RDC : le procès de Vital Kamerhe et Cie renvoyé au 25 mai

Vital Kamerhe
Vital Kamerhe

Accusé de « détournement de fonds publics » portant sur quelques 50 millions de dollars, Vital Kamerhe, le directeur de cabinet de l’actuel chef de l’Etat congolais, était ce lundi, 11 mai 2020, devant un tribunal de Kinshasa. Comme prévu, son procès s’est ouvert au tribunal de grande instance de la Gombe. Et, au bout d’une heure et sans grande surprise, cette première audience a été renvoyée au 25 mai prochain pour « la poursuite de l’instruction », à la demande des avocats de la défense.

C’est un procès historique, un procès inédit… les qualificatifs ne manquent pas pour désigner cette première comparution, en République Démocratique du Congo, d’un directeur de cabinet de la présidence. Ceux qui ont jusque-là occupé ce poste dans ce pays ont toujours été des hommes effacés, très puissants, au point d’être intouchable. Mais, cette fois, comme dans un rêve, les congolais assistent au jugement d’un directeur de cabinet (en fonction) de la présidence de la République. Il s’agit du procès de Vital Kamerhe, principal allié du président Félix Tshisekedi.

Ce procès qui sonne comme un règlement de compte politique (pour certains) ou la fin de l’impunité (pour d’autres) a débuté ce lundi au tribunal de la Gombe à Kinshasa. Vital Kamerhe est poursuivi pour « détournement de fonds publics » portant sur quelques 50 millions dollars, un montant qui était alloué à la construction de 4 500 maisons préfabriquées dans le cadre du « programme des 100 jours » de l’actuel chef de l’Etat congolais. Et, dans cette affaire qui suscite beaucoup de commentaires dans le pays, Vital Kamerhe se trouve sur le box des accusés avec Samih Jammal (homme d’affaires libanais) et Jeannot Muhima (le responsable import-export de la présidence de la RDC).

A la barre, Vital Kamerhe a affirmé avoir intervenu dans cette affaire en tant que directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, tout en précisant qu’ils étaient neuf superviseurs de ce « programme de 100 jours ».

Interrogé sur son rôle dans ce programme, Vital Kamerhe a tout de suite dénoncé un piège. Tout en qualifiant de tendancieuses les questions du tribunal, le directeur de cabinet du chef de l’Etat congolais a laissé entendre « qu’on ne choisit que ce qui va créer la confusion » dans cette affaire. « Personne ne parle de la gratuité de l’enseignement primaire », a-t-il fait remarquer.

S’agissant de ses connaissances avec ses deux co-accusés, Vital Kamerhe a avoué connaitre Samih Jammal. Cependant, concernant Jeannot Muhima, le directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi a dit que c’est sa première fois de le rencontrer. « Muhima, je le connais de nom ; mais, c’est aujourd’hui que je le rencontre », a-t-il confié avant le renvoie de l’audience par le tribunal.

En effet, à la demande des avocats de la défense, cette audience a été renvoyée au 25 mai prochain pour la « poursuite de l’instruction ». Ces avocats ont notamment laissé entendre qu’ils n’ont pas eu accès à tous les éléments du dossier. Un argument qui a eu du mal à passer chez le ministère public. Le procureur audiencier a indiqué que « tous les dossiers étaient disponibles au greffe du tribunal ; et, qu’il revient donc à chaque partie à ce procès de se référer au greffe ».

Au sortir de l’audience, les avocats de la défense ont dit être confiants et prêts à démontrer à l’accusation qu’il ne s’agit nullement d’un détournement ou de surfacturation. « Tous les éléments en notre possession attestent effectivement que l’argent qui a été mis à notre disposition a été utilisé et continue d’être utilisé à bon escient », a lancé un des avocats à la presse.

En République de Guinée, jamais une personnalité de ce rang n’a été poursuivie dans un tribunal. Même quand des hauts fonctionnaires sont poursuivis et condamnés (comme Paul Moussa Diawara, ancien DG de l’OGP, Sékou Camara, ancien DG de l’OGC, et Cie), ils ont des moyens (l’ragent détourné) pour s’offrir la liberté et certains même reconquérir des postes encore juteux pour continuer à sucer les maigres économies du pays.

A noter que s’il est reconnu coupable dans cette affaire, Vital Kamerhe risque jusqu’à 20 ans de prison.

A suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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