Audition de Damaro Camara dans son lit d’hôpital : l’ex président de l’Assemblée veut défendre son honneur à l’audience publique

Amadou Damaro Camara, ex président de l'Assemblée nationale

Accusé de détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption dans les secteurs public et privé, prise illégale d’intérêts et complicité, l’ex président de l’Assemblée nationale a été auditionné ce mardi, 18 juillet 2023, par les magistrats de la chambre de jugement de la CRIEF. C’est donc de son lit de malade (à l’hôpital de l’amitié sino-guinéenne de Kipé, dans la commune de Ratoma) que l’honorable Amadou Damaro Camara s’est prêté aux questions de la Cour. Il aurait répondu aux questions de la Cour « de façon lucide et logique », a appris un reporter que Guineematin.com a dépêché sur place.

Comme on le sait, le 25 avril dernier, la CRIEF (représentée par le président Francis Kova Zoumanigui et ses assesseurs Mamadou Tahirou Baldé et Mohamed Samoura), s’était rendue à la Maison centrale de Conakry pour entendre l’ex président de l’Assemblée nationale. Mais, puisque Mr Damaro n’avait pas comparu à cette audience qui s’était tenue dans l’enceinte de la maison d’arrêt, la Cour l’a aujourd’hui trouvé dans son lit de malade.

Me Santiba Kouyaté, avocat

« L’audition de Mr Amadou Damaro Camara dans son lit de malade s’est très bien passée. L’audience s’est passée dans un climat de convivialité. Il s’est prêté aux questions relativement à son état de santé. Mais, pour ce qui est des débats proprement dits, on a préféré attendre l’audience publique pour venir donner des explications à ce niveau. Il a répondu aux questions de façon lucide et logique. Ce dossier qui a fait couler beaucoup de salive. Donc, l’honorabilité de Mr Amadou Damaro Camara est atteinte. Dans une telle situation, les débats ne peuvent pas se dérouler à huit clos. Il a préféré venir à l’audience publique pour donner des explications, démontrer à la face du monde que les faits qui sont articulés contre lui ne tiennent pas. Mr Amadou Damaro Camara a toujours exprimé la volonté de se présenter à l’audience publique. Il ne s’est pas présenté jusqu’à date parce que son état de santé ne le permet. Il a dit tout à l’heure que quand on perd de l’argent, on n’a rien perdu. Mais, quand on perd sa réputation, on a tout perdu. À cause de ce dossier, la réputation de Mr Amadou Damaro Camara est entamée. Il viendra donc à l’audience publique pour dire à l’opinion nationale qu’il est blanc comme l’eau de roche. On ne sait pas de quoi demain sera fait. En tout cas, s’il recouvre sa santé, si son état de santé le permet, il viendra se débattre contre les faits articulés contre lui. Une fois encore, je l’ai dit et je vais le répéter, ce sont des faits qui ne tiennent pas. Il a répondu aux questions de façon lucide et logique, sa santé intellectuelle n’est pas entamée », a fait savoir l’avocat de la défense, Me Santiba Koyaté.

Profitant de cette occasion, Me Santiba Koyaté plaidé pour le respect du droit dans cette procédure espérant qu’en le faisant son client pourra recouvrer sa liberté. « Aujourd’hui encore, comme toujours, ce que nous demandons, c’est que le droit soit respecté. Si le droit est respecté, je vous assure que Mr Amadou Damaro Camara rentrera à la maison ».

À rappeler que parmi les coaccusés de Damaro Camara, il y a un homme d’affaires : Jun Sun Cheng, alias « Kim », le patron de plusieurs sociétés implantées en Guinée (Topaz, Forêt Forte, les Tours Jumelles de Koloma, Castole, la société minière Mining à Siguiri). Cet homme d’affaires chinois- qu’on disait proche des dirigeants qui se sont succédé à la tête de notre pays depuis le Général Lansana Conté (2ème président de la République de Guinée) qui s’est installé en Guinée depuis 1986- est accusé dans ce dossier de 15 milliards de francs guinéens destinés à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale et qui auraient été détournés avec Amadou Damaro Camara (qui était chef du législatif guinéen), les deux ex questeurs (Michel Kamano et Zenab Camara (alias Ze Pharell), Abdoulaye Bernard Keïta (qui présidait le comité technique de suivi du projet de construction du siège de l’Assemblée nationale), ainsi que Lounceny Camara (décédé en détention le 20 août dernier) qui présidait la commission Aménagement du territoire, transports, énergie et hydraulique de la dernière Assemblée nationale (dite Assemblée Covid19) et vice-président du comité technique de suivi du projet de construction du siège de l’Assemblée nationale.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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