Payement du droit d’auteur : les artistes accusent, le BGDA se défend

L’humanité a célébré ce jeudi, 26 avril  2018, la journée mondiale de la propriété intellectuelle, qui est « un droit juridique à une idée, à une invention ou à une création industrielle ». Dans le domaine des arts, de nombreux guinéens font preuve d’ingéniosité sans pour autant bénéficier des retombées de leur création. Les artistes rejettent la responsabilité sur les autorités qui soutiennent le contraire, a appris sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Autrement appelé droit d’auteur, il consiste à protéger les œuvres artistiques, dramatiques, musicales et littéraires, de manière à ce qu’elles ne soient pas copiées, ni représentées, ni diffusées sans l’autorisation de l’auteur.

À l’occasion de cette journée mondiale de la propriété intellectuelle, un reporter de Guineematin.com est allé à la rencontre des auteurs et des défenseurs des droits d’auteur.

Beaucoup d’artistes accusent les utilisateurs des œuvres artistiques de ne pas payer les droits d’auteur et rejettent la responsabilité sur le Bureau Guinéen des Droits d’Auteur (BGDA). C’est le de Mamadou Lamine Diallo, plus connu sous le nom de Mamadou Thug, opérateur culturel et artiste comédien. « Le droit d’auteur n’est pas respecté parce qu’aujourd’hui, il y a plusieurs radios qui ne payent pas le droit d’auteur, il y a plusieurs bars, plusieurs boîtes de nuit, plusieurs restaurants qui ne payent pas le droit d’auteur. Les partis politiques qui utilisent la musique des artistes, ils ne paient pas le droit d’auteur et il y a plein de personnes aussi qui utilisent de la musique, de la comédie pour l’animation culturelle. Ça appauvrit les artistes », estime le comédien.

Notre interlocuteur prend pour exemple les élections communales  passées. « Il n’y a pas un parti politique qui n’a pas utilisé la musique Tourou-tourou mais aucun parti…. Certes, c’est les partis politiques, mais j’accuse le BGDA, qui n’a pas pu relever le défi afin que ces artistes qui ont chanté Tourou-tourou que nous gérons au sein de notre label puissent percevoir leur droit d’auteur. Ça fait mal. Demain, ces artistes peuvent tomber malades, alors qu’elles n’ont pas un fond direct. Ça, ça fait mal. La dernière fois, on m’a dit que e BGDA a demandé aux promoteurs d’une marque de mayonnaise de payer le droit d’auteur, ils ont payé. Mais, est-ce que le BGDA a reversé ce droit aux artistes ? Il y en a beaucoup d’autres qui payent comme ça. Mais le BGDA ne reverse pas le droit aux artistes », accuse Mamadou Thug.

L’artiste comédien demande à ceux qui ne payent pas le droit d’auteur, notamment les médias, de s’acquitter de leur obligation afin de permettre au BGDA de rétablir les artistes dans leur droit.

Joint au téléphone, Abbass Bangoura, directeur général du BGDA, est revenu sur le payement du droit d’auteur avant d’accuser les médias privés de n’avoir jamais payé le droit. « L’Etat est le plus grand utilisateur des œuvres en même temps, il est le plus grand payeur. D’abord, je dirai que nul n’a le doit d’utiliser l’œuvre intellectuelle de quelqu’un sans son accord préalable. L’année dernière, au compte du droit d’auteur, l’Etat a payé trois milliards cinq cent mille francs guinéens. L’année d’avant, deux milliards et cette année nous sommes dans les pourparlers pour proposer cinq milliards. Pour les médias publics, dont l’Etat a la charge, l’Etat paie des milliards par an. Je suis au regret de vous dire par contre que les médias privés ne paient aucun droit depuis leur libéralisation ».

A la question de savoir ce qui est fait de ces montants payés par l’Etat, monsieur Bangoura répond : « nous avons environ quarante mille auteurs enregistrés, tous les droits leurs sont payés et les morts et les vivants, en ce qui concerne les œuvres enregistrées au BGDA. Nous avons un système de paiement qui permet d’enregistrer tous les auteurs et leurs œuvres. Comme ça, tout le monde se fait payer comme ça doit ».

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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