du FNDC. Cet apprenti vitrier qui vivait avec son papa au quartier Hafia, était orphelin de mère et avait abandonné les études une année avant, en classe de 6ème année. Les deux autres jeunes qui ont perdu la vie dans ces manifestations sont Abdoul Karim Bah et Ibrahima Diallo. En attendant l’autorisation des autorités pour leur enterrement, les corps de ces victimes sont à la morgue d’Ignace Deen.

Mamadou Doumbouya, au gang rouge sur la photo avec ses amis apprentis

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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