Binta Diallo : les policiers ont tiré sur Thierno, empêché qu’on l’aide et menacé de tuer d’autres…(interview)

Fatoumata Binta DialloMadame Fatoumata Binta Diallo est la belle sœur de Thierno Hamidou Diallo, le jeune qui a été tué par la balle d’un policier le mardi dernier à Bambéto, après la marché de l’opposition. Et, c’est chez elle que le défunt était quand il a été assassiné. Hier, jeudi 18 août 2016, Madame Diallo a accepté de confier à Guineematin.com ses sentiments, surtout la façon dont Thierno a perdu la vie. Émouvants émouvants !Interview et décryptage.

Guineematin.com : Belle sœur du défunt Thierno Hamidou Diallo qui a été assassiné d’une balle et on nous apprend que vous étiez ensemble ce jour. Expliquez-nous comment les choses se sont passées ?

Fatoumata Binta Diallo : C’était aux environs de 16 heures, 17 heures, on avait fini de manger. Après, je lavais les habits des enfants. Lorsque j’ai fini de laver, je partais pour les suspendre au niveau de la véranda. Il (le défunt Thierno Hamidou Diallo : ndlr) m’a dit de lui donner, il va m’aider à les suspendre. C’est en ce moment que j’ai entendu le tir. Le moment pour moi de dire ‘’Thierno rentre’’, je l’ai vu tomber. Il a attrapé son cou. J’ai vu le sang couler et j’ai appelé mon mari au secours.

Guineematin.com : Qu’est-ce que vous avez fait directement quand vous l’avez vu tomber ?

Fatoumata Binta Diallo : J’ai l’ai appelé en demandant ‘’Thierno on a tiré sur toi ?’ ’, il n’a pas répondu. J’ai crié pour appeler au secours. J’ai dit ‘’Aidez-moi, ils ont tiré sur Thierno’’. Les gens sont venus.

Guineematin.com : On nous a dis que vous étiez au troisième étage… 

Fatoumata Binta Diallo : Oui ! Nous étions au troisième étage.

Guineematin.com : Dites-nous un peu comment vous avez vécu ces moments. Etant une femme et à l’absence des hommes, vous voyez un jeune tomber sous l’effet d’une balle. Comment vous vous êtes sentie ?

Fatoumata Binta Diallo : C’est inexplicable.  Je ne veux jamais revivre ces moments. J’ai vu Thierno tomber devant moi (pleure). J’ai l’ai appelé ‘’Thierno, Thierno, Thierno’’, il n’a pas répondu. Il était déjà mort sur le coup.

Guineematin.com : Il n’a rien dit quand vous l’avez appelé ?

Fatoumata Binta Diallo : Il n’a pas dit un seul mot. Il n’a même pas levé le petit doigt.

Guineematin.com : Donc, c’est sur place qu’il est décédé ?

Fatoumata Binta Diallo : C’est sur place qu’il est mort. Ils l’ont pris pour l’amener à l’hôpital qui se trouve à côté, chez docteur Touré. Ils ont bloqué l’hémorragie et après, ils l’ont transféré vers l’hôpital Mère et Enfants. Au bout de 15 à 20 minutes, on nous a appelés pour dire que Thierno est décédé. Mais, moi je savais que Thierno était déjà mort. Au moment où Thierno est tombé, il m’a attrapé ici (elle montre son bras), j’ai vu Thierno expirer son dernier souffle.

Guineematin.com : Nous avons appris que la police a empêché la famille de l’évacuer très rapidement vers l’hôpital ?

Fatoumata Binta Diallo : Très bien même. Ils ont même jeté du gaz lacrymogène sur nous. Ils ont chassé les gens qui nous aidaient. C’est mon mari seul qui a pris Thierno pour le faire entrer à l’hôpital. Ils ont dit qu’ils vont tuer d’autres encore et s’il le faut, ils vont nous tuer tous.

Guineematin.com : Certaines disent que Thierno Hamidou était entrain de filmer les évènements ?

Fatoumata Binta Diallo : Ce n’est pas vrai. Thierno ne filmait pas. Il n’avait même pas de téléphone. J’avais ses téléphones avec moi dans ma chambre. Il ne filmait pas ; mais, ne faisait que suspendre les habits. C’est en ce moment qu’il a reçu le coup.

Guineematin.com : Avant sa mort, quelle activité Thierno Hamidou exerçait ?

Fatoumata Binta Diallo : Il était commerçant comme mon mari.

Guineematin.com : Où se trouvait sa place et il vendait quoi ?

Fatoumata Binta Diallo : Il vendait des matelas à Hamdallaye.

Guineematin.com : A quel niveau à Hamdallaye ?

Fatoumata Binta Diallo : Au niveau de chez Colonel Chérif. Juste en face.

Guineematin.com : Et qu’est-ce que vous demandez maintenant aux gens ?

Fatoumata Binta Diallo : Je remercie tous ceux qui sont venus et ceux qui n’ont pas pu venir. Je sais qu’ils compatissent aussi à notre douleur.

Guineematin.com vous adresse ses condoléances les plus attristées.

Fatoumata Binta Diallo : Merci beaucoup.

Interview réalisée par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

 

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