Ce jeune guinéen croupit en prison en Algérie depuis maintenant cinq (5) ans. Comme tout autre aventurier, il espérait une vie meilleure dans ce pays du Maghreb. Mais, son espoir s’est vite transformé en calvaire. Accusé de trafic humain, il purge actuellement une peine de 15 ans de prison ferme.
Originaire de Barema, une localité de la sous-préfecture de Maci, préfecture de Pita, Ibrahima Diallo a commencé son aventure par Dakar. Dans la capitale sénégalaise, il pratiquait la couture. C’est d’ailleurs à travers ce métier qu’il est parvenu à se marier. Il a eu un enfant avec son épouse.
Du Sénégal, il débarque en Algérie. C’était en 2018. Une fois sur place, lui et deux autres guinéens (respectivement de Labé et de Télimélé) créent un réseau de passeurs des clandestins en territoire algérien. Le dernier qu’ils ont aidé à rejoindre l’Algérie est un camerounais. Mais, quand celui-ci arrive à destination, il refuse de s’acquitter du reste du montant convenu pour son entrée. Alors, ils le séquestrent. Au bout de quelques jours, le jeune leur fait une proposition qui, d’après lui, pouvait arranger le problème. C’était qu’il soit photographié avec un couteau accroché à la gorge et que les images soient envoyées via WhatsApp à sa famille pour faire croire à celle-ci qu’il allait être tué au cas où il ne payait pas ce qu’il devait à Ibrahima et son groupe. Ce qui fut fait.
Quand la famille reçoit les images, elle garde le contact avec Ibrahima Diallo. Pas parce qu’elle tenait à négocier la libération du jeune qui était séquestré, mais pour faciliter son repérage par la police algérienne au niveau de laquelle elle avait déjà porté plainte pour enlèvement, suivi de menace de mort contre un des siens.
Finalement, le plan réussit et Ibrahima Diallo, ainsi que ses deux autres compatriotes guinéens, tombent dans les filets de la police algérienne. Après leur jugement, ils sont condamnés chacun à quinze (15) ans de prison ferme pour trafic humain, séquestration et menace de mort. Ils passent les six (6) premiers mois de leur peine à la prison civile de Tamanrasset, une ville située à 1926 kilomètres d’Alger, la capitale. Ensuite, ils sont transférés dans une autre qui s’appelle El-Menia. D’ailleurs ils y sont toujours. Cette maison d’arrêt se trouve en plein désert, entre les villes d’In Salah et de Ghardaïa.
Selon nos informations, Ibrahima Diallo et ses co-détenus ont droit à un appel téléphonique chacun par mois. Mais, le destinataire doit être quelqu’un qui vit sur le sol algérien. Quant aux appels internationaux comme ceux en direction de la Guinée, ils leur sont strictement interdits. Ce qui rend impossible toute communication avec leurs familles respectives. Récemment, ils ont bénéficié d’une réduction de 5 ans de la peine qu’ils sont en train de purger. Il leur reste donc désormais 5 autres années avant d’être libérés.
La femme d’Ibrahima Diallo a dû revenir en Guinée. Un choix fait malgré elle. Mais, il le fallait car, avec l’arrestation et la lourde condamnation de son mari, la vie était devenue infernale pour elle et son enfant en Algérie. Les nombreuses démarches qu’elle a menées bien avant pour obtenir sa libération, n’ont pas abouti. Le manque de moyen financier et son statut de personne en situation irrégulière sur le territoire algérien, jouaient en sa défaveur.
La jeune femme vit actuellement une double angoisse. D’une part à cause de ce que traverse son mari depuis 2018, et d’autre part en raison du désintéressement total de la famille de ce dernier vis-à-vis d’elle. On apprend que depuis son retour à Conakry, aucun membre de cette famille ne l’a fréquentée pour la consoler, encore moins pour lui demander des nouvelles de son mari. Mais, elle dit s’en remettre à Dieu tout en espérant que celui-ci vienne en aide au père de son unique enfant.
Oury Maci Bah pour Guineematin.com
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