Azali Assoumani à Alpha Condé : « Il y a eu 3 alternances politiques dans mon pays »

Le président de la République Alpha Condé a reçu son homologue de l’Union des Comores, monsieur Azali Assoumani, dans l’après-midi de ce mardi 16 janvier 2018. Après les hymnes nationaux des deux pays et les salutations protocolaires, l’hôte de Conakry a accepté de parler à la presse. Guineematin.com vous propose l’intégralité des propos du président de l’Union des Comores, prononcés tout à l’heure à l’aéroport de Conakry.

Vous savez lui (le président Alpha Condé, Ndlr), c’est votre président ; mais, c’est mon grand-frère. A chaque fois que je peux venir prendre ses bénédictions, je ne manque pas les occasions. La Guinée est un grand pays, un pays d’histoire. Vous qui êtes nés hier, vous allez voir, vous allez comprendre l’action de la Guinée qui a été vraiment un catalyseur, qui a été une voie pour les indépendances en Afrique. Toute l’Afrique doit à la Guinée.

Si je suis venu voir ce grand-frère avec sa sagesse, c’est aussi parce qu’il préside l’Union africaine. Donc, très sincèrement, c’est un grand. Ce que j’ai vu aujourd’hui comme accueil, je pense que c’est un sage. C’est pour m’inviter pour une visite officielle. Voilà le message qu’il a voulu me donner. Mais, très sincèrement, ça aurait été une visite privée, très privée, parce que je viens aujourd’hui et je repars demain. Donc, ce n’est pas une visite destinée à parler des relations entre la Guinée et les Comores. On a besoin d’en parler, de consolider, parce que voyez les étudiants qui étaient là. Après le Maroc, c’est la Guinée qui a accueille le plus grand nombre d’étudiants comoriens. Pendant l’indépendance, quand on a coupé avec la France, c’est la Guinée qui nous a accueillis. Donc, aujourd’hui, l’administration comorienne, les cadres comoriens ont été formés en Guinée.

Donc, la Guinée est un pays avec lequel on a des relations capitales. Nous devons les consolider et aller de l’avant dans l’intérêt de nos deux pays mais aussi de l’Afrique. Parce qu’on a eu ce grand monsieur comme président de l’Union africaine. Bon, là, on a voulu renouveler le mandat ; mais, il ne veut pas. Mais, on va changer les structures de l’Union africaine parce que quand on a une personne comme ça, ça veut dire en Guinée il faut avoir un très bon Premier ministre parce que avoir une personne qui s’occupe de l’Afrique comme ça. En tout cas, il a les capacités.

Mais, très sincèrement, les Comores ont décidé par le biais de la société civile, mais aussi des grandes personnalités de faire un bilan des 42 ans d’indépendance, dans un pays qui a vécu des moments difficiles, un pays qui a vu deux chefs d’Etats. Un chef d’Etat qu’on a déporté… Je ne parle que de ça et d’autres éléments qui ont fait qu’on a décidé de faire le bilan. Parce que c’est une gestion qui a été faite dans le cadre de la cohésion nationale et l’apaisement ; c’est-à-dire qu’on ne veut pas accuser Azali parce que ça ou ça. Moi, je suis venu au pouvoir en 1999 et lui en 2002… En 2006, j’ai décidé de partir en respectant la constitution. Malheureusement, mon successeur a voulu modifier la Constitution ; mais, le peuple a refusé. Et, là, on a un système de tournage qui a fait que ça revient dans mon île natale, j’ai postulé, les comoriens m’ont fait confiance. Mais, avant que je ne sois là, depuis 2012, depuis des années, il y a des sages qui ont dit que le moment de faire le bilan est venu. Bon ! Mon prédécesseur n’a pas voulu m’accompagner. Quand ils sont venus, moi, je dis je prends. Un bilan qui consiste à faire le bilan des 42 ans d’indépendance. Effectivement, pour essayer de préparer un meilleur avenir pour le pays. Parce que moi j’ai réclamé depuis longtemps un Comore émergeant.

Donc, pour moi, c’était vraiment l’occasion de tracer la feuille de route. Donc, cette feuille de route, les partis politiques ont un programme à eux, mais ils doivent l’adapter à cette feuille de route nationale. Parce que le programme politique, c’est mon parti ; mais, ces assises-là, ils vont définir un programme aussi bien socioéconomique, culturel mais politique. Donc, c’est un moment quand-même très important ; et, quand j’ai parlé à mon grand-frère, franchement, il m’a encouragé, il en a parlé au président de la commission de l’Union africaine. Donc, j’en ai parlé au secrétaire général des Nations Unies… Ça dénote effectivement les bonnes relations entre la Guinée et les Comores. Il (Alpha Condé) a vu Gouteres ; mais, il n’a pas parlé seulement des problèmes de la Guinée, mais il a parlé de ce problème des Comores, de ces assises. Gouteres a accepté, il nous a envoyé une éminente personnalité et vous avez vu comment les travaux se déroulent. Donc, on a eu un problème d’agenda. Au lieu de lui envoyer une lettre protocolaire, on l’a fait. Mais, quand-même, la relation qui existe entre lui et moi, sa personnalité et son rôle qu’il fait à l’Union africaine mérite que je fasse un déplacement. Donc, je suis venu spécialement pour ça aujourd’hui. Pour lui parler de ce report (les assises, Ndlr) et lui dire pourquoi on a reporté. Et puis, avoir toujours son accompagnement parce qu’il a décidé de nous accompagner. Donc, vous allez nous excuser, on va parler en off ; car, demain, je partirai parce que la commission technique va se réunir le 5 février.

Je suis donc venu en parler avec lui, on va essayer de voir comment l’accompagnement se fera. On va faire en sorte qu’on ait aussi des personnalités techniques, mais des personnalités de hauts niveaux aussi bien à la session d’ouverture qu’à la session de clôture. L’objectif est de faire en sorte que les recommandations qui sortiront de ces assises soient pertinentes. Nous pensons que c’est une très bonne opportunité pour notre pays. Maintenant qu’il y a eu l’apaisement, on a eu des élections dans un très bon climat, reconnu par la communauté internationale. Donc, on a gagné, il y a eu des oppositions, mais l’opposition a accepté de participer à ces assises. On veut le capitaliser pour qu’effectivement les gens regardent le problème du pays au lieu de regarder leurs problèmes personnels. Parce qu’aux Comores, on a une jeunesse qui fait 65% de la population, on doit quand-même s’occuper du devenir de cette population parce que le devenir de cette jeunesse, c’est notre devenir. C’est-à-dire qu’on a une jeunesse formée, occupée. Nous, on peut dire Dieu merci parce que c’est depuis 2002 qu’on a mis en place le système ; le pays a retrouvé la paix et la stabilité, il a eu trois (3) alternances politiques qui font que c’est l’opposition qui détourne le pouvoir. Donc, là, c’est un acquis ; on doit le consolider de façon à ce qu’il puisse se pérenniser. On veut que l’Afrique soit comme les autres pays, ça se voit, l’Afrique commence à aller de l’avant.

Donc, voilà un tout petit peu les raisons de mon déplacement ici chez mon grand-frère. Donc, je profite de l’occasion pour lui présenter mes vœux de bonne et heureuse année, je lui ai écrit. Mais, c’est l’occasion, à travers lui, son gouvernement et tout le peuple de Guinée, un peuple frère que cette année soit une année de bonheur, de prospérité. Aussi, le remercier aussi pour cet accueil qui pour moi est une surprise. Mais, quand ça vient de lui, je devais m’attendre. Avec lui, on va décider d’une visite officielle, çà prendra beaucoup de temps pour parler de beaucoup de choses. Je vous remercie.

Propos recueilli à l’aéroport de Conakry par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tel. (00224) 621 09 08 18

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