La junte au pouvoir au Mali a annoncé le report de l’élection présidentielle dans ce pays voisin, initialement prévue pour le 04 février 2024. Ce report suscite des inquiétudes en Guinée depuis un certain temps, notamment dans les rangs des Forces vives. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, Honorable Mamadou Cellou Baldé, coordinateur des fédérations de l’UFDG de l’intérieur, estime que les juntes veulent s’éterniser au pouvoir. Mais, les forces vives ne l’accepteront pas.
Pour Cellou Baldé, le report des élections au Mali était prévisible, et c’est le même schéma qui se dessine pour la Guinée. « Je crois que le report des élections au Mali n’est pas une surprise pour tous les acteurs politiques et observateurs avertis de la scène politique sous-régionale. Les juntes qui sont venues au pouvoir, notamment au Mali, au Burkina, en Guinée, et maintenant au Niger, ne sont pas venues pour restaurer l’ordre constitutionnel et partir. Il suffit d’analyser tout ce qui a été fait en termes de manipulation de l’opinion, en termes d’exclusion de la classe politique représentative et ce qui a été fait aussi en termes d’initiatives unilatérales. Aussi bien en Guinée et ailleurs, nous nous acheminons vers le report », estime Cellou Baldé.
Pour ce qui est de la Guinée, l’ancien député est revenu sur les raisons concrètes qui bloquent le processus de retour à l’ordre constitutionnel. « En Guinée, nous sommes déjà dans le non-respect de l’agenda dynamique des 24 mois. Vous savez, c’est depuis le 04 Décembre 2022 que la décision a été prise par la CEDEAO. Aujourd’hui, nous sommes au 10ème mois, il reste pratiquement 14 mois. En tant qu’expert du processus électoral depuis une quinzaine d’années, je sais pertinemment les activités qu’il y a à mener. Etant donné que rien n’a été fait sur le terrain jusqu’à maintenant, nous n’avons même pas encore l’avant-projet de Constitution qui est présenté, nous n’avons pas un projet de code électoral, nous n’avons pas un projet de loi relatif à l’organe de gestion des élections, ni une visibilité par rapport au fichier électoral, sans compter la rançon de 600 millions de dollars. Il reste 14 mois et ce qui est mis dans l’agenda dynamique, aujourd’hui nous sommes déjà dans le glissement. En plus, avec les discours, nous comprenons aisément que la junte au pouvoir en Guinée n’est pas prête pour partir. Pour eux, il faut travailler sur le plan social, après avoir mis en place l’économie pour terminer à la politique. Tout ça dénote que le CNRD ne veut pas organiser un retour à l’ordre constitutionnel », soutient-il.
Devant cette situation, le coordinateur national des fédérations de l’UFDG met en garde le CNRD. « Je l’avais dit, le CNRD va se retrouver à la croisée des chemins. À chaque fois que les partenaires et la classe politique levaient le petit doigt, le ministre de l’Administration du territoire mobilisait rapidement ce qu’ils ont appelé de leur côté, le comité de suivi et le comité de pilotage pour dire voici l’état d’avancement. Mais rien n’en est. Le mensonge ne va pas tenir longtemps, très bientôt le CNRD sera obligé de faire comme le Mali, de venir à la face du monde, pour nous donner des arguments fallacieux et justifier un report des échéances de 24 mois. Ce que j’ai envie de dire, c’est que la classe politique est suffisamment organisée et donc aujourd’hui, les masques sont tombés, nous savons pertinemment que les gens ne veulent pas organiser les élections. Ils veulent confisquer le pouvoir pour s’éterniser. De notre côté, nous ne nous laisserons pas faire, ce qu’on n’a pas accepté pour le Capitaine Dadis, parce que c’est la même posture, ni pour « l’élection démocratique » de Alpha Condé, que nous avons barré pour l’empêcher d’aller au-delà de son 2ème mandat, mais nous ne l’accepterons pas pour le Colonel Mamadi Doumbouya et son CNRD », a-t-il martelé…
Ismaël Diallo pour Guineematin.com
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