Afrique de l’Ouest et du Centre : les conflits et le Covid-19 menacent des millions de personnes déplacées (HCR)

L’humanité fait actuellement face à une redoutable pandémie du COVID-19. Cette maladie du nouveau coronavirus a bouleversé les habitudes sociales, éprouvé les systèmes de santé et semé des cadavres un peu partout à travers le monde. Depuis son apparition à Wuhan (en Chine) vers la fin du mois de décembre 2019, le COVID-19 a officiellement infecté plus de 2 363 210 personnes et a causé au moins 164 016 décès dans 193 pays et territoires sur la planète.

En Afrique où on compte déjà plus de 21 000 cas confirmés de COVID-19 dont 1055 décès, la pandémie due au nouveau coronavirus, combinée aux conflits armés, fait redouter une catastrophe humanitaire. Et, selon l’agence des nations unies pour les réfugiés (HCR), cette catastrophe pourrait impliquer plus de neuf millions de « personnes déplacées de force » en Afrique de l’ouest et du centre.

En effet, dans ces régions déjà confrontée à l’une des plus grandes crises humanitaires au monde (déplacement massif des populations), la pandémie du COVID-19 a exacerbé les défis. Car, en plus d’avoir ajouté une pression accrue sur les systèmes de santé fragiles et les économies faibles, cette pandémie a entraîné des restrictions (fermeture des frontières, état d’urgence, couvre-feu, distanciation sociale…). Ces restrictions ne visent pas spécifiquement les réfugiés et les demandeurs d’asile ; mais, le HCR redoute les conséquences de telles mesures pour les personnes ayant besoin d’une protection internationale dans ces deux régions du continent.

Pour l’instant, aucun cas de coronavirus n’a été signalé parmi les personnes déplacées. « Toutefois, l’absence d’efforts concertés et coordonnés pour prévenir une épidémie pourrait conduire à une catastrophe humanitaire avec une forte augmentation du nombre de personnes touchées », a mis en garde Babar Baloch, le porte-parole du HCR, lors d’une conférence de presse virtuelle en début de weekend dernier à Genève.

Avec la fermeture des frontières, le HCR estime que plusieurs personnes déplacées à cause des conflits dans leurs pays pourraient être renvoyées dans des zones où règnent le danger. L’agence onusienne redoute notamment que les mouvements potentiels de maliens, nigérians, nigériens, camerounais et soudanais cherchant une protection internationale ne soient entravés.

Sur le terrain, la situation est quand même préoccupante. Car, outre la sécurité précaire (en particulier dans le Sahel et le bassin du lac Tchad), les restrictions imposées par le Covid-19 entravent les efforts humanitaires visant à soutenir et à aider les personnes dans le besoin.

Au Burkina Faso par exemple, les réfugiés maliens ont quitté leur camp de Goudoubo pour fuir les attaques des groupes armés. Certains se sont réfugiés dans les sites surpeuplés initialement réservés aux déplacés internes. Le HCR dit ignorer où se trouvent les autres.

Au Niger, l’accès humanitaire, déjà limité dans les régions du nord de Tahoua, de Tillabery et de Diffa en raison de la violence croissante, est maintenant encore plus restreint à cause de la pandémie.

En République centrafricaine, le personnel du HCR indique que dans certaines localités, des groupes armés forcent les déplacés internes à retourner dans leur lieu d’origine, leur reprochant la propagation potentielle du Covid-19.

Pour rappel, l’Afrique de l’Ouest et du Centre compte l’une des plus importantes populations déplacées en Afrique, avec quelque 5,6 millions de déplacés internes, 1,3 million de réfugiés, 1,4 million de rapatriés et 1,6 million d’apatrides. Et, dans la région du Sahel (en Afrique de l’Ouest), les conflits armés et les attaques contre les civils ont déplacé près de 3 millions de personnes, dont près d’un million depuis janvier 2019. Et, selon le HCR, plus de 5 millions de personnes sont maintenant confrontées à des pénuries alimentaires dans cette partie du continent.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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