Suspension du procureur Abdoulaye Israël Kpogomou : la réaction de l’OGDH-Labé

Abdoulaye Israël Kpogomou, procureur général près le tribunal de première instance de Labé

Suspendu depuis avant-hier (jeudi) de ses fonctions de procureur de la république près le tribunal de première instance de Labé par le ministre de la justice et des droits de l’homme, Abdoulaye Israël Kpogomou vient d’avoir un important soutien dans la région de la Moyenne Guinée. Ce magistrat du parquet a été sanctionné pour « faute professionnelle (…) ayant entraîné la détention arbitraire et illégale de monsieur Abdourahamane Diallo décédé le mercredi 22 mars 2023 à 4 heures du matin à l’infirmerie de la maison centrale alors qu’il bénéficiait d’une ordonnance de non-lieu (…) en date du 27 janvier 2023 ».

Mais, pour Idrissa Sampiring Diallo, le représentant de l’OGDH (Organisation guinéenne des droits de l’homme) en Moyenne Guinée a dénoncé « ce qui s’apparente à un piège monté par une main noire » derrière cette sanction prise par le Garde des Sceaux.

« Depuis le mois de janvier dernier, Abdourahmane Diallo, ce détenu décédé le mercredi dernier à la maison centrale de Labé, avait obtenu une ordonnance de non-lieu du juge d’instruction. Malheureusement, quelque chose a mal tourné dans la circulation de l’information à l’intérieur du tribunal. Celui qui devait prendre la décision finale n’a jamais été informé de l’existence de cette ordonnance de non-lieu par celui qui a le devoir de l’informer. Ce n’est qu’au dernier moment de la vie du détenu que le procureur a été informé, au moment où pratiquement il était trop tard. Le procureur était en tournée, j’en suis témoin en tant que partenaire, puisqu’au niveau de l’OGDH nous appuyons le parquet par le déploiement d’avocats sur le terrain. La dernière fois qu’on a échangé, il s’apprêtait à aller vers la préfecture de Mali pour contrôler la justice de paix et les OPJ. Je sais qu’il n’était pas tranquille à son bureau. Il m’avait aussi parlé d’une tournée dans les 53 collectivités pour voir les postes de police et de gendarmerie en zone rurale. C’est entre deux déplacements que l’ordonnance de non-lieu a été rendue par le cabinet d’instruction. Malheureusement, on devait lui retourner le dossier pour qu’il signe l’ordre de le libérer. Mais, le parquet n’a jamais reçu cette ordonnance de non-lieu », a déclaré Idrissa Sampiring Diallo.

A en croire le représentant de l’OGDH dans la région de la Moyenne Guinée, le procureur Abdoulaye Israël Kpogomou, est une victime dans cette affaire.

Idrissa Sampiring Diallo, membre du bureau exécutif, chargé de la coordination en Moyenne Guinée des activités de l’OGDH

« Le procureur et le juriste de l’OGDH sont régulièrement à l’intérieur de la prison pour voir les conditions carcérales. C’est dans ce cadre que nous nous intervenons pour réduire le délai de détention préventive… Le petit (Abdourahmane Diallo) ne devait pas être à la maison centrale de Labé, trois mois après l’ordonnance de non-lieu. Malheureusement, l’information soit a été cachée volontairement au parquet ou c’est parce que le greffe a des cadres qui pratiquement ne maîtrise pas la procédure et ils ont négligé de porter le dossier au parquet. Sinon des efforts sont fournis par l’actuelle équipe pour humaniser la maison centrale de Labé. Mais, personnellement, je ne suis pas surpris de sa suspension, parce que les relations n’étaient pas bonnes entre lui (procureur de Labé : ndlr) et le ministre de la justice, Charles Alphonse Wright. C’est la raison pour laquelle Abdoulaye Israël Kpogomou qui est un produit rare de l’appareil judiciaire guinéen s’est retrouvé à l’intérieur du pays. Pour preuve, il représente beaucoup d’organismes internationaux de promotion des droits de l’homme. En réalité, c’est un vrai militant des droits de l’homme qui est au parquet de Labé. C’est un point focal de beaucoup d’institutions. Il travaille avec les Nations Unies, l’Union africaine… Régulièrement il part de Labé pour assister à des conférences à Dakar, à Abidjan ou en Europe. En fait, il a été envoyé à Labé pour être sanctionné ou certainement parce qu’il porte ombrage à d’autres personnes au niveau du département de la justice. Ce qui lui arrive, c’est loin d’être le procureur Abdoulaye Israël Kpogomou. Certes, il a été piégé. Qu’elle est cette main noire qui est derrière ces manœuvres ? Nous nous interrogeons aujourd’hui, mais je peux vous garantir, en tant que militant des droits de l’homme, le procureur Abdoulaye Israël Kpogomou est un militant des droits de l’homme, il ne peut pas commettre des bêtises de ce genre », a indiqué Idrissa Sampiring Diallo.

De Labé, Alpha Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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