COVID-19 à la maison centrale de Conakry : « je supplie l’autorité compétente de libérer certains prisonniers »

Depuis l’apparition de la pandémie du nouveau coronavirus en Guinée, des voix se font entendre pour demander une « décongestion » des prisons du pays. Ces personnes et organisations de défense de droits humains – qui redoutent une propagation du COVID19 en milieu carcéral – demandent la libération des prisonniers qui ne présentent aucun risque au sein de la société. Et, depuis quelques jours, avec les cas de morts et la cinquantaine de prisonniers testés positifs au COVID-19 enregistrés à la maison centrale de Conakry, les inquiétudes sont grandissantes. Les avocats de certains détenus « supplient » les autorités pour la libération de leurs clients, en attendant la fin de cette épidémie dans le pays.

Joint au téléphone par un reporter de Guineematin.com, Me Salifou Béavogui a demandé pardon à « l’autorité compétente en la matière » pour la libération certains prisonniers, afin d’éviter la propagation du COVID-19 en milieu carcéral.

Maître Salif Béavogui, avocat

« Tout ce que je souhaite, c’est que les hautes autorités de notre pays acceptent, ne serait-ce que sanitairement et humainement, que nos clients soient libérés. Parce que si déjà, comme on l’apprend à travers la presse, cette maladie a pénétré la maison centrale et qu’il y a des cas confirmés, je pense qu’il faut s’occuper du traitement des cas confirmés et essayer de libérer, de décongestionner, cette prison. La Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso… ont depuis longtemps procédé à des décongestionnements, à des libérations des personnes qui ne méritent pas d’être en prison. Et, dans ces pays, nous n’apprenons pas qu’il y a eu des cas confirmés de COVID-19 dans les prisons. C’est juste une mesure préventive qui a été mise en œuvre là-bas. Donc, en tant qu’avocat, je supplie, je demande pardon à l’autorité compétente en la matière dans notre pays, qu’elle accepte de libérer certains prisonniers pour éviter la propagation de ce virus dans le milieu carcéral. Parce que nous-mêmes d’abord qui sommes dehors, nous sommes inquiets, à plus forte raison ceux-là qui sont confinés, qui ne bénéficient pas de la distanciation sociale. Donc, je lance un appel aux plus hautes autorités de ce pays d’accepter humainement, socialement, que nos clients soient libérés ; ne serait-ce que le temps que cette maladie de coronavirus soit maîtrisée avant d’être éradiquée dans notre pays. Merci à l’ANSS (agence nationale de la sécurité sanitaire) qui est en train de faire un beau travail, merci à tous les médecins guinéens qui sont en première ligne dans le combat contre cette maladie ; mais, j’aurais souhaité que nos clients soient libérés », a dit Me Salifou Béavogui depuis Kankan où il séjourne actuellement dans le cadre du dossier des « déportés de N’zérékoré ».

A noter que la maison centrale de Conakry a environ 1 700 détenus. Et, parmi ces détenus, au moins deux sont récemment décès du COVID-19 ; et, 58 autres ont été positifs à cette maladie qui fait actuellement des ravages à travers le monde.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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