Dadis et Konaté autorisés à venir en Guinée : Bah Oury applaudit cette décision du CNRD

Comme annoncé précédemment, les autorités de la Transition ont donné leur feu vert pour que le commandant à la retraite Moussa Dadis Camara et le général d’armée à la retraite Sékouba Konaté puissent effectuer des visites en Guinée. Les deux responsables du CNDD (la junte militaire qui a pris le pouvoir à la mort du président Lansana Conté) ont dirigé la Guinée, l’un en 2009 et l’autre en 2010, avant d’aller en exil respectivement au Burkina Faso et en France.

Dans un communiqué publié hier soir à la télévision nationale, le CNRD (la junte militaire qui a renversé le président Alpha Condé) a annoncé avoir accepté leurs demandes d’effectuer des visites en Guinée. Une décision bien accueillie par Bah Oury, interrogé sur le sujet par Guineematin.com, ce mercredi 1er décembre 2021. Le président de l’Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (UDRG) estime que cela va soulager les deux anciens chefs d’Etat guinéens, qui souffraient du fait qu’ils ne pouvaient venir dans leur pays.

Bah Oury, président de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée (UDRG)

« Vous savez, celui qui n’a jamais été privé de liberté ne peut pas connaître la valeur de la liberté. Celui qui n’a jamais souffert de la faim ne peut jamais connaître la valeur de la nourriture. Personnellement, j’ai été exilé pendant 5 ans, j’ai souffert de la solitude et de l’absence du pays natal. Donc, je comprends parfaitement la souffrance légitime aussi bien du capitaine Moussa Dadis Camara et du général Sékouba Konaté de se sentir obligés de vivre loin de chez eux, loin des leurs, loin de ceux et de celles qui les aiment. Donc, s’il y a une opportunité aujourd’hui qui est donnée pour leur permettre de renouer avec la terre natale, je ne peux que m’en réjouir », a réagi l’ancien ministre de la réconciliation nationale.

Moussa Dadis Camara est l’un des ceux qui sont inculpés dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009. C’est pourquoi, certains estiment que sa venue en Guinée pourrait permettre d’accélérer les choses pour que le procès, attendu depuis 12 ans, puisse enfin s’ouvrir. Mais, le président de l’UDRG, lui, souhaite que ce procès ne soit pas ouvert dans la précipitation, sans le travail préalable nécessaire. « La gestion du dossier de la tragédie du 28 septembre à mon avis ne doit pas souffrir d’une certaine forme de précipitation. C’est un dossier d’une certaine sensibilité. Et il faut la forme et la méthodologie au préalable avant d’engager des actions tout azimut qui, en se télescopant, peuvent créer des difficultés.

C’est pour cela que je suis un peu étonné qu’on dise qu’au mois de mars prochain, on sera en mesure de juger la tragédie du 28 septembre 2009. En tant que président de la commission d’organisation de la manifestation (du 28 septembre 2009), je souhaite que ce jugement se fasse de la manière la plus professionnelle, la plus conforme aux droits de tous les prévenus et la nécessité absolue de faire en sorte que ce soit un acte symbolique pénal qui conforte la stabilité actuelle et future de la Guinée dans une dynamique de réparation, de repentance et de non répétition de ce genre de tragédie. C’est mon souhait.

Mon inquiétude ne se situe ni au niveau du capitaine Moussa Dadis Camara, ni du général Sékouba Konaté. Elle se situe au niveau de la qualité du travail judiciaire qui a été fait. Comme vous le savez, les magistrats ont dit que l’appareil judiciaire a été complètement politisé. Donc, ça leur enlève dans une certaine mesure une capacité de neutralité et d’objectivité indispensable pour gérer ou juger une affaire aussi complexe que celle-là. Donc, est-ce que notre appareil judiciaire est en mesure d’accueillir et d’organiser un procès juste et équitable ?

Et si ce n’est pas le cas, il faut d’ores et déjà envisager la possibilité d’avoir une coopération judiciaire forte avec certains partenaires, soit africains soit internationaux pour nous permettre d’avoir des magistrats qui pourraient même ne pas être de nationalité guinéenne pour nous permettre d’avoir quelque chose qui puisse nous permettre de réconcilier et de ressouder le tissu national et de faire en sorte qu’aucun dirigeant qui parle au nom de la Guinée ne soit en mesure d’ordonner, de protéger ou de tolérer des actes susceptibles de mettre la vie de plusieurs personnes en cause sur le territoire national pour des intérêts politiciens », a dit Bah Oury.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel: 626-66-29-27

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