Inondations à Coyah : « tout le monde était là, coincé ; on ne savait plus quoi faire » (victimes)

Comme indiqué dans nos précédentes dépêches, plusieurs quartiers de Coyah ont été fortement inondés suite aux fortes pluies survenues dans la nuit du samedi au dimanche, 7 août 2023. Plusieurs citoyens de la commune urbaine ont été piégés par les eaux dans leur sommeil. C’est le cas au secteur Kaléma, relevant du quartier Fily 1, où des concessions ont été fortement impactées avec d’importants dégâts matériels enregistrés.

Rencontrés dans la journée d’hier, lundi 7 août 2023, les sinistrés disent avoir passé une situation jamais connue à Coyah, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Amara Kourouma, une des victimes au quartier Fily 1, revient le calvaire auquel ils étaient obligés de faire face. « C’est aux environs de 5 heures qu’on nous a réveillé, pour nous dire de sortir de la maison parce que l’eau montait. Du coup, on s’est précipités pour superposer certaines de nos affaires au salon, ensuite, on a cherché d’abord à faire sortir les enfants. C’est ainsi qu’on a fermé nos maisons pour venir se regrouper au même endroit au dehors. Presque tout notre secteur était regroupé sous un manguier où l’eau nous prenait au genou. On était tous dans l’eau, il n’y avait pas où aller pour rejoindre la terre ferme.

Amara Kourouma, victime d’inondation

Le matin, on a vu les équipes de la Croix rouge et quelques journalistes arrêtés au bord de la route. Mais, ils ne pouvaient pas venir vers nous. On a appris aussi que le ministre de l’administration du territoire est à Coyah qu’il arrive à Fily, mais on ne l’a pas vu. Même s’il venait, il ne pouvait pas entrer parce que l’accès n’était pas là. Tout le monde était là, coincé, on ne savait plus quoi faire. On a passé toute la journée comme ça, inaccessible. Ici à Kaléma, nous avons perdu la nourriture, les documents, les téléphones, quelques motos et même un véhicule a été emporté par l’eau. Hier dimanche, on a passé toute la journée sans manger. Nous lançons un appel au gouvernement et à toutes les personnes de bonne volonté pour nous venir en aide. Nous sommes dans le besoin. On a besoin surtout de médicaments pour les personnes malades qui sont parmi nous. Nous avons besoin de nourriture », a lancé ce jeune homme.

Non loin de là, se trouve madame Diallo née Mama Diaby. Réveillée en catastrophe par un voisin, cette mère affirme que Coyah n’a jamais enregistré une telle catastrophe. À l’en croire, rien n’a été épargné par l’eau dans sa maison.

 

Mme Bintia Camara, tutrice du défunt

« En 2019, Coyah a enregistré le même cas d’inondation. Mais, cette fois-ci, c’est pire. Moi, c’est un voisin qui m’a appelé au téléphone à 5 heures pour me demander si je dormais encore, j’ai dit oui. Il m’a dit alors de me réveiller et d’ouvrir ma porte. Dès que j’ai ouvert la porte, l’eau m’a attaqué directement. L’objectif maintenant, c’était de sauver ma fille et moi-même, puisque mon mari n’est pas là. C’est un voisin qui est venu me chercher en courant, il a mis ma fille au dos pour rejoindre l’autre groupe et puis moi je me suis débrouillée pour y aller. Depuis hier, je n’ai rien mangé. Même de l’eau je n’ai pas bu. D’ailleurs on n’a pas d’eau potable ici. Hier, notre puits a été englouti par les eaux sales qui se sont déversées dedans. J’invite donc les autorités de nous venir en aide. Mes habits et ceux de ma fille, la télévision, le matelas, le congélateur, tout est gâté. Il n’y a plus rien dans ma maison », se désole la dame.

Tout comme au centre-ville, à Manéah Bananeraie également, plusieurs concessions ont été touchées. C’est le cas d’une école privée qui a vu sa clôture s’effondrer sous l’effet de l’eau. Saa Olivier Millimouno, cofondateur du groupe scolaire Maître Olivier Sidibé, explique les dégâts enregistrés au sein de cette école privée.

« Comme vous le voyez derrière moi, l’école a été beaucoup impactée, nous avons perdu beaucoup de documents pédagogiques, les murs ont cédé, les salles de classe complètement inondées. C’est pourquoi aujourd’hui, nous avons mobilisé quelques élèves de l’établissement pour nous aider à nettoyer : enlever la boue dans les salles. Donc, depuis hier dimanche nous étions dans l’eau et on ne pouvait rien faire au regard de la forte précipitation. La direction du primaire, il y avait deux ordinateurs bureautiques, les documents pédagogiques, les livres, les livrets… tout a été mouillé. Il y a une forte quantité de boues qui a été déversée dans les classes. La fondation est déjà en train de mettre tous les moyens pour réhabiliter les documents. C’est l’occasion aussi d’interpeller les autorités de l’éducation notamment le département de nous aider parce que la perte est énorme. Nous mettons aussi les parents d’élèves en confiance que nous sommes à pied d’œuvre pour réhabiliter tout ça », a dit ce responsable de l’établissement.

Pour sa part, Mme Mariama Tala Barry, une autre victime des mêmes inondations. Elle dit avoir tout perdu. « Ce que j’ai vu ici hier, c’était juste incroyable. Moi je suis malade et mon mari est allé en mission en Forêt. Dans la matinée du dimanche, ce sont les cris des voisins qui nous ont réveillés. La situation nous a pris au dépourvu. On n’a rien pu sauver. Tous nos effets sont mouillés, même le sac de riz… ».

À noter que plusieurs vieilles personnes et des malades, réfugiés dans des concessions, ont été éprouvées par ces pluies diluviennes. Ils demandent l’envoi des matelas pour remplacer ceux qui sont mouillés.

Aboubacar Kourouma, victime d’inondation

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél : 626-66-29-27

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