Migrant retourné, Mamadou Diallo raconte sa mésaventure : « j’ai subi plusieurs exactions… »

A l’occasion de la journée internationale des migrants, célébrée ce vendredi, 19 décembre 2020, un reporter de Guineematin.com est allé à la rencontre d’Elhadj Mamadou Diallo, le président de l’organisation guinéenne pour la lutte contre la migration irrégulière. Ce migrant retourné a raconté sa mésaventure avant de parler du combat qu’il mène actuellement contre l’immigration clandestine.

 

Il y a quelques années, Elhadj Mamadou Diallo n’avait qu’une seule idée en tête : traverser la méditerranée pour aller en Europe, qu’il considérait comme étant un eldorado. Pour tenter de réaliser son rêve, il quitte la Guinée en 2015 et s’engage dans une aventure qui tourne en cauchemar pour lui. Pendant deux ans, le jeune homme va mener une vie d’enfer en Afrique du Nord.

 

« Je suis sorti depuis 2015 et j’ai fait presque tout le Maghreb (le Maroc, l’Algérie et la Libye). J’ai subi plusieurs exactions infligées par les maghrébins : j’ai passé quatre mois en prison. Mais bien avant cela, j’ai été victime de plusieurs agressions verbales et physiques. Imaginez quand on insulte votre famille ou toute votre race parce que vous êtes noir. Donc il s’est passé un tas de choses qu’on ne peut pas tout raconter », confie notre interlocuteur.

 

En 2017, il est soulagé de rentrer dans son pays grâce au programme de retour volontaire des migrants, mis en œuvre pour l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Il s’engage dans l’entrepreneuriat social et met en place avec d’autres migrants retournés, l’organisation guinéenne pour la lutte contre la migration irrégulière.

 

« A notre retour en Guinée, en 2017, on a estimé que les jeunes partaient parce qu’ils n’ont pas d’information, ils partaient parce qu’on leur mentait. Donc notre objectif, c’est de faire ressortir cette face cachée de la migration. Parce que quand les jeunes partent en Europe, ils postent des photos comme pour faire croire que tout va bien chez eux alors que ce n’est pas le cas. Donc nous qui sommes partis, c’est comme si nous avons une responsabilité d’informer les autres. Car nous, c’est quand on est rentrés qu’on a senti qu’on avait laissé du trésor en Guinée qu’on pouvait exploiter. D’où la mise en place de cette association pour éviter que d’autres jeunes de notre âge continuent à prendre le risque que nous nous avons pris », a-t-il expliqué.

 

Aujourd’hui, Elhadj Mamadou Diallo se dit heureux. Non seulement il parvient à gagner paisiblement sa vie, mais aussi il contribue à aider d’autres jeunes guinéens à ne pas subir le même sort que sur le chemin de l’Europe. Pour lui, son association est en train peu à peu d’atteindre son objectif. « Parce qu’à date, nous informons, sensibilisons et coachons les jeunes qui reviennent, nous leur expliquons les opportunités que OIM et d’autres partenaires leur offrent pour leur réinsertion.

 

Ceux qui veulent partir aussi, nous les encourageons à passer par la voie légale. Nous sommes accompagnés par nos partenaires comme l’OIM et nous travaillons avec certaines structures étatiques qui, bien qu’elles ne mettent pas des moyens à notre disposition, nous accompagnent techniquement. Ce que nous faisons, c’est du bénévolat mais on parvient à s’en sortir », indique le président de l’organisation guinéenne pour la lutte contre la migration irrégulière.

 

Mais, pour une plus grande efficacité de ce combat, il souhaite une plus grande implication de l’Etat. « Je demande à l’État et aux institutions de venir en aide aux jeunes dans le financement de leurs projets. Parce que quand vous entendez aujourd’hui qu’il y a la migration, c’est parce qu’il n’y a pas de travail dans le pays. L’État doit encore se battre pour la réinsertion des jeunes migrants qui reviennent. Parce qu’il y a certains qui ne reviennent pas au compte de l’OIM, donc ils ne sont pas pris en compte par l’institution. Pourtant, ces jeunes reviennent avec des potentialités à exploiter pour le développement de la Guinée », a dit Elhadj Mamadou Diallo.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

Facebook Comments Box