Conflit autour d’une maison à Yattaya : une mère et sa fille condamnées par le TPI de Dixinn

Après dix jours de détention à la maison centrale de Conakry pour « rébellion et destruction de biens privés » au préjudice de Hadja Mayeni Camara, Mariame Sylla et sa fille Aminata Camara ont comparu lundi dernier, 21 février 2022, devant le tribunal correctionnel de Dixinn. Elles ont plaidé non coupables des charges articulées à leur encontre devant cette juridiction de première instance. Mais, au terme des débats, le tribunal les a condamnées à des peines assorties de sursis et au paiement de dix millions (10 000 000) de francs guinéens à la partie civile, rapporte un journaliste que Guineematin.com avait dépêché sur place.

Selon l’accusation, ces deux prévenues se sont farouchement opposées à l’exécution d’une décision de justice. Elles ont notamment mobilisé et incité les jeunes du quartier Yattaya (dans la commune de Ratoma) à démolir sans autorisation préalable le bâtiment de Hadja  Mayeni Camara. Et, c’est pourquoi elles ont été arrêtées, placées sous mandat de dépôt et conduites à la maison centrale de Conakry le 11 février dernier.

A l’ouverture de leur procès ce lundi devant le tribunal correctionnel de Dixinn, Mariame Sylla et sa fille Aminata Camara, toutes poursuivies pour « rébellion et destruction de biens privés », ont réfuté les faits articulés contre à leur encontre.

« Je suis la femme du jeune frère de la plaignante, Hadja Mayeni Camara. Nous habitons côte à côte. J’ai vécu avec mon mari sur cet endroit pendant plus de 22 ans. Mon mari m’a toujours dit que la maison que nous occupons est pour lui. C’était même une maison inachevée. Après son décès, j’ai mis la peinture et les plafonds. C’est ainsi que sa sœur, Hadja Mayeni Camara, est venue me dire de quitter les lieux ; parce que la maison lui appartient. J’ai dit : « non ! » Elle n’a jamais dit ça pendant que mon mari vivait. Et, mon mari m’a toujours dit que c’est pour lui. C’est ainsi qu’un jour, pendant qu’on dormait, les agents sont venus avec un huissier de justice à 4 heures du matin pour enlever la toiture, les portes, l’armoire, en disant qu’ils sont en train d’exécuter une décision de justice. Ils nous ont tous embarqués dans un pick-up pour nous envoyer à la gendarmerie. Ils nous ont expulsés de la maison, mais on n’a pas résisté contre eux…. Donc, si la maison de Hadja Mayeni Camara est démolie, nous n’avons pas participé à ça. Ce sont les agents qui étaient venus avec l’huissier qui ont détruit la maison où loge  Hadja Mayeni Camara. Ce n’est pas nous qui avons détruit sa maison », a expliqué madame Mariame Sylla.

Elle a été suivie par sa fille Aminata Camara qui a narré la même version au tribunal. Alors que, de son côté, la plaignante, Hadja Mayeni Camara, a soutenu mordicus que ce sont les deux qui ont demandé aux jeunes de venir détruire sa maison.

« Les deux (Mariame Sylla et sa fille Aminata Camara) étaient présentes. Quand l’exécution de la décision de justice a eu lieu, elles ont mobilisé les gens pour venir détruire ma maison. C’est elles qui ont incité les jeunes du quartier à venir détruire mon domicile. Elle (Mariame Sylla) a dit que ma maison aussi sera détruite à plat. Et, elle a fait ça. Parce que je n’ai rien pu sortir de la maison. Ils ont tout détruit », a accusé Hadja Mayeni Camara.

Dans ses plaidoiries, Babaen Camara, le conseil de la partie civile, a demandé au tribunal de condamner les prévenues au paiement de deux milliards cinq millions (2 500 000 000) de francs guinéens pour tous préjudices confondus.

De son côté, le ministère public a requis 2 ans de prison assortie de sursis et cinq millions (5 000 000) de francs guinéens contre chacune des prévenues. Et, une interdiction d’accéder à ces lieux (chez Hadja Mayeni).

Quant à la défense, elle a plaidé le renvoi de Mariame Sylla et sa fille Aminata Camara des fins de la poursuite.

Finalement, le tribunal a reconnu les prévenues coupables des faits de rébellion. Il a condamné Mariama Sylla à 6 mois de prison assortie de sursis et Aminata Camara à 3 mois de prison assortie de sursis. Le tribunal a également condamné ces deux prévenues à payer solidairement dix millions de francs guinéens (10 000 000 GNF) à la partie civile.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620 589 527/664 413 227

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