Gaoual (Koumbia) : Boubacar Nyampiya Baldé, aventurier, raconte sa conversion en planteur

Boubacar Nyampiya Baldé, planteur
Boubacar Nyampiya Baldé, planteur

Boubacar Nyampiya Baldé, marié à deux épouses et père de cinq enfants, est un jeune planteur de 35 ans. Il vit dans son village de Nyampiya, relevant du district de Madina-Guilédji dans la commune rurale de Koumbia. Très tôt, ce jeune, est allé en aventure. De la Guinée Bissau au Congo Brazzaville, Baldé, a connu toutes les épreuves de l’aventure avant de se résoudre à rentrer au bercail, s’occuper de ses parents, fonder une famille et développer sa plantation de citronniers de près de 500 plants actuellement.

Un journaliste de Guineematin.com s’est récemment entretenu avec lui.

« J’étais là auprès de mes parents et je faisais les études. Je voulais chaque fois sortir aller passer les vacances ailleurs. Mais je butais au refus de mes parents à cause des travaux champêtres. C’est ainsi que je me suis caché d’eux pour aller en Guinée Bissau. Là, j’ai perdu l’école, je suis resté 14 ans et je me suis marié à ma première femme, du nom de Mariama Diallo, qui m’a fait deux enfants. Après cela, je suis rentré à Koumbia. De là, j’ai continué à Kolaboui puis, j’ai quitté le pays à l’idée d’aller en Angola. De la Guinée, je suis allé au Bénin, à Cotonou. Puis, je suis allé au Nigéria par la route. De là-bas, je suis revenu à Cotonou avant d’aller au Congo Bazzaville par vol. Arrivé au Congo, nous avons tenté de traverser à pied et à pirogue pour l’Angola. Nous sommes arrivés en Angola et tombés dans les mains des forces de sécurité qui nous ont mis dans la prison de Printa. Ils ont cherché à nous rapatrier après des scènes d’humiliation, de tortures, de privation et de mauvais traitements de toutes sortes. Ils ont fini par nous rapatrier. Mais moi, je parlais une langue locale du Congo Brazzaville. Je me suis fait passer pour un Congolais. Ils m’ont rapatrié dans ce pays. Pour une seconde fois, nous avons tenté d’arriver en Angola via la RD Congo. Là aussi, nous avons échoué. Nous avons été arrêtés et emprisonnés à nouveau… ».

C’est depuis cette prison que la vie de Boubacar Nyampiya Baldé, va basculer. Du statut de prisonnier, il devient rapidement un excellent planteur et un intelligent greffeur.

«De cette prison, un blanc venait nous prendre pour travailler dans sa ferme. Il y avait un peu de tout. Quand on vient, on travaille, c’était dans l’intérêt de l’état congolais et pas pour nous les prisonniers. Nous n’étions pas payés. Dans cette vaste ferme, moi j’ai choisi de m’intéresser aux orangers. Chez nous au village, à chaque fois que mon père plantait, il me demandait de venir poser le plant, estimant que j’avais plus de réussite que mes frères. C’est comme ça que le blanc a apprécié mes exploits dans la pose des plants d’orangers. Il m’a approché, il m’a sorti de prison et m’a appris le greffage et l’élagage des jeunes plants. Quelques temps, et vu mon talent, il m’a donné un domaine de 3 hectares. J’ai commencé à l’exploiter. Mais un jour, j’ai réfléchi et me suis dit : dans tout cela, je ne gagne rien au finish. Mon pays ne tire aucun bénéfice de moi, encore moins mes parents qui ont souffert pour m’élever. Donc, je rentre au bercail », a expliqué le jeune aventurier.

Boubacar Nyampiya Baldé, comprenant la nécessité de mettre fin à son aventure, s’est dit qu’après le décès de son papa, il a intérêt de rentrer au pays, aider sa maman à élever ses frères et sœurs, stabiliser son foyer, s’occuper de la famille et veiller sur les biens de celle-ci notamment les terres héritées.

« J’ai décidé de revenir et prendre mes responsabilités. Je suis revenu retrouver la famille et j’ai choisi de me lancer dans la plantation. J’ai développé une pépinière de plus de 4 mille pieds. Actuellement, je peux dire que je suis le leader à Gaoual dans la plantation du citronnier. Je fais le greffage, l’élagage et tout entretien nécessaire pour la pousse et la réussite d’une plantation. Je dispose actuellement de 150 citronnier qui ont commencé à produire et 300 autres de 2 à 3 ans. Ces derniers, dans un an ou deux, vont également commencer à donner… », s’est félicité le jeune planteur.

Déjà, avec sa nouvelle occupation, Boubacar Nyampiya Baldé, commence à se tirer d’affaire. en plus de la vente des jeunes plants, il est partout sollicité pour le greffage.

«Cette année, j’ai eu plus de 3 500 000 GNF en espèce pour la vente du jus de citron de ma plantation. Et chaque année, depuis au moins trois ans, avec ma pépinière, je gagne entre 5 et 7 millions GNF par saison. Avec ces revenus, j’ai l’espoir que ça va aller et je peux supporter plus facilement la famille et l’éducation des enfants », a-t-il révélé.

Toutefois, Boubacar Nyampiya Baldé a besoin d’appui conséquent des bonnes volontés, de l’Etat et de tout autre partenaire pour pérenniser ses activités, rendre la fierté aux jeunes qui croient à la terre, lutter contre l’immigration clandestine et surtout participer efficacement au combat pour le développement et la prospérité de sa localité et de son pays.

De retour de Koumbia, Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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