Déportation d’opposants à Soronkoni : « le RPG est en train de se créer beaucoup d’ennemis… »

Jacques Gbonimy, président du parti UPG
Jacques Gbonimy, président du parti UPG

L’arrestation et la déportation vers le camp de Soronkoni, dans la préfecture de Kankan, d’une quarantaine d’opposants au 3ème mandat pour le président Alpha Condé entraîne de vives réactions au sein de l’opinion. Opposants et activistes des Droits de l’Homme dénoncent de graves violations et invitent le pouvoir à revoir la situation. Joint au téléphone par un reporter de Guinematin.com ce vendredi, 1er mai 2020, Jacques Gbonimy, président de l’Union pour le Progrès de la Guinée (UPG), dénonce ces arrestations et la détention des opposants dans un camp militaire.

Ces dernières 24 heures, au moins 42 opposants au 3ème mandat pour le président Alpha Condé, arrêtées dans la ville de N’Zérékoré et à Conakry, ont été déportés vers le camp militaire de Soronkoni, dans la région de Kankan. Cela fait suite aux affrontements meurtriers entre opposants et partisans du pouvoir le jour et au lendemain des élections législatives couplées au référendum du 22 mars dernier. Des affrontements qui ont entrainé plusieurs morts ainsi que la destruction de plusieurs édifices et d’autres biens.

Face à ces multiples agissements du régime Alpha Condé, le président de l’UPG, Jaques Gbonimy, s’interroge sur les intentions réelles du pouvoir d’Alpha Condé. « Il y a eu beaucoup d’arrestations, généralement d’un seul camp parce que c’est un groupe plus ou moins monocolore qui subit. Aujourd’hui, certains ont été arrêtés à Conakry, comme c’est le cas de monsieur Cécé Loua qui est un des responsables du FNDC à N’Zérékoré. Le questionnement qu’on se fait est de savoir pourquoi on les transfert tous vers Soronkoni alors qu’ils ont été arrêtés à N’Zérékoré et à Conakry ? Autre inquiétude, est-ce qu’en les transférant de cette manière, le gouvernement a pensé à la pandémie actuelle. Pendant qu’on dit qu’il n’y a pas de regroupement de plus de 20 personnes, on transporte un lot de 40 et quelques prisonniers dans deux camions où ils sont entassés pour les envoyer dans le camp militaire de Soronkoni qui, d’ailleurs n’est pas un lieu de détention. »

D’ailleurs, Jaques Gbonimy parle plutôt de kidnapping d’opposants parce que selon lui, ces arrestations n’obéissent à aucune règle ou principe. « C’est plutôt un kidnapping qui se fait partout et c’est un réel problème pour nous. Cela prouve que notre pays n’est plus un Etat de droit parce que la sécurité des personnes et de leurs biens n’est pas assurée par le gouvernement. En plus, la présence de ces personnes dans ce camp nous pose également des inquiétudes parce que les avocats n’ont plus accès à eux à cause de la distance. Soronkoni n’est pas un lieu de détention. C’est un camp militaire. Est-ce qu’un avocat pourra se déplacer pour aller voir son client dans un camp militaire ? C’est compliqué », lance-t-il.

Pour Jacques Gbonimy, le RPG est entrain de faire le forcing tout en se créant des ennemis à travers le pays. « Les gens qui pourront être leurs alliés demain ; aujourd’hui, c’est eux qu’ils fatiguent. Peut-être ils pensent que par le forcing, ils peuvent toujours garder le pouvoir. Le pouvoir ne se garde pas dans le forcing. Ça se garde dans la négociation et dans la collaboration. Mais aujourd’hui, le RPG est en train de se créer beaucoup d’ennemis et ça risque d’avoir des répercutions négatives sur les élections à venir. Si c’est aussi pour que les gens qui ont toujours été leurs alliés à N’zérékoré aient peur pour ne pas qu’il y ait des velléités comme on a constaté le 22 mars dernier, le RPG se trompe toujours parce que les gens qu’ils sont en train de déporter, c’est des ennemis qu’ils sont en train de créer dans leurs familles ».

Enfin, le leader de l’UPG demande la libération des détenus et l’orientation des efforts vers la lutte contre le Covid-19. « Il faut que ces personnes soient libérées et qu’on pense plutôt à la pandémie en cours qu’à des calculs politiques pour garder le pouvoir en fin 2020, parce qu’on ne peut gérer un pays que s’il n’est pas en crise. Mais, notre pays est déjà dans deux crises majeures : une crise politique et une crise sanitaire ».

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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