Conakry : 8 personnes jugées pour vol à main armée et utilisation d’armes de guerre

En audience criminelle hier, lundi 19 juin 2023, le tribunal de première instance de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma) s’est de nouveau penché sur le dossier d’un groupe de 8 accusés. Ces derniers sont poursuivis pour « association de malfaiteurs, vol à main armée, utilisation illicite d’armes de guerre et complicité ». Mais, à l’audience d’aujourd’hui, tous n’ont pas été entendus à la barre. Et, ceux qui ont déposé devant le tribunal ont tous plaidé « non coupable » des charges articulées contre eux, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Devant cette juridiction criminelle, Mamadou Alpha Barry a dit que son arrestation est une erreur. Il a aussi déclaré avoir subi des « tortures » lors de l’enquête préliminaire.

« L’affaire de coffre-fort-là, j’ai été jugé et condamné à 1 an de prison et j’ai purgé ma peine il y a très longtemps. Après, on m’a libéré. C’est Salifou Soumah que je connais. Les 4 autres, je les connais de vue. Je ne sais pas pourquoi je suis là. Quand ils m’ont amené, on m’a attaché les deux mains liées derrière, la tête en bas. J’ai subi des tortures à l’enquête préliminaire. Dans ces moments pareils, tu parles même de ce que tu ne connais pas. Comme ils ont voulu me tuer, j’ai dit ça à la DPJ. J’ai été torturé dans un bureau, même si tu cries, personne ne va t’entendre. Sinon, moi je n’ai rien vu avec Mamoudou Diallo », a-t-il déclaré.

A sa suite, le tribunal a appelé Mamadou Moussa Barry, tapissier, à la barre. Et, sans surprise, il a réfuté les faits mis à sa charge.

« Quand j’étais au centre-ville, j’étais ouvrier de profession. J’étais avec mon ami. Vu que les choses ne marchaient pas très bien, mon ami a décidé de partir en aventure en Guinée-Bissau. Je lui ai dit que s’il trouve que là-bas est mieux, de me tenir informé pour que je puisse m’y rendre aussi. Une semaine après, mon ami Abdoulaye Barry, le frère de Mamadou Barry, m’a appelé pour me remettre le numéro de son grand frère, en me disant que c’est lui qui lui a facilité la route. Mon ami m’a donné le numéro de son frère pour m’aider à voyager. Il m’a dit que son frère est un aventurier et ce dernier connaît très bien la route. Je l’ai appelé, il m’a dit d’aller à Bentouraya, quand je suis arrivé chez lui, il était absent. J’ai trouvé sa famille dans la cour. Sa femme m’a demandé les motifs de ma visite et j’ai expliqué. Après elle a appelé son mari et ce dernier m’a dit de l’attendre. À son retour, il faisait nuit, on a prié et mangé. On n’a pas pu discuter cette nuit », a déclaré Mamadou Moussa Barry.

Poursuivant, l’accusé a expliqué comment il a été interpellé par les forces de l’ordre avec Mamadou Alpha Barry et torturé à la DPJ.

« Après la prière de l’aube, quelqu’un a frappé à la porte. Les forces de l’ordre nous ont arrêtés Monsieur Barry et moi. Ils nous ont amenés à la DPJ et nous ont envoyés dans une cabine nommée cellule Mathias. Tu ne vois rien à part le noir, l’obscurité totale. Ils m’ont frappé, les uns m’ont versé de l’eau et les autres détenaient du courant. Eux, s’ils viennent là-bas c’est pour me donner des coups. Quand je leur dis que je ne connais rien dans ça, ils me frappent. À la huitième journée, vu que j’allais mourir, j’ai obtempéré et on m’a fait sortir de la salle obscure avec 7 autres personnes et ils nous ont filmés », a-t-il raconté.

Aux questions du représentant du Ministère Public, l’accusé fait savoir qu’il n’est pas une mauvaise personne à travers ses réponses.

« Je suis étonné de mon arrestation. Depuis que je suis né, c’est ma première fois d’être devant un Tribunal », a-t-il dit.

Abondant dans le même sens pour clamer son innocence, l’adjudant Salifou Soumah dit Latif, en service au BRB et accusé dans cette affaire, a réfuté les accusations portées contre lui.

« C’était un mercredi, 15 avril 2020, vers 19 heures. Je travaille au BRB numéro 2. Commandant Jean Souaré, mon responsable direct, m’a dit qu’on a une mission, de ne pas déplacer le véhicule. À 5 heures, on nous a appelés pour nous dire de venir à l’aéroport. On a appelé le commandant adjoint Souleymane Kourouma. Le commandant Jean Souaré passe la nuit chez lui. Dans notre véhicule, il y avait au moins 7 éléments. L’aéroport était notre lieu de rendez-vous. BRB numéro 1 et BRI, on les a trouvés sur place. De l’aéroport, on est allé à Coyah, Bentouraya au domicile de Mamadou Alpha Barry. Arrivé chez lui, les véhicules étaient stationnés à distance. A 7 heures, on nous a dit de nous approcher, on a tapé à la porte et il a ouvert la porte. Quand on l’a fait sortir de la cour, j’ai dit au commandant que Mamadou Alpha Barry est un ami. Quand je l’ai informé, il n’a rien dit. Il s’est déplacé. Ils sont rentrés dans sa cour, ils ont fait sortir trois coffres forts et son véhicule. Quand il est revenu, il m’a dit : ton ami-là, son cas est très sérieux. J’ai posé la question à mon commandant et il m’a dit qu’il est poursuivi pour attaque à main armée. Je lui ai dit que je ne connaissais pas Mamadou Alpha dans autre chose que la vente de médicaments. À Hermakon, on était dans le même secteur. Il vendait des médicaments à Madina », a-t-il déclaré.

Plus loin, Adjudant Salifou Soumah dit Latif a fait savoir qu’après son service, il serait directement rentré chez lui avant d’être appelé par son commandant.

« Je suis rentré chez moi. Vers 14 heures, mon commandant m’a dit de sortir au bord de la route. Une fois là-bas, on m’a envoyé au BRB et il m’a introduit au bureau, en me faisant savoir que j’avais communiqué avec le détenu. J’ai réitéré qu’il s’agissait d’un ami. Il m’a dit que cette question-là, c’est au juge que je vais répondre. Les autres détenus ont été conduits dans une cellule et moi, on m’a envoyé au bureau du commissaire Fabou. Ce dernier m’a demandé si je le connaissais, j’ai répondu que non. Alors, il m’a dit : tu vas me connaître. Immédiatement, il a appelé le ministre pour lui dire qu’il a un de ses éléments clé dans le groupe de malfaiteurs qu’ils viennent d’arrêter. Après, ils m’ont dit que comme je ne partage plus leur esprit, ils vont me radier », a raconté l’accusé en versant des larmes.

Parlant de l’acte signé lors de la première audience à l’enquête préliminaire, le policier a rejeté le contenu.

« Je n’ai jamais dit ça. J’ai refusé de signer au début, puis ils m’ont dit que si je ne signais pas ils allaient me radier de l’effectif de la police. Je suis policier, et avant d’être titulaire, j’ai fait 15 ans de bénévolat, je n’ai pas volé, ce n’est pas maintenant que je dois voler », a-t-il répondu.

L’acte étant signé par tous les accusés presque, alors le président Sekou Ibrahima Soumah a appelé à tour de rôle, les huit détenus pour la confirmation de leur signature.

Six personnes ont été entendues et deux n’ont pas donné leurs versions des faits. Le Tribunal a renvoyé l’affaire au 03 juillet 2023 pour la suite des débats.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

Tel : 628 28 61 19

Facebook Comments Box