Manifestation à Mandiana : les employés de la société ENCORES réclament de meilleures conditions

Après plus d’une année de travail dans conditions misérables, les travailleurs de la société ENCORES-Guinée en charge de la construction de l’usine de traitement d’or de la SMM (Société Minière de Mandiana) sont en colère. Ce mercredi 10 mars 2021, ils ont pris d’assaut le site de construction de l’usine pour protester et exiger de leur employeur de meilleures conditions de vie et de travail. Leur plate-forme revendicative s’articule autour de cinq points dont notamment le payement des heures supplémentaires et la prise en charge de l’assurance maladie, a appris le correspondant de Guineematin.com dans la préfecture de Mandiana.

Cette manifestation des travailleurs de la société ENCORES-Guinée est visiblement le résultat de plusieurs mois de frustration. Car, depuis le début des travaux de construction de cette usine de la SMM, ces employés travaillent 10 heures par jours. Mais, ils ne bénéficient d’aucune prise en charge médicale et ils ne sont pas enregistrés à la caisse nationale de la sécurité sociale. Et, en plus de cela, ils ne reçoivent aucun sou pour les heures supplémentaires qu’ils font chaque jour sur ce site de construction. Cependant, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le fait que le responsable de la société ENCORES-Guinée a immobilisé ce mercredi le bus de transport des travailleurs. Ces derniers ont marché 7 kilomètres pour rejoindre le site de construction. Et, ils n’ont pas pu contenir leur colère.

« Depuis le mois de décembre, on a informé l’autorité sur préavis de grève. Et, cette fois-ci encore, nous avons fait 17 lettres de préavis de grève adressées à toutes les autorités (inspecteur Régional, préfet, maires, sous-préfet) et la jeunesse des localités proches. Mais, aucune réponse, sauf le lundi 08 mars, le jour où on devrait manifester, on a reçu l’inspecteur régional du travail qui nous a fait assoir avec les responsables d’ENCORES pour un terrain d’entente. Mais, rien n’a été arrêté. Car, sur les 10 heures de travail par jour que la société dit que c’est conventionnel, moi je dis que rien n’a été conventionnel ; parce que ça ne figure pas dans un contrat.

Malgré tout, nous avons préféré attendre l’arrivée du directeur général de la société SMM. Mais, à notre fort étonnement, ce mercredi matin, quand on s’est présenté à la gare pour prendre le bus pour partir travailler, on n’a pas vu le bus. Et, on apprend que le responsable d’ENCORES a bloqué le bus. C’est ce qui a mis les gens en colère, nous avons marché 7 kilomètres, de la base au site de construction. C’est ce qui s’est transformé en manifestation pacifique à la rentrée du site de construction », a expliqué Oumar Traoré, le porte-parole des travailleurs.

Désormais sur le pied de guerre, les travailleurs d’ENCORES-Guinée brandissent une plate-forme revendicative qui s’articule autour de cinq points. Et, ils promettent de manifester jusqu’à la satisfaction de leurs exigences. « Dans notre réclamation, il y a cinq points. Le premier, c’est le paiement des heures supplémentaires ; car, on a toujours travaillé 10 heures par jour au lieu de 8 heures. Ensuite, il y a l’enregistrement des travailleurs à la caisse nationale de la sécurité sociale. Car, il y a des travailleurs qui ont fait plus de 5 mois de travail sans être inscrits à la CNSS ; et pourtant, chaque fin de mois, on soutire plus de 300 mille francs des salaires pour cette caisse nationale de sécurité sociale. Nous dénonçons aussi le non octroi de nouveaux contrats après le contrat d’essai de 3 mois.

Car, depuis la fin du contrat de 3 mois qui n’était même pas légitime, parce que ça n’a pas été signé par AGUIP, personne n’a eu d’autre contrat. Nous voulons aussi le respect des récolements des fins de contrat. Et enfin, la prise en charge de l’assurance maladie, prévue et payée par SENET qui a passé le contrat à ENCORES Guinée. SENET qui a donné le contrat à ENCORES nous payait chaque fin de mois les frais de prise en charge médicale ; mais, on ne nous donne pas ça aujourd’hui. Pour le moment, nous n’avons rien arrêté avec quiconque. Mais, demain nous allons reprendre les manifestations avant de rencontrer le préfet de Mandiana avec lequel nous avons un rendez-vous à Mandiana », a indiqué Oumar Traoré.

Cependant, selon des informations confiées à Guineematin.com, le problème entre les employés et les responsables de la société ENCORES-Guinée est plus complexe qu’il parait. Car, ENCORES-Guinée ne sous-traite pas directement à la société la société mère, SMM (société minière de Mandiana), pour laquelle elle a recruté des travailleurs pour la construction de cette usine de traitement d’or de Loïla, un district de la commune rurale Koundian (une localité située à 25 kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Mandiana). Et, à en croire l’inspecteur régional du travail de la région de Kankan, Faya Camara, la crise actuelle ne saurait être désamorcée à l’insu du directeur général de la SMM.

« Je vous dis que c’est un dossier très compliqué ; car, c’est la société minière de Mandiana (qui est la société mère) qui a sous-traité le contrat avec une société sud-africaine (SENET). Et, à son tour, cette société a sous-traité avec une nationale (ENCORES-Guinée). Selon le contrat entre SENET et ENCORES-Guinée, c’est un contrat de construction réparti sur les heures de travail. Donc, il faut que chaque employé travaille 10 heures par jour. Ce qui donne 260 heures par mois, au lieu de 8 heures par jour et donc 160 heures par mois. Et, avec un salaire de main-d’œuvre de 2 600 000 francs, les ouvriers simples 2 850 000 francs, les ouvriers spécialisés 4 200 000 francs et les superviseurs 4 100 000 francs.

Mais, c’est après plus d’une année de travail que ces travailleurs se sont rendu compte qu’ils ne doivent travailler que 8 heures par jour ; et qu’au-delà, ça devient des heures supplémentaires. Mais, au-delà du code de travail en Guinée qui est général, il y a aussi des règlements intérieurs des sociétés et des conventions qui sont aussi des lois reconnues en Guinée. Le problème est que, premièrement, le contrat de la société ne reste que 2 mois ; et, deuxième les 10 heures de travail sont conventionnelles entre eux. Mais, de tout compte fait, on attend tous le directeur général de la SMM pour résoudre ce problème », a confié Faya Camara.

A noter qu’une délégation des travailleurs en grogne de la société ENCORES-Guinée est attendue ce jeudi 11 mars à Mandiana pour rencontrer le préfet Mohamed Lamine Doumbouya.

De Mandiana, Mamady Konoma Keïta pour Guineematin.com
Tel : 625 81 03 26

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