Saison pluvieuse à Conakry : le cri de cœur des pêcheurs et fumeuses de poissons au port de Kaporo

En cette période de grande pluie à Conakry, les pêcheurs artisanaux sont très éprouvés. L’insalubrité de la mer et les vents violents constituent pour eux un grand calvaire pour une bonne pêche. Et, les conséquences se font sentir chez les femmes fumeuses de poissons.

Au port de pêche de Kaporo (dans la commune de Ratoma) où un reporter de Guineematin.com s’est rendu hier, vendredi 11 août 2023, Soryba Camara, pêcheur, est revenu sur les difficultés du moment.

Soriba Camara, pêcheur

« En cette période pluvieuse, nos difficultés commencent au niveau de l’insalubrité de la mer. Pourquoi je dis ça, la façon dont la mer de notre pays est sale, dans les autres pays, ce n’est pas du tout pareil. Ici, il y a beaucoup d’étrangers qui travaillent dans la pêche traditionnelle, mais personne ne prend l’initiative pour voir comment nettoyer. Pourtant, c’est ici que nous travaillons tous. Aussi, les filets qu’on utilise pour pêcher ne sont pas de la garantie, et c’est pourquoi d’ailleurs on ne pêche pas actuellement de gros poissons, parce qu’on on a pas de bons filets. Le peu de poissons qu’on pêche, quand on envoie, on ne gagne pas beaucoup d’argent là-dessus. Et s’il n’y a pas d’argent, on ne peut pas prendre soin de nos pirogues, ni acheter de bons filets. Avant, quand il y avait de gros filets, on s’en sortait bien. Mais, actuellement, c’est plus pareil. Pendant ce mois d’août, ce qui est dans la mer, c’est Dieu seul qui sait. La mer est remplie de déchets, ce qui nous empêche d’ailleurs de pêcher pendant cette saison pluvieuse. Un déchet qu’on appelle ‘’Makalé’’. Quand ce déchet entre dans ton filet, tu es obligé d’abandonner le filet où tu meurs. Donc, c’est pourquoi dès qu’on sent le déchet, on quitte la partie. A cela s’ajoute le vent violent », a-t-il expliqué.

Pour cet autre pêcheur, Issiaga Soumah, c’est surtout le mois d’août qui est éprouvant pour les pêcheurs artisanaux.

Issiaga Soumah, pêcheur

« Les difficultés qu’on rencontre ici, c’est pendant la saison pluvieuse, surtout le mois d’août. Quand il y a du vent, on ne peut pas bien pêcher. Parfois le vent nous trouve en plein mer, et ça nous empêche de pêcher. Des bateaux aussi qui font naufrage. Donc, dès que le mois d’août arrive, on fait une réunion pour expliquer à certains de nos confrères à prendre leurs dispositions pour éviter les dégâts à répétition… La pêche artisanale est très difficile, on rencontre beaucoup de difficultés », a-t-il indiqué.

De son côté, Belba Sylla, fumeuse, se plaint du manque de poissons.

Belba Sylla, fumeuse de poissons

« Quand on fume les poissons aujourd’hui, on peut faire deux à trois jours avant d’avoir encore de poissons. Et, vous savez c’est quoi la cause ? Quand il pleut et qu’il y a du vent, les pêcheurs ne peuvent pas très bien pêcher. Donc, sans les pêcheurs, nous ne sommes rien. C’est quand ils envoient le poisson que nous on fume. Parfois on est obligé d’aller jusqu’à Kenien pour chercher les poissons. Avant-hier, la pluie qui est tombée à gâter la pirogue de mon neveu. Dieu merci il n’y a pas eu de mort, mais le vent et la pluie ont gâté tous ses matériels. Il est assis aujourd’hui, il ne travaille pas », a-t-elle déploré.

Déchets appelés Makalé qui empêchent de pêcher les poissons

 

Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

Tel : 621937298

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